L’influence du démon dans l’histoire de l’Église

Le démon a beaucoup influencé l’histoire de l’Église, au point qu’il est arrivé à se faire oublier, au point que l’Église elle-même ne le combat plus, et pire que certains prêtres ne croient plus en lui. Ce qui a engendré beaucoup de catastrophes. Voyons cela en détail.

 

 

Pendant la vie du Christ

L’Évangile nous parle d’une manière claire et précise de la lutte de Jésus-Christ et du démon. La vie publique de Jésus commence avec la tentation au désert.

Durant sa vie sur terre, Jésus a délivré de nombreuses personnes possédées du démon. Il est le premier exorciste. Ce pouvoir qu’a Jésus de vaincre les démons, de les repousser, est fortement souligné dans les Évangiles et est reconnu par les démons eux-mêmes. Comme l’affirme Jean, le Christ est venu « pour détruire les œuvres de Satan » (Jean 3,8). Jésus dit lui-même être venu pour détruire le règne du démon et instaurer le Règne de dieu (Luc 11,20).

Le diable, « prince de ce monde » (Jean 14,30) comme l’appelle le Christ ou, « dieu de ce monde » (Corinthiens 4,4) comme l’appelle Jean, était le fort qui se sentait sûr de sa domination. Or, Jésus lui enleva sa domination en rétablissement la Vérité. Dès lors, tous ceux qui ont la foi au Christ se libèrent de l’oppression satanique et sont sauvés. L’importance de ce fait, de cette victoire, est fondamentale pour comprendre l’œuvre de la Rédemption.

Jésus nous a donné un enseignement précis en ce qui concerne le démon. Il a mis en lumière l’action de Satan contre Dieu, il a libéré les possédés, faisant ainsi clairement la distinction entre la délivrance proprement dite et la guérison des malades.

Jésus a donné ce pouvoir aux Apôtres puis à tous ceux qui croient en lui, étendant ainsi largement le pouvoir de faire le bien et que seul un aveuglement contemporain ne comprend pas et tente de nier.

Les Apôtres ont continué à chasser le Malin après la Résurrection du Christ et ils en parlent dans les Évangiles : « Résistez à Satan et il vous fuira « (Jacques 4,7), « celui qui est issu de Dieu de pèche pas et Dieu le protège de façon à ce que le Malin ne le touche pas. » (Jean 5,18), « Notre bataille ne consiste pas à lutter contre les créatures faites de chair et de sang, mais contre les princes, les puissances, les dominateurs de ce monde obscur, contre les esprits malins des régions célestes. » (Éphésiens 6,12)

La Bible parle du démon plus de 1 000 fois et le Nouveau Testament compte 568 références au démon. Celui qui ne croit pas au démon ne comprend pas l’œuvre du Christ et trompe les fidèles. Les Apôtres ont réalisé des exorcismes et leurs successeurs, les évêques, y croient-ils ? Parfois j’en doute et c’est ce qui fait que le monde va mal aujourd’hui, car les seuls qui peuvent lutter contre le démon ne croient pas en lui.

 

Au cours des trois premiers siècles

Lors de la construction de l’Église chrétienne, tous les chrétiens pouvaient exorciser, pouvaient exercer le pouvoir reçu du Christ et qu’ils ont toujours, pouvaient chasser le démon au nom du Christ.

Les exorcismes avaient une grande valeur apologétique, ce qui conduisait les païens possédés à s’adresser aux chrétiens pour obtenir la délivrance.

Tertullien et Justin confirment par des écrits l’efficacité avec laquelle les chrétiens délivraient du démon d’autres chrétiens ou des païens. À cette époque, on croyait à la virulence de Satan et donc aux influences maléfiques et c’est cette croyance qui permettait d’être sauvé.

