Le Fils de Sam, le tueur qui entendait des voix démoniaques

L’histoire de David Berkowitz, tueur en série surnommé le Fils de Sam, est plutôt curieuse et soulève pas mal d’interrogations. David Berkowitz dit entendre des démons lui ordonner de tuer, dit les voir, dit les sentir. Possession démoniaque ? Folie meurtrière ? Le mystère reste entier. Voici l’histoire du Fils de Sam, l’une des histoires les plus médiatisées des États-Unis.

 

 

David Richard Berkowitz

David Berkowitz est né le 1er juin 1953 à New York d’une relation adultère. David sera abandonné et adopté par Nathan et Pearl Berkowitz, des quincailliers juifs à l’existence tranquille. Ses parents adoptifs le remplissent d’amour, c’est même un enfant un peu gâté. Comment expliquer que quelques années plus tard, David deviendra un tueur en série qui sèmera la panique dans les rues de New York ?

L’histoire de David Berkowitz me fait penser aux personnages des « 7 +1 Péchés Infernaux », livre écrit par votre serviteur.

Dans les « 7 +1 Péchés Infernaux », huit personnages d’apparence normale, ayant une famille, ayant un travail, se transforment en véritables meurtriers sanguinaires. Pourquoi ? Parce qu’ils entendent la voix d’un démon qui les pousse à agir ainsi. C’est une forme de possession démoniaque. Et les faits divers regorgent d’histoire comme celles-ci. Un exemple criant est l’affaire du Fils de Sam.

David Berkowitz, alias le Fils de Sam, n’a rien d’un tueur. Il travaille au centre de tri de la Poste de New York, a été entouré d’amour étant jeune, est décrit comme quelqu’un de jovial et effacé. Et pourtant, le 12 juin 1978, il sera condamné à 365 années de prison ferme pour 6 meurtres et sera incarcéré à la prison d’Attica.

Que lui est-il arrivé ? Pourquoi David Berkowitz s’est-il transformé en tueur ? Le meurtrier dira entendre des voix de démons le pousser à commettre ses crimes. Une théorie qui ne peut être retenue par le Tribunal et pourtant…

 

