Tezcatlipoca, divinité aztèque de la mort

       

Tezcatlipoca, dont le nom littéral signifie “Miroir Fumant”, est l’une des divinités de la mythologie aztèques la plus crainte. Ce dieu aztèque est associé à plusieurs concepts, comme la nuit, la discorde, la guerre, la chasse, les sorciers… Longtemps, on lui a voué un culte, offert des sacrifices et des cérémonies sanglantes. Quel esprit se cacher derrière cette divinité et ce culte idolâtre ? 

 

Dans la mythologie aztèque

Dans la mythologie aztèque, Tezcatlipoca est le second des quatre fils d’Ometecuhtli et d’Omecihuatl. Son principal adversaire et frère était Quetzalcoatl et avait pour épouse la belle Xochiquetzal. Son emblème est la lame d’obsidienne, qui représente le froid, l’obscurité et le vent glacial du nord.

Différents épithètes désignent cette divinité aztèque, selon ses aspects divins :

  • Titlacauan : celui dont nous sommes les esclaves,
  • Ipalnermoanie : celui par qui nous vivons, le Seigneur de la proximité et de la nuit,
  • Necoyaotl : le semeur de discordes des deux côtés,
  • Tloque Nahuaque, le Seigneur du proche et du lointain,
  • Yohualli Ehecatl, la nuit et le vent,
  • Ome Acatl, les deux roseaux,
  • Ilhuicahua Tlalticpaque, le possesseur du ciel et de la terre,
  • Yaotl, le patron des guerriers,
  • Telpochtli, celui qui détient la jeunesse éternelle,
  • Opoche, le Gaucher Habile,
  • Moyocoyatzin, le Créateur Capricieux,
  • Moquequeloa, le Moqueur,
  • Moyocoyani, celui qui s’est fait lui-même,
  • Nahuaque, le Vent de Nuit,
  • Ixquimilli, celui qui a les yeux bandés.

Tezcatlipoca est associé à de nombreux concepts, la nuit, la discorde, la guerre, la chasse, la royauté, le temps, la providence, les sorciers et la mémoire. Il est tour à tour, dieu créateur, de la sorcellerie et des sorciers, du ciel nocturne, de la mémoire ancestrale, du temps, de la chasse, de la royauté, de providence, de l’ennemi des deux côtés, du nord.

 

Son apparence

Suivant mes recherches, Tezcatlipoca peut revêtir plusieurs apparences. Le plus souvent, il est décrit ayant le corps obscur comme la nuit avec des rayures jaunes sur son visage. C’est pourquoi, il est souvent associé au jaguar. Il porte un miroir autour du cou ou à la cheville, miroir qui lui permet de lire l’avenir et le cœur des hommes. Sa figure est estropiée ou terminée par un serpent, ce qui évoque son combat avec le monstre Cipactli, du corps duquel les dieux créèrent le monde. Il a un pied en forme de sabot, ce qui rappelle son agilité.

Tezcatlipoca a souvent été confondu avec son frère Tlatoc qui était le dieu de la guerre.  On le représentait, alors, avec un casque orné d’un magnifique panache, avec des ailes dans le dos, sans doute pour exprimer son agilité et sa promptitude à vaincre.

D’autres représentaient Tezcatlipoca comme une pierre noire luisante, paré de rubans, des anneaux d’or et d’argent à la lèvre inférieure, avec un petit tuyau de cristal d’où sortait une plume verte qu’on changeait quelquefois par une plume bleue. Sur la tête, il avait une tresse en or bruni qui lui servait de bandeau et au bout de cette tresse pendait une oreille d’or. Entre cette oreille et l’autre, sortaient des aigrettes. Au cou de la statue pendait une chaîne avec au bot un lingot d’or. Ses bras étaient ornés de chaînes en or, une pierre précieuse verte était incrustée dans le nombril. Tezcatlipoca portait dans sa main gauche un chasse-mouche fait en plumes vert et jaune et bleu, de laquelle sortait une plaque d’or ressemblant à un miroir, ce qui signifiait que la divinité pouvait tout voir d’un seul coup d’œil. Dans sa main droite, Tezcatlipoca tenait quatre dards, emblèmes des châtiments qui menaçaient les pécheurs. Cette représentation de Tezcatlipoca montre bien combien il était craint, car les Aztèques voyaient en lui un dieu pouvait lire en eux et découvrir leurs péchés pour les châtier.

