Le presbytère de Borley était une imposante bâtisse de brique victorienne située dans la paroisse de Borley, dans le comté d’Essex en Angleterre. Construit en 1862 sur les ruines d’un ancien édifice détruit par un incendie en 1841, il avait servi de demeure au pasteur Henry Bull et sa famille. Ce presbytère considéré comme maudit et surnommé « la maison la plus hantée d’Angleterre » a été détruit par un incendie durant la Seconde Guerre mondiale et définitivement détruit en 1944. Malgré cela, sa réputation reste dans les mémoires…
Quelques généralités
Le presbytère de Borley était une immense résidence de style néo-gothique construite en 1862 à Borley (comté d’Essex en Angleterre) afin d’accueillir le pasteur Henry Bull et sa famille. Ce presbytère a été élevé sur le site d’un précédent édifice, un monastère cistercien datant du Moyen Âge détruit par un incendie en 1841.
Le presbytère de Borley est considéré comme « la maison la plus hantée d’Angleterre ». Détruit par un incendie pendant la Seconde Guerre mondiale et démoli en 1944, il reste un site de légende. D’après les différents témoignages, les phénomènes de hantise étaient nombreux en ce lieu, on parle de fantômes et de poltergeists, de présences.
Le presbytère de Borley est entouré d’anecdotes fantastiques et de nombreux témoignages de phénomènes paranormaux observés au sein même de la demeure. Mais je tiens à vous prévenir, chers lecteurs, que ce site appartient davantage à la légende qu’à l’histoire et qu’il est difficile de démêler le mythe de la réalité. D’autant plus qu’aujourd’hui le presbytère n’existe plus et qu’aucune enquête n’est possible. Cependant, son histoire et les témoignages sont glaçants.
Avant la construction du presbytère de Borley
Une légende raconte qu’à l’emplacement du presbytère, il existait un monastère cistercien bâti au Moyen Âge qui renfermait un trésor fabuleux gardé par les moines. On pense que ce trésor appartenait aux Templiers venus de France après la dissolution de l’Ordre en 1314. D’autres pensent que ce trésor serait les richesses accumulées par les moines. C’est pourquoi les moines n’auraient pas quitté les lieux et hanteraient le presbytère. Ils continueraient à garder le trésor.
Une autre anecdote concerne la reine Marie Stuart. En 1568, elle fut vaincue et obligée d’abdiquer. Elle se réfugia auprès de son ennemie Élisabeth d’Angleterre avec ses effets personnels. Ainsi, le trésor du monastère se trouva enrichi de la fortune des rois d’Écosse. Ces richesses furent confiées aux moines par le trésorier de la famille royale et l’on raconte que l’escorte qui l’avait accompagné jusqu’au monastère pour y déposer le trésor fut égorgée afin de maintenir le secret.
Une légende plus réaliste soutient que les allées et venues nocturnes, les troubles divers, les apparitions de fantômes et les agressions par des entités diaboliques qui ont été observés sur le site seraient en fait la conséquence de la rapacité et de la mauvaise foi des bons moines. En effet, des pirates auraient confié des trésors aux moines et ces derniers n’ont jamais voulu les rendre. Ils ont préféré s’enrichir. Les pirates auraient alors assassiné tous les moines et brûlé le monastère.
Au fil des années, la réputation du lieu a fait le tour de l’Angleterre et est devenue une référence pour tous les chasseurs de fantômes, un peu comme la maison d’Amityville aux États-Unis à la différence que la maison d’Amityville existe encore aujourd’hui.
L’histoire du presbytère de Borley est très intéressante. Il y a été noté un grand nombre, plus de 3000, phénomènes paranormaux. De plus, la presse populaire s’est intéressée à lui. Les médias attirèrent beaucoup de curieux, de médiums, de voyants… venus du monde entier pour assister à un phénomène surnaturel. Dans la foule, il y avait aussi de nombreux mythomanes qui ont colporté des histoires abracadabrantes, qui ont fait des déclarations fracassantes dans le but d’attirer l’attention sur eux. C’est pourquoi il est très difficile de démêler le vrai du faux dans cette histoire.