Les meurtres

  • Le 29 juillet 1976 : Dans le quartier du North Bronx, David Berkovitz tue par balle Donna Lauria (18 ans) et blesse Jody Valente (19 ans). C’est le début des meurtres et le début de l’enquête qui durera plus d’un an. Jody Valente décrira son agresseur comme un homme blanc âgé d’une trentaine d’années aux cheveux bruns bouclés. Les voisins avaient remarqué une voiture jaune garée à proximité de celle de Donna Lauria. Les soupçons de la police se portent sur un règlement de compte entre mafieux.
  • Trois mois après le premier meurtre, dans le quartier de Queens, un tireur fou tire sur la voiture de Rosemary keenan (18 ans). Le passager, Carl Denaro (21 ans) reçoit une balle à l’arrière du crâne. Carl Denaro, grièvement blessé, sera transporté à l’hôpital et s’en sortira avec une plaque en métal à l’arrière de son crâne. Les policiers ne font pas le rapprochement entre les deux affaires, car les lieux sont très éloignés l’un de l’autre.
  • 27 novembre 1976 : toujours dans le Queens, David Berkovitz tire sur deux jeunes femmes, Joanne Lomino et Donna DeMasi. Les deux filles ont été grièvement blessées, mais ont pu témoigner. Elles ont vu un homme marcher de l’autre côté de la rue et se précipiter vers elles. Toutes les deux ont d’abord pensé que l’homme allait leur demander un renseignement. Et c’est d’ailleurs ce qu’il a fait. Au milieu de la discussion, il sort une arme de sa ceinture et tire sur les deux femmes, comme un fou. Il ne fera que les blesser. Les deux femmes décriront leur agresseur comme un homme blanc aux longs cheveux blonds.
  • Le 29 janvier 1977 : John Diel (30 ans) et Christine Fiel (26 ans) sortent tranquillement du cinéma. Ils viennent de voir Rocky. Ils vont dîner à la Wine Gallery sur Austin Street pour fêter leurs fiançailles. Ils sont heureux. Puis, un peu après minuit, ils rejoignent leur voiture pour rentrer chez eux. À peine installés dans leur carrosse, la vitre du côté passager vole en éclats, explosée par l’impact d’une balle. Christine Fiel est touchée à la tête et décédera quelques heures plus tard. Sur la scène de crime, des balles de calibre .44 sont découvertes. Elles proviennent d’un revolver Bulldog, la même arme que les quatre affaires précédemment citées. Le lien est donc établi. Ce qui cloche, c’est que les témoins ne décrivent jamais le même homme.
  • 8 mars 1977 : Virginia Voskerichian (19 ans) est abattue à bout portant, à Forest Hill, à 19 h 30, alors qu’elle rentre chez elle. Un témoin dira avoir vu un homme mesurant environ 1 mètre 70, jeune, environ 18 ans, portant un passe-montagne. Encore une fois, les descriptions du tueur ne concordent pas.
  • Le 16 avril 1977 : Dans le Bronx, près du lieu où fut découverte la première victime, Valentina Suriani (18 ans) et Alexandre Esau (21 ans) se font gaiement des câlins à bord d’une Mercury Montego. Valentina est même assise sur les genoux de son petit ami. Excellente soirée en perspective ! Mais leur douce étreinte s’arrêtera net, stoppée par des balles. Les deux premiers projectiles viennent directement se loger dans le crâne de la jeune fille, les deux suivants touchent le haut de la tête d’Alexandre qui mourra deux heures plus tard. Un policier, chargé de l’enquête, découvrira une enveloppe blanche adressée au Capitaine Joe Borelli, au milieu de la rue, à quelques pas de la scène du crime.
  • 25 juin 1977 : dans le Bronx, Judy Placido (17 ans), une amie de Valentina Suriani, et Salvatore Lupo discutent tranquillement, lorsque le jeune homme reçoit une balle au poignet, balle qui continue sa course et va se loger dans le cou de Judy. La balle suivante manque sa cible, et la troisième balle vient perforer l’épaule de Judy. Les deux jeunes gens s’en sortent miraculeusement.
  • 28 juillet 1977, presque un an après le premier meurtre, Bobby Violante et Stacy Moskowitz se retrouvent dans un endroit tranquille pour se bécoter à souhait. Bobby gare sa voiture en dessous d’un réverbère du Shore Parkway (parc surnommé l’allée des amoureux). Avant eux, Tommy Zaino et Debbie Crescendo avaient occupé la même place, mais l’avaient jugée trop éclairée. Robby propose alors à sa belle de faire une petite promenade dans le parc. Près des toilettes publiques, ils remarquent un homme en jeans à l’allure hippie. De retour à la voiture, ils s’enlacent et s’embrassent à pleine bouche. Ce magnifique baiser est interrompu par une explosion tonitruante. Bobby reçoit deux balles en pleine face, ce qui lui fait éclater les tympans et le rend aveugle. Stacy est grièvement blessée et meurt 38 heures plus tard.

  

L’enquête

Les policiers pataugent, aucune piste valable n’est retenue, aucune preuve tangible n’est retrouvée. Un détachement spécial pour cette affaire est créé le 19 avril 1977 par John Keenan. Mais la police est submergée par les témoignages et reçoit plus de 250 appels par jour, qu’il faut trier. Alors, l’enquête n’avance pas.

Ce n’est qu’avec le double meurtre du 16 avril 1977 et la découverte de la lettre laissée par le tueur que l’enquête prend une autre tournure. Il ne peut plus y avoir de doute : le tueur est un psychopathe disant obéir à son père Sam, qu’il considère comme un vampire buveur de sang. Le tueur dit prendre plaisir à tuer des gens, en particulier des femmes à la longue chevelure. Malheureusement, aucune empreinte n’a pu être exploitée sur l’enveloppe.

Voici la fin de la lettre. 

          « JE DIS AU REVOIR ET BONNE NUIT.

            POLICE : QUE CES MOTS VOUS HANTENT :

            JE REVIENDRAI !

            JE REVIENDRAI !

            CECI EST A INTERPRETER COMME — BANG – BANG — BANG

            BANG — BANG —UGH !!

            BIEN A VOUS DANS LE MEURTRE

  1. MONSTRE. »

 

Pure folie meurtrière ? Délire d’un psychopathe ? Maladie mentale ? Possession démoniaque ? Le mystère reste entier. Les spécialistes qui ont analysé dans les moindres détails cette lettre remarquent une chose étrange : le criminel orthographie le mot women (femmes) comme le mot demon (démon).

Pour le bon déroulement de l’enquête, ce mot est tenu secret. Ce n’est qu’après plusieurs semaines, que le journaliste Jimmy Breslin le publiera dans le Daily News.  

 

Les lettres au journaliste

Le 1er juin 1977, c’est au tour de Jimmy Breslin, notre journaliste au Daily News de New York, de recevoir une lettre du Fils de Sam. Cette lettre fait froid dans le dos. Au lieu de la publier telle quelle, le journaliste va la publier petit à petit, sur plusieurs jours, afin d’augmenter les tirages de son journal. Bientôt, une autre lettre arrive au journal, qui sera aussi publiée par à coup.