 

Les cultes

Tezcatlipoca était une divinité très importante du panthéon méso-américain. À ce titre, il avait un temple sans lequel une statue à son effigie était cachée et que seuls quelques prêtres pouvaient contempler. Chaque année, on lui offrait un beau jeune homme en sacrifice ainsi que quatre jeunes filles, afin de demander le pardon des péchés.

Son culte arriva en Amérique centrale avec les Toltèques vers la fin du Xe siècle avant notre ère. Son temple principal se trouvait à Tenochtitlan, dans un endroit tenu secret et plongé dans l’obscurité. Les Aztèques craignaient ce dieu plus que toutes les autres divinités. C’est pourquoi, pour le calmer et réclamer sa clémence, ils offraient des sacrifices humains lors d’une grande fête qui se déroulait en 10 jours, entre le 9 et le 19 mai suivant notre calendrier.

Un an avant la grande fête, les prêtres choisissaient le plus beau des hommes captifs. On lui apprenait, alors, à jouer de la flûte et à danser et les plus grands honneurs lui étaient rendus pendant une année complète. Vingt jours avant son sacrifice, on offrait à ce beau jeune homme quatre vierges comme épouses. Ces jeunes femmes personnifiaient des déesses. Alors, une longue série de fêtes débutaient pendant laquelle les portes du temple étaient ouvertes. L’un des prêtres sonnait le cor en se tournant vers les quatre vents. Après cela, il prenait de la poussière et la portait à sa bouche en montrant le ciel. Tout le peuple imitait le prêtre en gémissant et en pleurant. Tout le monde se roulait dans la poussière et implorait la miséricorde de ce Dieu qui voyait tout et toujours prêt à châtier. Cela durait 10 jours, jusqu’au sacrifice final.  La veille du sacrifice, les prêtres se dépouillaient de leurs vêtements, en recevaient d’autres de la part des nobles qui venaient pour obtenir la rémission de leurs péchés. Le reste du peuple suivait les nobles et apportaient des cadeaux.

Le 10ème jour, donc le jour du sacrifice, la statue représentant Tezcatlipoca, était portée sous forme d’une longue procession par des prêtres barbouillés de noir et dont les cheveux étaient tressés avec un cordon blanc. Deux prêtres marchaient à la tête de la procession, l’encensoir à la main, et à chaque fois qu’ils encensaient, les assistants élevaient les bras en regardant le soleil et la statue de la divinité. Plusieurs se donnaient la pénitence en se flagellant, d’autres parsemaient le chemin de fleurs.

Après la procession, chacun faisait son offrande. Les plus riches apportaient des joyaux, de l’or et de l’argent, les autres apportaient de l’encens, du bois précieux, du maïs. Les pauvres offraient des cailles, que les prêtres décapitaient avant de les jeter au pied de l’autel. Avec ces cailles, qui étaient devenues sacrées, le peuple faisait un grand festin. Des prêtresses distribuaient cette viande sacrée, mais le peuple n’avait pas le droit de la manger. Ils devaient l’offrir à nouveau aux prêtres pour leur repas, car eux seuls pouvaient manger des mets sanctifiés.

Après le repas, l’esclave voué au sacrifice (le beau jeune homme) était mené au temple dans une cage, en grande pompe. Arrivé devant la statue de Tezcatlipoca, le sacrificateur lui ouvrait la cage thoracique avec un couteau d’obsidienne et présentait le cœur palpitant au Soleil. Et la cérémonie prenait fin avec des chants et des danses.

