L’Exorciste, le film qui a fait ressurgir la peur du Diable

L’Exorciste est un film culte, le plus effrayant de sa génération. Classé film d’horreur, il a déferlé une grande vague d’épouvante dans le monde entier faisant ressurgir la peur du Diable. Ce film est considéré comme un classique du cinéma, à tel point que l’American Film Institute le classe 3e meilleur thriller, devançant « Psychose » et les « Dents de la mer ». « L’Exorciste » suscite l’intérêt et provoque des cauchemars. C’est un de mes films de référence, qui même après plusieurs visionnages me fait toujours autant trembler.

 

 

 

Box Office

Jaquette DVD du film

Sortie le 25 décembre 1973 aux États-Unis et en septembre 1974 en France.

Durée : 1h17min

Réalisateur : William Friedkin

Scénario : William Peter Blatty

Musique : Tubular Bells composée par Mike Oldfield

Acteurs principaux : Ellen Burstyn dans le rôle de Chris MacNeil

                      Max Von Sydow dans le rôle du père Lankester Merrin

                      Linda Blair dans le rôle de Regan

                      Jason Miller dans le rôle du père Damien Karras

                      Jack MacGowran dans le rôle de Burke Dennings

                      William O’Malley dans le rôle du père Dyer

                      Lee J Cobb  dans le rôle du lieutenant William Bill Kinderman

Le film est une adaptation du roman du même nom écrit par William Peter Blatty, inspiré d’un fait divers paru dans une chronique et relatant l’exorcisme d’un jeune garçon de 14 ans, Robbie Mannheim.

 

 

Version intégrale

Scène du film où Regan descend les escaliers

La version retravaillée, d’une durée de 1h27 min, sort en 2001.

Dans cette version, plusieurs scènes sont ajoutées à la première :

  • le visage de Pazuzu apparaît sur la hotte à droite de l’image dans la cuisine lors d’une panne de courant, et sur le mur de la chambre de Regan,
  • Regan descendant les escaliers telle une araignée en crachant du sang,
  • à la fin du film, le père Dyer rend la médaille du père Karras à Chris (dans la première version, il la garde) et rejoint Kinderman devant la porte de la maison. Celui-ci lui propose alors des places de cinéma.
  • Le film se termine en montrant l’escalier de la fenêtre de la chambre de Regan et au loin, on entend l’appel à la prière musulmane, signe que le démon n’est pas parti.

 

 

L’histoire

La statuette de Pazuzu déterrée par le Père Merrin en Irak

Le film débute en Irak par la découverte de la tête d’une statuette du démon Pazuzu lors de fouilles archéologiques menées par le père Lankester Merrin.

Puis, on se retrouve aux États-Unis, plus précisément à Georgetown, un quartier de Washington. Chris MacNeil est une actrice et elle vit tranquillement dans une agréable demeure avec sa fille Regan et ses domestiques.

Petit à petit, la petite fille, âgée d’une douzaine d’années, se met à entendre des bruits et est prise de violents spasmes. Son lit bouge, les objets volent autour d’elle, elle saute sur son lit sans pouvoir s’arrêter, devient violente… Les médecins ne voient dans ces phénomènes que des troubles nerveux dus à la préadolescence. Mais les crises empirent. La personnalité de Regan change. Elle devient de plus en plus violente et insultante. Même son physique change.

Un soir, alors que Chris MacNeil rentre de la pharmacie et qu’on lui annonce la mort de son ami Burk Dennings, retrouvé au pied des escaliers extérieurs donnant sur la fenêtre de la chambre de sa fille, Regan descend les escaliers de la maison, telle une araignée, vomissant du sang. Chris sait alors qu’un esprit malveillant habite le corps de sa fille et que cet esprit a tué son ami Burk Dennings.

La petite est vue par de nombreux psychiatres, qui ne voient aucun trouble mental.