C’est cet immense battage médiatique qui rendra célèbre David Bertovitz, alias le Fils de Sam. Les lettres comportent de nombreux passages étranges, des noms bizarres, une référence aux 22 disciples de l’enfer, un Duc de la Mort, ou un personnage de John Wheaties, décrit comme un violeur et un étouffeur de fillettes. Le tueur dit être le fils de Sam (d’où son surnom) et dit être poussé par Satan à commettre les crimes. Rien ni personne ne peut l’arrêter, sauf la mort. Il dit voir et entendre des démons.

Ces lettres seront très peu exploitées par la police, car ce qui est écrit est incompréhensible. Le tueur parle en énigmes.

Ce n’est qu’à partir du dernier meurtre, que l’enquête se met à avancer. En effet, Tommy Zaino, qui se tenait près de la scène de crime, a tout vu. Il donne un signalement précis du tueur, le décrivant comme un homme blanc, avec une perruque blonde. Sauf que le doute persiste toujours, car les témoignages ne concordent pas avec cette description du personnage. Un coup brun frisé, un coup blond, un coup grand, un coup jeune, un coup grand, un coup petit… Y aurait-il plusieurs tueurs ?

D’autant plus que plusieurs témoins, lors du dernier crime, remarquent une Volkswagen jaune garée à l’entrée du parc.

Quelques jours après cette sordide histoire, Cacilia Davis se présente à la police. C’est un témoin très important qui va permettre l’arrestation du Fils de Sam. En effet, la nuit où Stacy Moskowiz a été tuée, Cacilia Davis discutait dehors avec un ami. Elle a vu la voiture jaune, elle a vu un agent de police lui mettre une contravention pour mauvais stationnement et c’est en recherchant cette contravention que les enquêteurs remontent la piste de David Berkowitz. Après quelques vérifications, ce dernier est arrêté le 6 août 1977, à bord de sa voiture. Très vite, David Berkowitz passe aux aveux et sera condamné à 665 années de prison ferme.

En prison, comme pour se racheter, David Berkowitz est pris d’une véritable passion pour l’épistolaire. Il écrit même des lettres à ses fans leur racontant les mémoires d’un tueur et rejoint l’Église quelques années plus tard.

Mais l’histoire ne s’arrête pas. Ça serait trop simple. L’histoire cache une réalité bien plus sordide.

 

Une enquête rouverte

John Hockenberry considère que l’enquête policière a été bâclée et que trop de questions restent en suspens. Il fera sa propre enquête et rouvre le dossier en 1996. Il découvre que toute l’affaire repose sur une théorie du complot. En voici l’explication :

Des anomalies flagrantes sont découvertes. Tout d’abord, les témoins ne décrivent pas le même personnage, ce qui peut signifier qu’il y a plusieurs tueurs. De plus, lorsqu’on fouille le passé de David Berkowitz, on s’aperçoit qu’il avait été le voisin d’un certain Sam Carr, qu’il idolâtre. D’où son surnom de Fils de Sam. Sam Carr avait deux fils, John et Michael, qui haïssaient leur père. John Carr était surnommé « Wheaties, violeur et étouffeur de fillettes », le même nom qui a été retrouvé sur une des lettres de David. Et pour couronner le tout, John avait des cheveux longs et blonds. Il pourrait être un des tueurs.

À l’époque où David résidait à Walden (une banlieue de New York), 85 bergers allemands et dobermans furent retrouvés morts écorchés vifs. Coïncidence ? Le détective ne croit pas en cette thèse. David n’aime pas les chiens, il dit même que Satan prend possession d’eux pour lui parler. Dans ce même quartier, John Hockenberry découvre une secte d’adorateurs de Satan qui organise des cérémonies sanglantes.

Peu de temps après l’arrestation de David, John Carr est retrouvé mort, une balle dans la tête, avec le nombre 666 inscrit sur sa main avec du sang. Suicide ou vengeance ?

Le détective découvre, en fouillant dans l’ancien quartier du tueur en série, que David avait été enrôlé par Michael Carr dans une secte pratiquant l’occultisme. Peu de temps après cette découverte, Michael se tua au volant de sa voiture. Coïncidence ou meurtre perpétré pour l’empêcher de parler ?

Encore aujourd’hui le mystère reste entier.