C’est durant ces investigations qu’est née une légende racontant l’amourette d’une jeune et ravissante nonne enlevée par un jeune moine du monastère de Borley. Dénoncés par le paysan qui les transportait, les amoureux furent surpris alors qu’ils tentaient de gagner Londres. Le moine fut pendu et la nonne fut condamnée à être emmurée vive dans la crypte de la chapelle. Au Moyen Âge, on ne rigolait pas avec ces choses-là ! Depuis, les deux amoureux se vengeraient en faisant fuir les habitants du presbytère.
Une autre légende parle d’une religieuse française, Marie Lairre, qui après avoir quitté le couvent du Havre, aurait épousé un noble de Borley, un certain Henry Waldregrave. Ce seigneur aurait étranglé sa femme en 1667 dans l’ancien monastère, à l’endroit même où sera édifié plus tard le presbytère de Borley. La jeune femme n’aurait jamais quitté les lieux et serait éprise de vengeance. Ce conte a pour origine le compte-rendu de séances spirites réalisées dans l’enceinte du bâtiment par la médium Helen Glanville. Et après, on va s’étonner que cet endroit vibre en négatif lorsque l’on réalise, entre ses murs, des séances de spiritisme et que l’on appelle volontairement les démons ! Car oui, ce n’est jamais des fantômes qui répondent à l’appel des spirites, mais bien un démon qui se fait passer pour un fantôme.
Ce lieu réputé maudit renferme bien d’autres anecdotes à faire frémir d’horreur. En voici quelques-unes :
Certains parlent d’un cavalier, un messager de la reine, qui serait mort rongé par les renards et les rats après avoir eu les quatre membres coupés et laissés sur le bord de la route à l’agonie. En même temps, soyons logique : si l’on réalise une ablation des quatre membres sur une personne, que l’on ne suture pas les plaies, il se videra de son sang très rapidement, tellement rapidement que les rats rongeront un cadavre ! On comprend bien que cette histoire est racontée pour faire susciter la peur de celui qui l’écoute.
On parle aussi d’un prêtre, le père Enoch, qui aurait été cloué vivant par des bandits sur la porte de son oratoire.
Les manifestations surnaturelles
Avec l’édification en 1863 d’un bâtiment neuf et béni, le révérend Henry Bull espérait mettre fin à ces légendes et faire de sa demeure un lieu apaisé. Mais cela ne s’est pas passé comme il l’avait prévu. Après quelques mois passés dans la maison, Henry Bull et sa famille ont commencé à voir, entendre, ressentir des choses étranges : des coups sourds provenant du sous-sol ou des combles, du sang suintant des poutres et du plafond, des bruits de pas la nuit, des sonneries de cloches, des apparitions d’entités…
Un an après y avoir emménagé, un soir, l’un des fils du révérend s’est plaint d’avoir été giflé au visage par une main invisible. Son petit-frère se plaindra d’être réveillé la nuit par un homme habillé avec des vêtements d’un ancien temps qui se tient debout devant le lit, armé et le fixant.
La femme du révérend aurait entendu, trois nuits de suite, un attelage galoper dans l’allée. Elle serait allée vérifier à la fenêtre, mais la cour était déserte.
Le couple Bull avait 14 enfants et tous ont été témoins de phénomènes inexplicables. Ces phénomènes seraient même devenus au cours du temps violents : portes arrachées, volets brisés, bruits étranges, odeurs pestilentielles, sons terrifiants, jets de pierres sur le toit, déplacements inexplicables des meubles…
Le révérend Henry Bull était un homme profondément croyant. Devant l’ampleur des évènements, il se décida à faire appel aux autorités ecclésiastiques pour demander un exorcisme des lieux.