Les Aztèques, qui avaient hérité des mythologies toltèques, avaient pour Tezcatlipoca une vénération particulière. Ils l’honoraient comme dieu de la pénitence et s’adressaient à lui pour obtenir le pardon de leurs fautes.

 

Les mythes et légendes

Selon le mythe évoqué dans les Anales de Cuauhtitlan (première partie du Codex Chimalpopoca, ouvrage historique ancien écrit en nahuatl traitant des divinités aztèques), lorsque Quetzalcoatl (le frère de Tezcatlipoca et dieu vertueux des Toltèques) régnait sur Tula, Tezcatlipoca arriva sous l’aspect d’un beau jeune homme et, accompagné de deux sorciers, il aurait corrompu son frère en le faisant boire une boisson alcoolisée et en lui faisant connaître les plaisirs charnels. Chose faite, il en profita pour séduire la nièce de Quetzalcoatl et fille du chef Uemac. Une fois son trône affermit, il apprit au peuple la désobéissance aux lois. Lors d’une grande fête donnée à sa faveur, il apprit une danse au peuple en chantant un chant magique et entraîna une grande partie de la population toltèque vers un pont de pierre, qu’il fit s’écrouler. De nombreuses personnes y trouvèrent la mort.  

Beaucoup de spécialistes de la mythologie aztèque pensent que ce récit est celui de Ce Acatl Topiltzin Quetzalcoatl, un chef toltèque.

D’après une autre légende, Tezcatlipoca apparaissait la nuit à la croisée des chemins, sous la forme d’un géant drapé d’un voile cendré et portant sa tête dans ses mains, pour défier les voyageurs égarés. Les moins courageux mouraient de peur, tandis que les plus braves empoignaient le monstre et ne le relâchaient qu’au levé du jour. Alors, Tezcatlipoca tentait de soudoyer son assaillant pour pouvoir se cacher du soleil en lui promettant richesses et pouvoir.

D’après une autre légende, et comme il était aussi le dieu du nord et du ciel nocturne, Tezcatlipoca a été transformé en étoile polaire (ou étoile de Grande Ourse) après avoir donné le feu aux humains.

On raconte de Tezcatlipoca qu’il fut l’un des dieux qui échappa à la vengeance du Soleil, car il avait adoré cet astre, alors que les autres divinités s’en étaient éloignées.

On dit aussi que Tezcatlipoca avait formé un pont sur la mer en ordonnant aux tortues et aux poissons de se rassembler afin que les humains puissent se rendre au temple du soleil et ramener des instruments pour célébrer sa fête. Les Aztèques prétendaient même que c’était depuis ce jour qu’ils célébraient leurs dieux avec des chants et des danses.

Les anciens Mexicains accusent Tezcatlipoca d’avoir employé de nombreuses ruses et la magie pour détruire les Toltèques, comme le jour où il descendit du ciel à l’aide du corde faite de toile d’araignée et ayant pris forme humaine, il se présenta au marché et parvint à séduire la fille du roi Huemac (on rejoint la légende où cette divinité enivre son frère et séduit sa nièce). Suite à ce mariage, les habitants furent entraînés dans une guerre meurtrière.

Tezcatlipoca la plus crainte des divinités aztèques et ses facettes sont nombreuses. C’est une divinité compliquée à cerner, un dieu vengeur et colérique qui connaît les péchés des hommes et qui n’hésite pas à punir, un dieu manipulateur, menteur et sournois, qui n’a pas hésité à corrompre son propre frère et à détruire tout un peuple, bref, un démon dans toute sa splendeur… le genre de démon qui aurait pu prendre la place de Pazuzu dans l’Exorciste de Friedkin.

 

 

À prier : saint Augustin, saint Luc, sainte Gemma Galgani

Sources : Mythologica.fr, Cosmovisions.com

 

 

Marie d’Ange

Pour aller plus loin

              

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