Devant leur incapacité à soigner les troubles de sa fille, Chris décide de faire venir un prêtre. Elle rencontre le père Damien Karras, à qui elle demande de l’aide. Mais ce dernier est perturbé par la perte récente de sa mère et rongé par la culpabilité. Il est en proie à un profond tourment et se pose des questions sur sa foi en Dieu. Malgré cela, il accepte de voir l’enfant, en qualité de psychiatre, diplôme qu’il a obtenu à la faculté de Harvard.

En entrant dans la chambre de Regan, il est confronté à une jeune fille, sanglée sur son lit, le visage complètement déformé, les dents noires, les yeux jaunes. Ce n’est pas le visage d’une petite fille. Il décide de mener son enquête. Il l’enregistre et fait analyser les voix par un professionnel. Les paroles proférées par Regan, alors aspergée d’eau bénite, se révèlent être des paroles prononcées à l’envers. Plusieurs voix ressortent, dont celle de sa mère décédée il y a peu. Il comprend alors que le démon est non seulement l’incarnation diabolique dans le corps de l’enfant, mais aussi la manifestation du Mal qu’abritent en eux ceux qui tentent de l’approcher. Le père Karras devra affronter le démon en affrontant le Mal qui est en lui, sa culpabilité d’avoir laissé sa mère seule. Car le démon, au nom du Mal, veut le pousser au désespoir suprême en décuplant son sentiment de culpabilité.

Karras demande alors la permission au Vatican de pratiquer un exorcisme sur Regan. La requête est acceptée, mais c’est le père Lankester Merrin qui est désigné pour le faire, le père Karras ne sera que l’assistant.

On comprend que le père Merrin a déjà pratiqué un exorcisme il y a longtemps en Afrique. Cette histoire est narrée dans « L’exorcisme, le commencement ». Effectivement, le père Merrin a déjà combattu le démon Pazuzu, lui ordonnant de retourner aux enfers. C’est pour cela que la divinité infernale l’attend. Elle veut se venger.

L’exorcisme commence, à grand renfort de prières et d’eau bénite, pendant que Regan vocifère des obscénités, tournant sa tête à 180 degrés et lévitant.

Le père Merrin est malade, cardiaque. Il décédera pendant l’exorcisme d’une crise cardiaque. Le démon a gagné. Mais le père Karras, de rage, se met à rouer de coups Regan et somme le démon de le prendre, de le posséder. Dans la bagarre, Regan arrache le médaillon qui protégeait le prêtre de son cou et prend possession de lui. Sentant le démon s’insinuer en lui et dans un regain de lucidité, le père Karras se jette par la fenêtre et termine sa chute au bas des escaliers. Le père Dyer le rejoint et lui donne les derniers sacrements.

Regan est retrouvée dans sa chambre, sanglotante, mais délivrée, ne se souvenant plus de rien. Elle porte les stigmates des violences que le démon lui a infligées.

 

 

Les suites du film

L’Exorciste comporte 3 suites et une préquelle (œuvre ne se concentrant que les événements se déroulant avant le récit original).

  • L’Exorciste 2 : l’hérétique sorti en 1977
  • L’Exorciste : la suite sortie en 1980,
  • L’Exorciste : au commencement sorti en 2004,
  • dominion : prequel to the Exorciste, préquelle sortie en 2005.

 

 

Autour du film

Le père Karras

Le tournage a eu lieu du 14 août 1972 au 20 juillet 1973 aux studios Warner Bross de Burkank, New York et Geaogetown, ainsi que dans les villes Hatra et Moussoul en Irak.

Pour ne pas laisser proférer des injures par une enfant, la production décide de doubler la voix de Regan. C’est Mercedes McCambridge, ancienne alcoolique, qui sera choisie pour interpréter la voix de Pazuzu. Pour cela, elle décide de reboire et de fumer, afin d’avoir cette voix grave que l’on connaît. De plus, pour mieux incarner le personnage, elle demande à être attachée à une chaise.