Cette requête fut acceptée et un exorciste se présenta au presbytère de Borley afin de le nettoyer des infestations. Cet exorcisme ramena la paix au sein de la demeure pendant quelque temps. Les enfants Bull assistèrent à l’exorcisme ébahis. Les semaines qui suivirent, ces derniers jouèrent à l’exorciste sans penser à mal.
Plusieurs personnes, qui les ont vu faire, affirmèrent que les phénomènes paranormaux qui avaient lieu dans le presbytère n’étaient que des jeux d’enfants, que les enfants du révérend avaient joué aux fantômes et avaient pris plaisir à effrayer les domestiques. Mais cette explication ne convainquit pas les spécialistes du paranormal.
L’aîné de la famille, Malcolm Bull, quitta la demeure familiale pour étudier à Edinburgh afin de devenir révérend comme son père. Lorsqu’il revint, il prit la relève de son père et s’installa au presbytère de Borley. Il épousa une certaine Margaret et le couple eut de nombreux enfants, dont Harry et Jennifer. Ces derniers, s’ennuyant au presbytère, jouèrent à faire peur aux domestiques. Ils se déguisaient en fantômes et la nuit, ils erraient dans les chambres. Les domestiques parlèrent au village et bientôt, une rumeur se répandit parmi les paysans : le presbytère était hanté par le Diable.
Après la Première Guerre mondiale, Harry succéda à Malcom. Son ministère connut une période paisible. Harry connaissait le monde surnaturel et savait comment chasser les fantômes et les esprits mauvais. Plus aucune manifestation surnaturelle ne vint entraver la quiétude de la demeure.
Au début des années 20, une rumeur se répandit dans le village. Partout, on disait que le presbytère était hanté. Il faut dire que durant cette période, plusieurs manifestations paranormales vinrent entacher la réputation du lieu. Malgré sa connaissance du monde spirituel et démoniaque, Harry Bull ne put empêcher certains phénomènes surnaturels de se produire. On nota l’apparition de poltergeists, des hurlements nocturnes, des fruits pourrissant en une nuit, des conserves avariées, une invasion de serpents, l’eau du puits empoisonnée… Tous ces évènements font penser à une présence démoniaque. Les habitants du village n’osèrent plus se rendre au presbytère de Borley ; ils murmuraient que le lieu était maudit et cette réputation entacha celle du révérend.
Malgré tout, Harry Bull resta dans la demeure jusqu’à sa mort, en 1927, affaibli et en mauvaise santé.
La venue des Smith
Après la mort du révérend Harry Bull, Éric Smith et sa famille s’installèrent au presbytère de Borley en 1928 malgré sa réputation sulfureuse. Mais Éric Smith ne croyait pas à toutes ces rumeurs.
Très vite, la famille Smith fut dérangée par des manifestations étranges : des plaintes lugubres la nuit, des bruits de pas, des déplacements étranges d’objets et de meubles, des apparitions d’entités… et les choses s’aggravèrent rapidement. Il y eut des jets de pierres, des suintements de sang dans les murs, l’apparition de champignons visqueux dans les charpentes et les poutres. Mary Pearson, la domestique des Smith, effrayée, quitta la demeure. Elle parla de toutes ces manifestations démoniaques aux habitants du village de Borley.
Un journaliste du Daily Mirror s’intéressa au presbytère et publia un article le 10 juin 1929 dans lequel il parla d’apparitions fantomatiques et de signes diaboliques. Dès lors, le presbytère de Borley attira de nombreux curieux, dont Harry Price, un personnage haut en couleur, un pseudo-spirite, un faux médium, bref un charlatan. Riche et séduisant, Harry Price s’était autoproclamé « chasseur de fantômes » et avait fondé un « Laboratoire National des Sciences psychiques ».
Harry Price se rendit à Borley. Il visita le presbytère, fit une brève enquête, interrogea les habitants du village et décréta que le lieu était hautement hanté. Il persuada le pasteur Smith à l’aider à mener une enquête plus approfondie. Ce dernier accepta.