Le pape Paul VI nous dit que « Ce n’est pas étonnant alors, si notre société régresse du niveau d’une authentique humanité, au fur et à mesure qu’elle avance dans une pseudo-maturité morale, vers une indifférence, à un refus de voir la différence entre le bien et le mal. L’Écriture nous avertit durement que le monde (allant vers la décadence que nous observons) gît sous le pouvoir du Malin. » Et il a raison !

Ces réflexions prennent tout leur sens lorsque nous voyons le monde aujourd’hui qui est bien sous la domination de Satan. Avant, le pouvoir apologétique des exorcismes attirait les païens vers les chrétiens. Aujourd’hui, nous sommes dans la situation contraire : les chrétiens ne trouvent plus aucune compréhension ni aucune aide au sein de l’Église et ils s’adressent aux mages, à d’autres religions, aux sectes…

Revenons à la période qui nous intéresse. Irénée nous dit que l’invocation seule du nom de Jésus-Christ suffit à chasser Satan des hommes. Celsius nous dit que la force de l’exorcisme repose sur le nom de Jésus. Origène ajoute et affirme qu’au nom de Jésus, on peut chasser les démons des personnes, mais aussi des choses, des lieux, des animaux.

La pratique de l’exorcisme s’est développée, et depuis les premiers temps, dans deux directions différentes : la délivrance des possédés et le rite du baptême. Malheureusement, lors de la dernière réforme liturgique, et probablement pour ne pas effrayer les fidèles, l’exorcisme baptismal, surtout des petits enfants, a été réduit. Le baptême perd ainsi sa fonction d’exorcisme.

Les premiers chrétiens étaient convaincus que le paganisme était l’œuvre du démon. Ils y voyaient une contrefaçon de la vraie religion, contrefaçon opérée par le démon. D’où la nécessité de l’exorcisme sur chaque individu et sur le monde social, pour que la domination du démon passe à la domination de Dieu.

 

Du IIIe au VIe siècle

C’est une période de grandes évolutions pour l’Église et pour la pratique de l’exorcisme. De grands évènements historiques, comme les victoires de Constantin et de Théodore, peuvent faire penser que le paganisme a été détruit par le christianisme. Mais, les invasions barbares sont interprétées comme l’avènement d’un nouveau paganisme ayant aussi besoin d’être exorcisé. Ce fut le début de grandes figures, comme saint Martin de Tours, qui fut un grand exorciste et qui fit convertir beaucoup de barbares.

Le début du monachisme donna beaucoup d’élan à l’exorcisme. Les premiers moines, Antoine, Pacôme, Hilarion, se retirèrent dans le désert pour combattre le démon. Le but principal des premiers moines était de lutter contre le démon, de délivrer l’humanité de ses assauts. Ce sont des combattants de première ligne. Cette mentalité a été clairement exprimée dans les œuvres relatant l’activité des premiers moines. Je pense, notamment, au manuscrit « La Vie de saint Antoine » écrit par saint Athanase.

Une idée commençait alors à poindre : même si tous les chrétiens pouvaient chasser le démon, ceux qui se consacraient à la prière et au jeûne l’emportaient dans cette œuvre. En réalité, cette idée est profondément satanique, car elle va engendrer une division, et elle ne prend pas en compte la foi. En effet, seul celui qui a la foi peut chasser le démon, et la foi comporte une dimension de dialogue constant avec Dieu. Le jeûne dont il est question ici, est le jeûne des péchés. Dieu ne veut pas que l’on prive son corps des bienfaits de la nourriture, au contraire, il nous demande de jouir de la Création, car la Création est bonne. Pourquoi s’affamer ? Encore une fois, les théologiens ont expliquer la Parole de Dieu d’une manière humaine, sans en rechercher le sens spirituel. Jésus, lorsqu’il dit que seul le jeûne peut chasser un type particulier de démon (Matthieu 17:21), l’homme comprend que seul la privation de nourriture peut chasser le démon. Or, cela est faux. Ce jeûne dont parle Jésus est celui des péchés. Finalement, Jésus-Christ nous dit clairement que seule une purification complète des péchés permet de chasser le démon. Ce qui relève du bon sens, car le démon nous connaît, et s’il voit une faille en nous, il nous attaquera par cette faille. Il faut, lorsque l’on est devant le démon, se tenir ferme dans la foi. Finalement, celui qui se prive de nourriture commet un péché, puisqu’il ne profite pas de la Création, et donc, est contraire à la Loi de Dieu. Cette vérité demande un article entier pour être expliquée et comprise. Cela n’est pas le propos de cet article. 