Le père Dyer, allias William O’Malley est un véritable homme de foi, jésuite, enseignant et écrivain. D’abord embauché en tant que conseillé, il se voit proposé le rôle de l’ami du père Karras. Ce sera son premier et dernier rôle. Il ne reprendra pas son personnage dans le troisième volet et sera remplacé par l’acteur Ed Flanders.

 

 

L’Exorciste : le film inspiré de faits réels

L’article paru dans le Washington Post relatant l’histoire de Robbie Mannhein.

L’histoire de ce film d’horreur culte se base sur un fait divers publié dans l’édition du 20 août 1949 du Washington Post, relatant un cas d’exorcisme en la personne de Robbie Mannheim, jeune garçon âgé de 14 ans. L’écrivain, William Peter Blatty décide d’écrire une fiction sur ce sujet. Le livre se vendra à plus de 13 millions d’exemplaires rien qu’aux États-Unis. D’où son adaptation au cinéma.

C’est l’histoire d’un jeune garçon qui après avoir fait une séance de spiritisme pour essayer d’entrer en contact avec sa tante décédée il y a peu, se met à changer de comportement. Le jeune homme devient violent et profère des injures. Dans sa chambre, le lit se met à bouger et à trembler, les meubles se déplacent. Le jeune garçon devient de plus en plus agressif et incontrôlable. Des griffures formant des mots se forment sur sa peau. Les médecins qui auscultent Robbie ne décèlent rien d’anormal. Le psychiatre ne voit aucun trouble d’ordre mental.

Les parents se tournent alors vers le père Raymond Bishop qui ne sachant quoi faire, fait appel au père William Bowdern. Tous deux décident de se rendre au domicile des Mannheim afin de faire une prière avec le fils.

Mais ils vont vite se trouver confrontés à l’impensable et ce qui devait n’être qu’une prière se transformera en une multitude de prières jusqu’au lever du jour. Le garçon est réellement possédé.

Ils décident alors de pratiquer des séances d’exorcisme. Les séances sont d’une rare violence. Robbie vocifère, hurle, crache et s’adonne à des crises de plus en plus violentes. Devant cette violence, l’adolescent est interné dans un couvent où seront pratiquées deux à trois séances d’exorcisme jusqu’à sa complète délivrance.

Robbie ne se souviendra plus de son état de possédé.

Voilà donc pour la pseudo histoire vraie racontée un peu partout, encore une fois, pour faire vendre le film. En réalité, plusieurs experts se sont penchés sur le cas Roland Doe, donc B. Allen, qui dans son livre intitulé « Possessed » et sorti en 1993, a déclaré que Roland Doe était un garçon fortement troublé et qu’il n’y avait rien de surnaturel dans son histoire.

Mark Opsasnick, lui aussi un auteur spécialiste du surnaturel, a mené son enquêté. Il révèle que Roland Doe relevait plus du cas psychiatrique que du domaine religieux. Il était un enfant gâté, un tyran. Il révèle aussi que le garçon n’a jamais changé de voix lors des exorcismes, et qu’il imitait simplement quelques mots latins entendus de ci et de là par des membres du clergé. Il a fait aussi remarqué que lorsque l’on a retrouvé des marques sur le corps du « possédé », personne n’a pensé à vérifier ses ongles pour voir s’il ne s’était pas infligé ces blessures.

Maintenant, c’est à nous de faire la part des choses. Ce que je pense, c’est que cet enfant était vraiment perturbé, qu’il avait besoin de soins médicaux avant tout. La possession démoniaque est très rare et beaucoup plus sournoise. Elle n’est jamais aussi évidente que cela. Et comme je le répète souvent, aujourd’hui, le démon n’a plus besoin de posséder les hommes, il les tente pour les entraîner avec lui dans la désolation. Les cas de possession sont rares, mais les cas d’infestation, d’obsession ou de vexation démoniaque sont en augmentation constante, justement parce que l’homme ne croit plus au Diable et que ce monde n’est que tentation.