C’est ainsi que Harry Price revint au presbytère accompagné de journalistes, à bord d’une somptueuse voiture, fumant le gros cigare. Il attira l’attention sur lui, bluffa les habitants de Borley et fouilla sans ménagement dans la vie intime de ces derniers. Ne supportant pas tout ce battage médiatique, les Smith quittèrent le presbytère. La famille s’installa à Long Melford. Le révérend Smith continua néanmoins à s’occuper de sa paroisse et ses paroissiens.
Des curieux affluèrent de toute l’Angleterre. Éric Smith, n’en pouvant plus de tous ces gens qui le suivaient à longueur de temps, quitta définitivement la région et s’établit à Norfolk. Après son départ, le presbytère retrouva son calme pendant quelques mois, jusqu’à l’arrivée de la famille Foyster.
La famille Foyster
Les Foyster arrivèrent quelques mois après le départ des Smith. Ils s’installèrent au presbytère le 16 octobre 1930. Lionel Foyster, le patriarche, était un cousin d’Harry Bull et connaissait les lieux pour y avoir passé ses vacances. Avec son épouse Marianne et leur fille Adélaïde âgée de 2 ans, ils prirent possession des lieux. Lionel Foyster était quelqu’un de rationnel qui ne se laissait pas facilement abuser ; la réputation du presbytère ne l’effrayait pas.
Mais très vite, la famille fut dérangée par des manifestations paranormales : déluge de cailloux, suintements de sang dans les murs, apparitions d’entités démoniaques, hurlements et ricanements de nuit comme de jour… Parfois, ces entités agressaient physiquement les hôtes du presbytère : griffures, morsures, gifles… Les domestiques étaient même bousculés dans l’escalier monumental de la demeure et roués de coups. Là encore, ces manifestations font penser à une présence démoniaque.
Lionel Foyster fit à nouveau appel à Harry Price qui revint sur le lieu en grande fanfare bien décidé cette fois-ci à démêler toute cette histoire. La première fois, il n’a pu prouver la véracité des faits surnaturels. À son arrivée, il constata que les manifestations étaient encore plus violentes que la fois précédente. Des messages sataniques étaient griffonnés sur les murs. Harry Price soupçonna Marianne Foyster d’avoir réalisé ces messages, mais ne put l’accuser ouvertement. De plus, ce phénomène se poursuivait malgré l’absence de Marianne dans la maison.
Harry Price, l’autoproclamé « chasseur de fantômes » ne croyait pas au surnaturel. Son but était de prouver que toute cette histoire était l’œuvre d’un plaisantin. En janvier 1932, devant les évènements et ne pouvant pas les expliquer, il décida de faire exorciser le presbytère par un groupe de spirites conduit par Marks Tey, un désenvoûteur. Ce dernier fût secondé par Guy L’Estrange, un médium.
Le groupe de spirites effectua des prières de purification et de délivrance. Toutes les manifestations surnaturelles cessèrent. Il n’y eu plus de bruits étranges, plus d’apparitions, plus de jets de pierre… Mais cette accalmie ne dura pas longtemps. À peine le groupe parti que les phénomènes paranormaux recommencèrent. D’étranges musiques retentissaient dans l’église, le vin de messe se changeait régulièrement en encre, les femmes et les vaches des environs avortaient sans raison médicale, les poules cessèrent de pondre des œufs, des entités lévitaient toute la nuit et étaient vues jusqu’au village ; il semblait que les phénomènes étranges touchaient aussi, à présent, les habitants des environs.
Un matin, Marianne découvrit le visage de sa fille couvert de sang. Son petit corps montrait plusieurs traces de coups. C’en fut trop pour la maman qui convainquit son mari de quitter les lieux. C’est ainsi qu’en 1935, les Foyster quittèrent Borley définitivement affirmant être à bout de nerfs et incapables de gérer les évènements.
Après le départ des Foyster, le presbytère fut acheté par l’Église et ce fut le révérend Henning qui s’y installa en 1936. Ce dernier ne voulut pas rester au presbytère et demanda l’autorisation d’habiter à Liston, un village proche de Borley.