Aux environs de l’an 300, pendant la dernière persécution de Dioclétien, nous trouvons les témoignages étroitement liés de chrétiens héroïques et de la lutte contre le démon. À Rome, parmi les derniers martyrs, se distinguent Marcellin et Pierre. Pierre est le plus ancien exorciste martyrisé que nous connaissons. On pense que c’est lui qui insuffla l’idée de moine-exorciste.

À la même époque, les faux exorcistes, les escrocs se multipliaient et il fallait s’en défendre. C’est ainsi que dans les premières dispositions canoniques de l’Église occidentale, lors du Synode romain, le pape Sylvestre nomme les exorcistes dans les ordres mineurs. C’est aussi dû au droit romain qui veut tout régulariser. De cette façon, les exorcistes sont insérés dans le sacrement de l’Ordre. Par la suite, cette coutume sera abolie par l’Église anglicane, vers 1550, et par l’Église catholique, avec le Vatican II. L’homme a besoin de tout hiérarchiser, de tout contrôler. 

L’Église orientale s’oppose à la bureaucratisation de l’exorcisme, car elle le considère comme un charisme, une capacité qu’a chaque fidèle, homme ou femme, à repousser le démon. Cette règle s’applique aujourd’hui encore : l’exorciste est celui qui a le charisme. L’exorciste est donc celui qui a la foi, le disciple du Christ, et en tant que disciple du Christ, par amour de son prochain, il doit porter la Bonne Parole et planter des graines dans les coeurs pour que tous, nous soyons sauvés par la grâce de Dieu. 

C’est en 416 que le pape Innocent Ier a décrété que les exorcismes ne pouvaient être administrés qu’avec l’accord de l’évêché. En Orient, on a continué à utiliser la liberté charismatique, sans aucune règle particulière. Finalement, un seul homme s’est érigé contre Dieu en interdisant aux disciples du Christ cette pratique, comme Dieu l’avait établi. Voilà le début du commencement des ennuis. 

L’Église qu’à travers l’instauration de la règle, l’Église n’a pas voulu limiter le pouvoir du croyant de se libérer du démon ou de libérer les autres du démon, ni de limiter le pouvoir qu’à l’Esprit saint de donner des charismes à qui bon lui semble (l’histoire de l’Église chrétienne est remplie de saints). Il n’a pas été question, non plus, de limiter le pouvoir donné par Jésus-Christ de chasser le démon en son nom. Mais, à partir de maintenant, il faudra parler de l’exorcisme comme d’un sacramental administré par les évêques et de prières de délivrance toutes les autres prières faites par des particuliers ou des groupes. Le but est certes identique, car l’on vise la délivrance des victimes. Finalement, l’Église a pris le pouvoir de l’exorcisme, elle se l’est approprié, ne permettant plus aux disciples du Christ, choisis par Dieu pour cette mission, d’opérer. 