 

Les lettres de David Berkovitz à la presse

Avant de finir, j’aimerais simplement ajouter que David Berkovitz a toujours dit avoir entendu des voix lui demander de tuer. Ces voix venaient le plus souvent de chiens, et notamment du chien de Sam Carr, qu’il tua par la suite.

Voici quelques-unes de ces citations macabres :

  • « Je n’aurai jamais cru être capable de tuer. Je n’y croyais pas. J’ai juste tiré, comme ça, dans la voiture, dans le pare-brise. Je n’ai même pas su si elle était touchée », David Berkowitz, au sujet du meurtre de Donna Lauria.
  • « Je le sens de plus en plus… Les filles disent que je suis moche, ce sont elles qui m’ennuient le plus », David Berkowitz, dans une lettre adressée à son père un mois avant le premier meurtre.
  • « Salut depuis les caniveaux de New York, remplis d’excréments de chiens, de vomissures, de vin éventé, d’urine et de sang » David Berkowitz, dans sa lettre à la presse.
  • « Sam est assoiffé. Il ne me laissera pas m’arrêter de tuer tant qu’il n’aura pas eu son content de sang », David Berkowitz, dans sa lettre à la presse.
  • « À ce moment-là (le tueur parle de l’agression de C. Freund et J. Diel), je pense que ça ne me faisait plus grand-chose, parce que je m’étais convaincu que c’était bon de le faire… et que le public voulait que je le fasse. »
  • « Oui, les démons sont réels. Je les ai vus, j’ai senti leur présence, et je les ai entendus » David Berkowitz dans son journal tenu en prison.
  • « Salut ! Je suis Mr Williams et je vis dans ce trou. J’ai plusieurs enfants et je suis en train d’en faire des tueurs. Attendez qu’ils grandissent. Mes voisins, je n’ai aucun respect pour eux, je les traite comme de la merde. Sincèrement » Inscription trouvée sur les murs de l’appartement de David Berkowitz.
  • « Je ne suis jamais heureux. Je suis plutôt triste. Très souvent, je pleure quand je suis seul dans ma cellule. Je suis très nerveux. Je n’arrive jamais à me détendre. Je vais faire une dépression nerveuse. Au secours je suis possédé ! Je dors mal. J’ai envie de hurler. Il faut me tuer. Des démons me tourmentent. Je n’y arriverai pas. »  Inscriptions trouvées sur les murs de sa cellule.
  • « Les démons me protégeaient. Je n’avais rien à craindre de la police » David Berkowitz, après son arrestation. 

 

Dans ses écrits, le tueur nous montre qu’il est aux prises avec des démons, il appelle à l’aide, il veut qu’on l’exorcise. Cela rejoint les huit histoires du recueil de nouvelles « 7 +1 Péchés Infernaux » où huit personnages d’apparence normale deviennent des tueurs sanguinaires parce qu’ils entendent des voix.

Alors, possession démoniaque ou folie meurtrière ? On ne saura jamais la vérité. Les uns diront que le Fils de Sam est un psychopathe schizophrène, les autres diront que c’est un possédé qu’il faut aider.

Ce fait divers a inspiré le film de Spike Lee, « Summer of Sam », comme quoi le macabre fait vendre. En parlant de macabre, David Berkovitz a gagné beaucoup d’argent en racontant son histoire, tellement qu’il est à l’origine d’une loi appelée « Son of Sam laws » qui veut que tous les profits générés par les criminels en commercialisant leurs infractions soient reversés à un fonds d’aide aux victimes.

Un an après sa condamnation et après avoir subi une tentative de meurtre, David Berlowitz donna une conférence de presse de la prison d’Attica où il était enfermé. Il nia toutes ses déclarations sur Sam Carr, ainsi que sur sa possession démoniaque. Il avait avoué que ses actes n’étaient que de la rancœur envers les femmes. En 1987, il rejoint l’Église évangélique chrétienne. Aujourd’hui, il s’est repenti et se tourne vers Dieu. On l’appelle le Fils de l’Espérance, celui qui a réussi à vaincre le Mal. Curieux non ? D’un côté il nie avoir entendu des démons, de l’autre il rejoint les évangélistes…

L’immeuble où il habitait est devenu un lieu de pèlerinage pour curieux en mal de sensations fortes. Les visiteurs ont dérobé des fragments de moquette, des poignées de porte, ont gratté la peinture des murs… afin de rapporter un petit souvenir à la maison. Ceux qui ont fait cela sont aussi fous que le tueur ! Jamais cet appartement ne fut reloué.

 

Marie d’Ange

 

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2 commentaires sur “Le Fils de Sam, le tueur qui entendait des voix démoniaques

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