En 1937, Harry Price loua le presbytère de Borley et vint s’y installer. Il fit passer une annonce dans le Times invitant toutes personnes saines de corps et d’esprit à rejoindre son équipe de témoins pour un an, de jour comme de nuit, au presbytère de Borley. L’annonce disait aussi que tous les scientifiques étaient les bienvenus.
Les candidatures furent nombreuses. Price effectua une première sélection et retint une certaine Helen Glanville, spécialiste du oui-ja, et ses enfants ainsi qu’un diplomate répondant au nom de Mark Kerr-Pearse. L’équipe constituée, Price distribua les tâches à chacun de ses collaborateurs ainsi qu’un manuel décrivant les méthodes d’investigation d’un lieu hanté. Helen Glanville effectua quelques séances de oui-ja et fit de surprenantes révélations, dont celle de Malcom Barnes, un chevalier de la reine d’Écosse, mort sans sépulture en terre d’Islam et qui errerait les nuits de lune à la recherche de son épée sertie de pierres précieuses qui se trouverait dans le trésor des moins de Borley. Une autre révélation concernait une certaine Marie Lairre, une religieuse assassinée par Henry Waldegrave. Son esprit errerait dans le presbytère.
Une séance de oui-ja se déroulant en mars 1938 révéla la destruction prochaine du presbytère par le feu et la découverte, dans les ruines, des restes d’une nonne assassinée. Et effectivement, ces évènements se sont produits plus tard…
Ce qui me surprend, avec les spirites, c’est que chaque fois, ils parlent de fantômes et quasiment jamais ils n’évoquent un esprit démoniaque. Nous voyons là toute la perfidie du démon qui aime les tromper et l’inutilité de leur “art”, car en courant derrière les fantômes, les spirites sont incapables de discerner une présence démoniaque. Et d’ailleurs, les démons s’amusent beaucoup de leur incrédulité, ils se font passer pour des âmes errantes afin de les conforter dans leur croyance et de mieux les perdre.
La destruction du presbytère
William Gregson et sa famille furent les derniers habitants du presbytère. Gregson était un rationaliste sceptique. Il acheta la demeure pour un morceau de pain. Il s’était entretenu avec Harry Price (ce dernier, d’ailleurs, n’avait pas trouvé d’explications rationnelles aux évènements paranormaux). William Gregson ne croyait en rien, ni en Dieu, ni au Diable et encore moins aux âmes errantes.
Pourtant, dès son installation, les esprits qui habitaient le presbytère se déchaînèrent et le pauvre homme dut se rendre à l’évidence : le monde surnaturel existait. Gregson eut droit à tout : apparitions, sang sur les murs, jets de pierres, coups, bruits lugubres, cris…
Durant la nuit du 27 au 28 février 1939, le presbytère prit feu à cause d’une mauvaise manipulation d’une lampe à pétrole. La demeure s’enflamma rapidement, les flammes gagnèrent rapidement l’étage. Le presbytère fut gravement endommagé, inhabitable. Cet incendie réveilla les vieilles légendes. De mauvaises langues affirmèrent que les propriétaires avaient brûlé le presbytère pour toucher l’assurance.
En 1943, Harry Price publia son premier livre sur le presbytère dans lequel il relatait son expérience dans les lieux. La même année, il reprit l’enquête et fouilla les sous-sols calcinés. Il découvrit un squelette de femme enterré dans la cave. Il affirma que c’était celui de la nonne prédit par l’esprit qui avait parlé à travers la planche oui-ja.
Après l’incendie, les manifestations paranormales ne cessèrent pas. Les esprits qui hantaient le presbytère se déplacèrent jusqu’à l’église de Borley, de l’autre côté de la route. Les médias s’emparèrent de l’affaire attirant à nouveau une foule de curieux à Borley.