C’est le début aussi de la “ritualisation” de la messe, chose que Jésus-Christ avait dénoncé au Temple, qui s’écroulait sur des lois humaines et des rituels qui faisaient perdre de vue la foi, et qui éloignaient les hommes de Dieu. Au Temple, le Sanhédrin décidait de qui pouvait être au Temple, c’est à dire qui pouvait prier Dieu, et qui ne le pouvait pas, qui était impur, et qui ne l’était pas. Il se prenait pour Dieu, et Jésus a repprocher aux pharisiens de perdre les âmes, de les éloigner de Dieu. Les pharisiens et les scribes se sont perdus dans la supersition, ils donnaient plus d’importance à la manière dont ils étaient vétus, à ce que représentait le vêtement, et à tous les rituels très compliqués et difficiles pour le peuple, qu’à Dieu. Cela était une manière de garder le pouvoir sur le peuple. Finalement, ils se sont pris pour Dieu, ils se sont autoproclamés ministres de Dieu. Maintenant réfléchissez, regardez une messe, regardez les vêtements du prêtre, regardez le rituel liturgique, regardez comment se comportent ceux qui se disent “ministres du Christ”… Comprennez que rien n’a changé… La foi, ce n’est pas cela ! La foi c’est quelque chose en nous, car Dieu est en nous et nous parle. A nous de l’écouter, à nous de faire ce pour quoi il nous programmé en réalisant ce pour quoi il nous a créé (la Volonté du Père). Tout le reste éloigne de la foi, tout le reste n’est que vaine futilité. 

 

Du VIe au XIIe siècles

Pendant cette longue période, que ce soit en Orient ou en Occident, la pratique de l’exorcisme est en plein essor. Les Églises regorgent d’exorcistes et ceux qui veulent le devenir, doivent être apprentis d’un exorciste confirmé afin de suivre une préparation adéquate.

Aujourd’hui, le prêtre qui vient d’être nommé exorciste reçoit qu’une seule instruction qui est celle de se débrouiller.

C’est une période caractérisée par une grande créativité au niveau des formules d’exorcisme. Ces formules sont encore récitées aujourd’hui et sont dans le Rituel de 1614.

Durant cette même époque, on note la résurgence du dualisme manichéen, à travers l’hérésie des cathares et des albigeois, qui sera dénoncée par le Synode de Prague de 560. Il est utile de noter ce fait, car cela expliquera un certain type d’exorcismes et surtout la persécution des hérétiques, qui s’intensifieront durant les siècles qui suivront.

Jusqu’au XIIe siècle, le peuple et les théologiens rejetteront la croyance aux sorcières et ne pensaient pas à persécuter les possédés, mais à les aider et à les amener au Seigneur afin qu’ils soient sauvés par Lui.

Les premières représentations de Satan naissent à cette époque là et avec elles, les premières représentations des exorcistes. La pratique de l’exorcisme faisait partie intégrante de la pastorale de l’Église, comme cela doit être, mais n’est pas de nos jours.

 

Du XII au XV siècles

C’est une période très triste pour l’Église et une période qui prépare à des temps encore plus tristes. Bien sûr, c’est durant cette période que l’on construit les plus belles cathédrales, que de grands papes théocratiques viennent au pouvoir. L’Église veut le pouvoir, elle le prend, elle veut montrer sa grandeur, et c’est ce qui va la perdre, car elle perdu son humilité. En pleine lutte contre les albigeois et les hérésies, un grand mouvement de contestatin anticléricale et anti-ecclésistique commence à se mettre en place. Ce mouvement est dirigé par des loges secrètes qui vont gangréner de l’intérieur l’Église en y distillant une fausse théologie. L’Église, rongée par l’orgueil et la vaine gloire, éloignée de la Vérité, ne pourra pas y faire face. 

Et dans ce contexte, l’Europe est ravagée par des guerres sans fin. Le peuple a faim. Le peuple souffre, et l’Église peine à consoler ce peuple. Pire, l’Église va commettre une grande erreur : celles qui étaient appelées jusque-là “bonnes femmes”, c’est-à-dire les femmes un peu fofolles, mais pour qui l’on avait de la compassion, deviennent des sorcières. Ces femmes avaient besoin d’un accompagnement spirituel, mais sont, au contraire, persécutées et brûlées sur le bûcher. Cette erreur est la preuve même que Satan est entré dans l’Église et a pervertit les fameux “ministres” du Christ. La foi à l’intérieur de l’Église n’est plus présente. 

