Blanche de Percy, une dame blanche très noire

En Normandie, plus précisément à Tonneville, une légende raconte l’histoire d’une dame blanche, Blanche de Percy, un personnage historique du XIIIe siècle, à l’âme sombre. Cette légende est certainement la plus connue des légendes qui entourent les dames blanches. Et cette dame blanche est la plus noire de toutes celles connues.

 

 

Direction Tonneville, en Normandie, et son étang de Percy, aujourd’hui asséché, pour cette terrifiante histoire de dame blanche. Aujourd’hui, il a été prouvé que le terrain de cet étang avait accueilli jadis de l’eau et qu’il se trouve au milieu des landes. Selon la légende locale, ce plan d’eau aurait été l’ultime sépulture de plusieurs voyageurs perdus, jetés là par les maléfices d’une Dame Blanche démoniaque.

Tout commence au XIIIe siècle. Que l’on replace l’histoire. Le bourg de Tonneville se place autour de l’étang de Percy, et les habitations sont dispersées. En ce lieu, il y avait une jeune femme, Blanche de Percy, de la grande famille des Percy, qui vivait dans le manoir en bordure de la route de Cherbourg de Beaumont (aujourd’hui en ruine) et qui avait hérité de toutes les grâces, tant elle était belle et intelligente. Mais, tout cela n’était qu’apparence, puisque cette dame possédait une âme très sombre. Déjà enfant, la demoiselle se montrait vindicative et sans cœur avec ses servantes. Et son plaisir de domination ne fit qu’augmenter avec l’âge. Blanche voulait être unique en toute chose.

Tellement elle était mauvaise, on raconte, qu’un jour, dans un accès de colère, la Demoiselle poussa une vieille femme qui passait près de l’étang. Cette dernière se noya. Blanche était la terreur de la contrée et on lui attribuait tous les malheurs.

À la mort de ses parents, elle devint seule héritière des terres ; Blanche de Percy refusa de se marier et repoussa tous les prétendants qui se présentaient à elle. Au lieu de devenir une épouse, comme le voulait les mœurs de l’époque, elle préféra vivre seule et se plonger dans l’étude de la magie noire et de l’astrologie. Elle se mit en communication avec toutes les puissances du noir Empire. C’est ainsi que commença la vie démoniaque de la Demoiselle de Tonneville qui voulait tout et toujours plus de terres.

 

Une nuit de tempête, alors qu’elle s’initiait à un rituel noir, le juge, qui était sur une peinture accrochée au mur, descendit et se tint devant elle. Ce juge, au regard menaçant, était un membre de la famille de Percy et c’était un homme impitoyable qui envoya à la mort de nombreuses personnes parfois innocentes. C’est avec plaisir que Blanche l’accueillit. Le juge déroula un parchemin et lui montra les conditions du pacte.  Et elle signa sans hésiter de son sang ce pacte diabolique avec ce spectre. Aussitôt, elle ressentit une force surhumaine l’envahir et ressentit une joie violente et féroce.

Mon avis : ce juge devait très certainement être un démon, et non le fantôme de son ancêtre. Un démon peut prendre l’apparence qu’il veut, et lorsqu’il prend l’apparence d’un défunt, c’est pour mieux tromper sa victime. D’ailleurs, ce pacte signé par la demoiselle ressemble à un pacte démoniaque, un pacte qui va lier son âme au démon et qui va faire d’elle une damnée après sa mort. D’où ses apparitions… 

Ce pacte devait la rendre richissime. Et c’est ce qu’il advint, puisque pendant plusieurs années, sa fortune ne cessa de croître. La Demoiselle de Percy amassa des écus sonnants et trébuchants en harcelant les fermiers pour le seul plaisir de posséder et de faire souffrir.  Et la haine qu’elle provoquait l’excitait et l’encourageait à de nouvelles souffrances.

Avec son frère, Blanche de Percy revendiqua une partie des landes et intenta un procès contre des voisins de Flottemanville. Mais elle perdit ce procès. Ce qui la mit en rage. Elle cria qu’elle reviendrait des enfers pour hanter les lieux.

Les années passèrent et la demoiselle sentait que sa fin était proche. Alors, elle fit un rituel de magie noire et émit le souhait d’appartenir à Satan afin qu’il lui donne la permission de venir hanter les lieux, à sa mort, qu’elle n’avait pas pu s’approprier, c’est-à-dire la lande.

Et effectivement elle mourut, d’une mort naturelle. Avant de rendre l’âme, elle refusa les sacrements du prêtre et ne rétracta aucune de ses paroles quant à la possession de la lande après sa mort.

On raconte que, lorsque les porteurs de son cercueil voulurent l’apporter au cimetière, son corps était si lourd qu’il leur fut impossible de franchir la porte de la propriété, aussi le curé décida-t-il de l’enterrer sur place. Il espérait qu’enfin la demoiselle de Percy reposerait en paix. Mais il se trompait.

La nuit même, la Demoiselle est apparue dans une robe brumeuse à un fermier du manoir de Tonneville qui rentrait chez lui. Elle lui aurait dit : « Je voulais que tu saches que maintenant la lande m’appartient », avant de s’envoler en riant.

C’est à partir de cette nuit-là, qu’une Dame Blanche apparaîtrait près de l’étang ou dans la lande, une Dame Blanche qui s’amuserait à égarer les voyageurs et à les précipiter dans l’étang.

Depuis, certains voyageurs ou promeneurs disent l’avoir rencontrée dans les landes de Tonneville et Flottemanville, ou près de son ancien manoir. Toujours vêtue de blanc, elle s’exhorte à égarer les voyageurs, leur faisant perdre le sens de l’orientation et sans comprendre, ils se retrouvent au milieu de l’étang. Alors, ils entendent la demoiselle ricaner.

Parfois, elle se manifeste sous la forme d’un cheval blanc, et marche à côté d’un piéton comme pour l’inciter à monter sur le dos du cheval. Mais malheur à celui qui se mettrait en selle, car l’animal partirait au galop et disparaîtrait au beau milieu de l’étang, laissant le pauvre voyageur se noyer.

Et pour la véracité des faits, sachez, chers lecteurs, qu’en 1949, des travaux ont été effectués au manoir, aujourd’hui détruit, qu’occupait Blanche de Percy et que l’on y a trouvé un cercueil contenant des ossements humains exactement à l’endroit où l’on disait avoir enterré Blanche de Percy ; c’est-à-dire sous le seuil du pressoir. Une tombe sans inscription.

Aujourd’hui, à Tonneville, cette légende fait partie du paysage et l’on trouve sur les cartes le nom de l’Étang de Percy, qui est un lieu proche du village. Cet étang est asséché, mais il a été prouvé que le terrain avait jadis accueilli de l’eau.

 

Marie d’Ange

 

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