Des photographes professionnels ou amateurs publièrent des clichés parfois très énigmatiques de certaines apparitions. Ces photographies étaient, pour la plupart, truquées. Pourtant, elles furent prises très au sérieux. Sur une photographie, on pouvait voir une brique lévitant dans les airs, sur une autre, un vieil homme au corps voûté, au visage buriné, sans oreilles et sans nez. Un photographe du Dick Gee montra une photo prise à l’intérieur de l’église sur laquelle on voyait un halo lumineux au centre. On pensa que cette apparition était un ange.
Après la Seconde Guerre mondiale, Alan Gregson, un des fils de William Gregson, écrivit une lettre à son ami Richard Lee dans laquelle il relatait ses souvenirs d’enfance. Richard Lee enquêtait sur les fantômes du presbytère. Alan lui raconta ce qu’il avait vécu dans le presbytère. Richard Lee interrogea Richard Gregson, le petit frère d’Alan, qui conta les mêmes évènements dans une version plus dramatique. Pour en avoir le cœur net, Richard Lee interrogea Marianne Foyster qui donna un récit détaillé de ses souvenirs et qui affirma que tous les phénomènes avaient été exagérés. Elle ajouta que son mari et elle riaient des élucubrations qu’ils lisaient dans les journaux à propos du presbytère.
En 1958, Marianne Foyster se confia à une équipe de chercheurs qui enquêtaient sur le presbytère. Pour elle, toutes les manifestations n’étaient qu’une mise en scène. Elle avoua que son mari, elle-même et ses enfants avaient tout manigancé, avaient fait croire à des manifestations surnaturelles pour se moquer de la crédulité des gens. Elle ajouta qu’elle avait gravé les inscriptions démoniaques sur les murs du presbytère, collé les champignons entre les poutres, utilisé du sang frais de porc pour provoquer le fameux suintement. L’idée de faire croire en un lieu hanté lui était venue après une soirée chez des amis durant laquelle la maîtresse de maison âgée avait raconté combien elle s’était amusé lorsqu’elle était jeune en faisant croire à ses parents que la maison était hantée, en se déguisant en fantôme, en jetant des pierres contre la façade, en se cachant dans le grenier, en hurlant, en répandant des boules puantes…
Un presbytère hanté ou canular ?
Certains affirment que bien avant la construction du presbytère, un sentier menant à l’église, connu sous le nom du « sentier de la nonne » avait été baptisé ainsi en souvenir du fantôme d’une religieuse qui se montrait souvent le long de cette route.
Aujourd’hui encore, l’église de Borley serait encore le théâtre de manifestations étranges. Mais cette affirmation n’a jamais pu être vérifiée.
En 1995, David Bamber photographia Harry Price semblant flotter au-dessus d’une pierre tombale. En 1999, il publia une photographie sur laquelle on pouvait deviner, avec beaucoup d’imagination, la silhouette d’une nonne flottant dans un arbre au niveau du sentier de la nonne.
Harry Price, qui avait démasqué de nombreuses impostures, de faux médiums, élucidé des affaires de hantise truquées, n’avait pu apporter la preuve d’une imposture dans cette affaire. Pire, il avait déclaré, lui qui ne croyait pas au monde de l’occulte et au paranormal, que le presbytère était hanté. Les études qu’il avait réalisées dans le presbytère donnèrent lieu à un film « Qui hante le presbytère de Borley ? » Pour lui, le lieu était hanté, infesté d’entités démoniaques.
Harry Price s’est éteint en 1948. Certains de ses anciens collaborateurs alimentèrent la controverse et l’accusèrent d’avoir amplifié les phénomènes afin de vendre ses livres.
Enfin, et pour finir, sachez que le diable aime particulièrement faire naître le doute et semer la confusion. Dans cette histoire, d’un côté, personne n’a pu apporter la preuve que tous les phénomènes paranormaux étaient provoqués par une personne vivante ou naturels et en même temps, Marianne Foyster a révélé avoir provoqué ces phénomènes. Qui croire ? C’est dans cette question que l’on reconnaît toute la malignité du diable.
Marie d’Ange
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