Souvenons-nous de Jeanne d’Arc qui a été considérée comme une sorcière pour des motifs politiques. Cela nous montre bien l’écroulement de la justice, non seulement juridique, mais aussi pastorale.

Ceux qui dirigent les pays, les peuples, l’Église, ceux qui commandent, prennent des dispositions aux conséquences gravissimes, sans doute pensant, dans un premier temps, modérer les choses en les réglementant.

En 1252, le pape Innocent IV autorise la torture contre les hérétiques. Où le Christ a dit une seule fois que l’on devait torturer les gens ? Cette décision est profondément antichristique. 

En 1326, Jean XXII autorise, pour la première fois de toute l’histoire de l’Église, l’inquisition contre les sorcières, signant ainsi le début de la folie meurtrière qui va s’abattre partout en Europe et ailleurs. Et cette folie est accompagnée de calamités naturelles qui vont engendrer encore plus de pauvreté parmi le peuple, encore plus de famine… Il est écrit “Tu ne tueras pas “. Ceci est une Loi divine. L’Église s’est pris le droit de réécrire cette loi, de l’inverser, à la manière des pharisiens. 

De 1340 à 1450, l’Europe entière est ravagée par la peste noire, une épidémie qui va décimer des peuples entiers dans de grandes souffrances et qui va engendrer l’écroulement des valeurs morales, luttes civiles, schismes au sein même de l’Église.

Et c’est de cette débâcle que surgit la manie de tout diaboliser, non pas une diabolisation qui conduit vers l’exorcisme et donc la délivrance, mais une diabolisation destructrice.

 

Du XVIe au XVIIe siècles

Ce fut vraiment une période de pure folie, une période où les exorcismes ont laissé la place aux persécutions.

C’est une période très noire qu’il est indispensable de décrire pour comprendre notre époque actuelle. En décrivant cette période, nous apprenons beaucoup sur notre propre époque. Et je m’aperçois d’un fait bien établi qu’il est indispensable de retenir : là où l’on fait des exorcismes, il n’y a pas de persécutions, même si l’on est à la même période, avec la même mentalité, avec les mêmes problèmes. Là où le diable n’est pas combattu et chassé par des exorcismes, c’est à dire par la foi, les hommes sont diabolisés et tués. Ce phénomène est particulièrement vrai pour notre époque et me préoccupe beaucoup pour notre société actuelle. 

Aujourd’hui, les hommes d’Église emploient moult ruses, injonctions, tentatives pour minimiser l’existence du démon et pour réduire son action, cela n’est pas bon. Lorsque je constate que l’on ne chasse plus le démon, mais au contraire, on essaye d’éliminer la pratique de l’exorcisme, et que cette pratique est reprise par des païens qui travaillent avec le démon, il y a vraiment un problème. Le travail pour rétablir la vérité est colossal.  Et il y a tellement de façons différentes de diaboliser l’humanité (Dachau, les goulags, les génocides, les nettoyages ethniques…). Cela me fait très peur, car l’on ne s’attaque pas au bon ennemi.

Revenons à l’époque qui nous intéresse. Donc, je disais qu’à cette époque déjà, on ressentait le besoin urgent de réformer les rituels d’exorcismes, mais personne n’a bougé. Comme aujourd’hui d’ailleurs, où la seule partie délaissée et non réformée après Vatican II reste le Rituel. Ce qui est normal, le Malin ne veut pas qu’on le chasse. 

Alors comme les hommes d’Église ne se décidaient pas à se pencher sur la question, Charles V prit l’initiative de le faire. Il promulgua un édit “Ad Augusta” le 9 juillet 1548 dans lequel il ordonnait la réforme du Rituel. Mais le mal était trop profond et la chasse aux sorcières atteignit son comble dans les années 1560 à 1630.