 

Quelques anecdotes

Apparemment, « L‘Exorciste » serait un film maudit. On parlerait d’un nombre élevé de morts, de 17 à 19, qui sont survenus en 2 ans après la sortie du film, essentiellement parmi les acteurs secondaires et les techniciens, dont l’acteur Jack MacGowran (Burke Dennins) et le fils de Jason Miller (père Karras).

La rumeur dit, aussi, que le réalisateur n’hésitait pas à tirer de vrais coups de feu pour que les acteurs aient réellement peur et pour que cela se voie à la caméra. C’est à cause de cela qu’Ellen Burstyn se prend les pieds dans les câbles pendant la scène mythique de la mutilation au crucifix et se blesse grièvement au dos.

On dit aussi qu’un incendie a retardé la sortie du film de 2 mois.

Le film est bien fait dans le sens qu’il nous montre la nature originelle d’un démon, son esprit d’attaque, sa façon de nous emporter dans la désolation si on l’écoute. Le démon est menteur, fourbe et devine nos points faibles qu’il retourne à son avantage. Dans le film, nous le voyons s’attaquer au père Karras qui doute déjà de sa foi, et dont le démon le fera douter encore plus.

De plus, un prêtre était consultant pour ce film, afin de lui donner encore plus de réalisme et ce prêtre, dans une interview, a confié que le film, si l’on occultait la transformation de Regan, était réaliste dans le sens où un démon peut se comporter comme on le voit dans le film, c’est-à-dire manipulateur, menteur…

 

 

Qui est le démon Pazuzu

Statuette de Pazuzu, époque néo-assyrienne, Musée du Louvres.

Pazuzu est une divinité secondaire de la Mésopotamie du 1er millénaire av. J.-C. C’est le roi des démons du vent du sud, responsable de la propagation des épidémies et des fièvres. Les Sumériens pensaient qu’il commandait les vents du sud-ouest apportant la famine, la malaria, la sécheresse en été et les inondations pendant la saison humide.

Pazuzu ne semblait pas totalement inamical avec les hommes. En effet, il est souvent représenté sur les amulettes protégeant les bébés de la démone Lamashtu. Cette démone stérile était son épouse. Elle volait les nouveau-nés et rendait malades les femmes enceintes. Pour la combattre, on faisait appel à Pazuzu, qui se chargeait de la renvoyer aux enfers.

Pazuzu est représenté par une tête de lion, un corps couvert d’écaille, des ailes, des serres, un pénis en forme de serpent, des yeux exorbités, deux cornes au-dessus de sa tête. Sa main droite est levée vers le ciel signifiant la vie, la main gauche est tournée vers le bas, signifiant la mort, la destruction.

Pour en savoir plus sur le démon Pazuzu, je vous invite à lire l’article qui lui est consacré.

 

 

Pour résumer, la quasi-totalité du film se passe dans la chambre de Reagan, créant un univers glauque et oppressant. Ce film est bien fait, bien tourné. Il glace le sang. En le regardant, on ne peut y être indifférent. À sa sortie au cinéma, il a effrayé de nombreux spectateurs. Beaucoup  ont cru voir le démon, quelque part chez eux, en rentrant du cinéma. D’autres n’ont pas dormi pendant une semaine. Une petite poignée de personnes s’est crue possédée à son tour. En tout cas, c’est un film mythique qui reste un chef-d’œuvre du cinéma d’horreur. Sachez aussi qu’après ce film, l’Église a reçu de nombreuses demandes d’exorcisme.

 

Marie d’Ange

 

Pour aller plus loin

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3 commentaires sur “L’Exorciste, le film qui a fait ressurgir la peur du Diable

  1. […] je l’explique dans mes billets consacrés au film « L’Exorciste » et au démon Pazuzu, on comprend dans le premier volet que le démon attend une nouvelle […]

  2. […] Abaddon est moins célèbre que le démon Pazuzu (rendu célèbre par le film oh combien culte l’Exorciste), mais Abaddon a fait plusieurs apparitions en littérature, au cinéma, en musique… En voici […]

  3. […] Le cas Roland Doe ou Robbie Mannheim […]

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