Heureusement qu’il y a eu quelques éclaircies dans cette sombre période. Prenons le cas de Jeanne Fery (1559-1620), qui était une véritable sorcière liée au diable par un pacte à dénoncer à l’Inquisition et à brûler au bûcher selon les règles en vigueur à cette époque-là. Grâce au Ciel, elle trouva sur son chemin Louis de Berlaymont, archevêque de Cambrai, qui fit le nécessaire pour que Jeanne ne soit pas soumise à un procès et condamnée, mais exorcisée. Il fallut plus d’un an pour que Jeanne soit délivrée du démon. Après, elle vécut de manière exemplaire le restant de sa vie et entrant dans les Ordres. Ce qui montre bien que l’exorcisme est l’arme à adopter contre le Malin et non la persécution.

L’idée de la chasse aux sorcières se répandit surtout dans les pays protestants, là même où, au XVIIe siècle, des guerres de religion éclateront.

Ce que je tiens à souligner, c’est que là où l’on pratiquait encore des exorcismes, il n’y eut pas de persécutions. Par exemple, dans la Rome des Papes, on recense qu’un seul cas et dans l’Irlande catholique, les sorcières ne furent pas persécutées, mais sauvées.

Le jésuite Friedrich Spee publia en 1631 le livre “Cautio criminalis” dans lequel il dénonce la torture et la chasse aux sorcières. C’est le début de la résipiscence qui s’étendit dans le camp des protestants. Par contre, cela n’eut aucun effet sur le Concile de Trente qui se borna à considérer l’exorcisme comme un ordre mineur.

 

Du XVIIIe siècle à nos jours

C’est la fin de la chasse aux sorcières, qui cessa d’une manière aussi absurde qu’elle avait commencée, d’un seul coup. Mais ce à quoi l’on se serait logiquement attendu n’advint pas : la persécution remplaça les exorcismes et non le contraire.

Par contre, là où l’on continuait à pratiquer les exorcismes, il n’y eut pas de persécution. Il aurait donc fallu remettre les exorcismes en vigueur. Mais cela ne se fit pas. Au contraire, la réaction aux excès du passé conduisit à un désintérêt total du diable et de son action, désintérêt qui subsiste encore aujourd’hui.

Le diable devint un symbole, un pantin, l’emblème de l’idée abstraite du mal. Et non plus un être, une entité qui agit en profondeur.

À ce changement brusque, qui s’est poursuivi pendant trois siècles, l’athéisme a fait son apparition. La culture laïque a été très présente dans les milieux ecclésiastiques, surtout dans les universités, entraînant de fortes répercussions sur les évêques et les prêtres. C’est alors toute la religion du peuple qui a subi un effondrement général, se transformant soit en religiosité soit en athéïsme. Et comme cela arrive toujours lorsque la foi diminue, on se jette sur la superstition et vers d’autres pratiques qui nourrissent l’ego et qui nous donnent, pour un moment, un sentiment de bien être. 

La culture laïque s’est trouvée dominée par l’œuvre de démythification entreprise par les rationalistes incroyants, les partisans de l’illuminisme, les scientifiques, qui nieront en bloc tout le christianisme.

Et voilà comment l’on arrive, au XXe siècle, au matérialisme historique, à l’athéisme enseigné aux masses par le communisme, à la société de consommation du monde occidental. Et cette influence a été grande dans le monde ecclésiastique même. En effet, dans les séminaires et les universités pontificales, on ne parle presque plus du démon, encore moins des exorcismes. Et pourtant, cela est dans les Saintes Écritures. Et les théologiens et les biblistes qui nient l’existence de Satan sont toujours à la mode !

On ne peut nier qu’il y eut toujours quelques exorcistes, certains célèbres, qui sont toujours nommés par les évêques et l’existence du Rituel. Mais, on ne peut pas attendre grand-chose d’un épiscopat ayant le monopole sur la nomination des exorcistes qui, pour des raisons historiques, n’a jamais pratiqué d’exorcisme, ne connaît pas le Rituel et n’y croit plus.

 

Mes conclusions

J’ai dressé un rapide diaporama de l’histoire de l’Église catholique et je pense qu’il est bon d’en retenir quelques points. Si j’arrivais simplement à changer la mentalité d’un seul lecteur, alors je me dis que j’aurais tout gagné.

Tout d’abord, il faut se dire que les démons existent. Ce sont de purs esprits créés bon par Dieu, c’est à dire anges, mais qui se sont pervertis. Ces démons exercent sur les hommes un pouvoir maléfique qui peut aller jusqu’à la possession. Le Christ nous a donné les moyens de chasser les démons, il a conféré ce pouvoir à ceux qui croient en lui. Ces points sont bien établis dans les Évangiles, donc, j’ai envie de dire que ceux qui ne croient pas au diable, sortent de la foi chrétienne.

La lutte contre le démon doit être menée par tous. C’est essentiel et c’est le fondement même de la vie. Il faut sans cesse le repousser, ne pas être tenté et vivre le plus humblement, le plus juste possible, envers soi et envers autrui. L’action ordinaire du démon est la tentation. Nous devons lutter contre les tentations issues de la chair, du monde, du démon.

L’exorciste doit être considéré comme un prêtre qui est missionné par l’Église dans le but de venir nous aider lorsque nous sommes en butte par rapport à l’action extraordinaire du démon.

Aujourd’hui et après plus de trois siècles, nous assistons enfin à un lent réveil de cette réalité qu’est le diable. Nous assistons à une multiplication des demandes pressantes d’exorcisme de la part du peuple de Dieu, à l’augmentation des exorcismes, à une prise de conscience générale. Les demandes sont tellement nombreuses que le clergé peine à les satisfaire toutes.

Et, contre toute attente, cette reprise est due, pour une part, à la culture laïque. Eh oui ! Je m’explique : pendant longtemps, la culture laïque s’est empressée de jeter le discrédit sur toutes les réalités spirituelles. Et les grandes découvertes scientifiques n’ont fait que renforcer ce sentiment où tout pouvait s’expliquer par la science. Mais, on s’est aperçu que la science ne peut expliquer tout, qu’elle a ses limites et qu’elle peut causer du mal à l’humanité, comme la bombe atomique par exemple. Même les plus grands scientifiques, les plus intelligents disent aujourd’hui que la science a ses limites, qu’il y a des lois et des forces qui échappent à son contrôle.

Devant un cas inexplicable, devant un patient qui ne peut être soulagé par aucun traitement, de plus en plus de psychiatres se tournent et travaillent en collaboration avec des exorcistes et cela est une vraie avancée. Ils sont encore trop peu, mais on avance. Mais, il existe toujours des ecclésiastiques qui envoient tout le monde chez le psychiatre ! Je ne désespère pas que cette mentalité change.

Bien sûr, nous sommes loin de considérer l’exorcisme comme un service pastoral, qui s’intègre à la pastorale normale et auquel on consacre un personnel suffisant. Certains pensent que la présence d’un exorciste dans une pièce est nuisible, qu’il diabolise tout. Au contraire, puisque l’exorciste apaise, tranquillise, faire fuir les fausses peurs, apporte la paix. Et on l’a vu au cours de l’histoire : là où l’on pratiquait des exorcismes, on ne diabolisait pas et l’on ne tuait pas les gens.

Le combat est spirituel. Le seul ennemi de l’humanité est le diable. Il est temps d’entrer dans le combat, d’affermir sa foi au Christ. À la haine du démon, opposons lui l’amour, l’amour de Dieu et de son prochain. Courage, persévérance et bienveillance. 

 

 

Marie d’Ange

 

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