L’Exorciste 2 : L’hérétique

L’Exorciste 2 : L’Hérétique est la suite de l’Exorciste sorti en 1973. Mais sa parution en salle en 1977 a déferlé de nombreuses critiques. Le 2e volet ne se révélait pas à la hauteur des attentes du public.  Il n’était pas aussi « horreur » que le premier. Explications.

Rappel

La Saga L’Exorciste est composée de 4 films et d’une préquelle. Celle-ci, tournée avant le 4e volet, est un projet qui a été refusé par les producteurs. Elle ne fait donc pas officiellement partie de la série.

  • 1973 : L’Exorciste réalisé par William Friedkin.
  • 1977 : L’Exorciste 2 : L’Hérétique réalisé par John Boorman.
  • 1990 : L’Exorciste, la suite, film réalisé par William Peter Blatty.
  • 2004 : L’Exorciste : Au commencement réalisé par Renny Harlin.
  • 2005 : Dominion : Prequel to the Exorcist réalisé par Paul Schrader.

 

La sortie

L’affiche du film

« L’Exorciste 2 : L’Hérétique » est un film sorti dans les salles américaines en 1977. Il faudra attendre le 25 janvier 1978 pour le voir en France.

Réalisateur : John Boorman

Scénario: William Peter Blatty

Adaptation : William Goodhart

Acteurs : Linda Blair dans le rôle de Regan MacNeil

Richard Burton dans le rôle du Père Philip Lamont

Louise Fletcher dans le rôle du Docteur Gene Tuskin

James Earl Jones dans le rôle de Kokumo

Max Von Sydow dans le rôle du Père Merrin

Kitty Winn dans le rôle de Sharon Spencer

Paul Henreid dans le rôle du Cardinal

Durée : 118 minutes

Musique : Enio Morricone

Richard Burton a été nominé en 1978, à l’Académie des films de science-fiction, fantastique et d’horreur, au prix du meilleur acteur, Linda Blair pour la meilleure actrice et le film a été nominé pour les meilleurs effets spéciaux.

 

 

Synopsis

Quatre années se sont écoulées depuis l’exorcisme de Regan durant lequel le Père Merrin est mort. Regan est à présent une jeune femme. Elle est souvent victime de cauchemars. Pour les comprendre, elle suit une thérapie avec le Docteur Gene Tuskin. Pendant ce temps, le Père Lamont enquête sur la mort mystérieuse du Père Merrin. Il va se retrouver confronté au démon Pazuzu, qui possède toujours l’âme de Regan. Par l’intermédiaire d’un synthétiseur, il crée un contact avec Regan enfant et donc le démon. Un combat sera donc nécessaire pour combattre et vaincre définitivement Pazuzu. Le père Lamont suivra les traces de Pazuzu jusqu’en Afrique et rencontra Kokumo, un entomologiste africain autrefois possédé par le démon.

 

 

Autour du film

Le tournage a eu lieu de mai à novembre 1976 aux studios Warner Bros de Burbank, Glen Canyon, New York, Page et Washington.

Linda Blair a refusé d’être maquillée comme pour le premier film. On utilisa donc une doublure pour les scènes de possession.

Le rôle du père Lamont avait été proposé à Jon Voight qui accepta dans un premier temps. Mais à cause d’une divergence de scénario, il a décliné l’offre. On pensa alors à David Carradine et Jack Nicholson. Mais le studio refusa David Carradine à cause de son tempérament emporté et Jack Nickolson demandait un salaire trop élevé.

Dans le script original, un rôle important était prévu pour Lee J Cobb (le lieutenant Kinderman). Mais celui-ci décéda en 1976 et le script fut réécrit.

L’exorciste 2 : l’Hérétique est le dernier film de Paul Henreid (le cardinal) après une carrière de plus de 40 ans.

Le film a été le plus gros budget du studio Warner Bros (14 millions de dollars) de l’année 77.

La sortie en salle fut un véritable désastre. Le public manifesta violemment sa déception. John Boorman fut contraint d’effectuer un remontage du film une semaine à peine après sa sortie, supprimant par la même occasion un passage de plus de 10 minutes. C’est cette version remontée qui a été distribuée en VHS. La version originale ne sera visible que dans les années 90, sous forme de DVD.

Il existerait une fin différente du film ainsi qu’un autre montage qui seraient en possession du réalisateur John Boorman.

Le DVD, mis en vente après la sortie du film, ne présente pas la version originale. Il présente une fin différente de celle vue dans les salles américaines.

John Boorman avait refusé le tournage de « L’Exorciste ». Mais face à l’échec de son film « Zardoc », il fut contraint d’accepter la réalisation du 2e. D’ailleurs, le tournage du film a été très difficile pour lui. Il a contracté un virus qui l’obligea à rester couché pendant 5 semaines.

 

 

Les critiques

On sait que John Boorman est un réalisateur de génie. On lui doit, notamment, « le point de non-retour », « Duel dans le Pacifique » et « Excalibur ». On attend donc un très bon film d’horreur. Ce qui n’est pas le cas. On s’attend à un exorcisme avec injures, crucifix, Bible, vomissures, têtes rotatives, vomis verts… Mais on est loin du compte. Le film ne ressemble pas au 1er. Il nous fait voyager à travers l’Afrique à la recherche des origines du démon. Il est une accumulation de symboles psychologiques et théologiques que l’on ne comprend pas toujours.

« L’Exorciste 2 » prend des risques et se démarque du 1er. On ne peut pas dire que c’est un navet, mais il n’aura pas le même succès que le 1er. John Boorman nous assaille d’idées souvent mal exploitées. L’histoire est difficile à suivre. Comme la scène d’hypnose qui nous fait deviner quelques indices qui amèneront le père Philipp Lamont en Afrique.

D’ailleurs, c’est en Afrique où se déroulent les meilleures scènes.

Le film se perd dans une réflexion étrange, qui restera définitivement floue.

De « L’Exorciste« , il ne restera que trois personnages : Regan MacNeil, le père Merrin (qui apparaît très discrètement lors des flash-back) et Sharon Spencer (la gouvernante). C’est un peu faible pour faire une suite qui se tient. Par contre, on ne voit plus la mère de Regan, Chris MacNeil.

Entre en scène alors un nouveau personnage sur les traits de Richard Burton interprétant le père Phillip Lamont. C’est un personnage qui s’interroge sur sa foi d’une manière tellement intérieure qu’on peut se demander s’il n’est pas un peu absent.

Le réalisateur consacre entièrement son film à démystifier la possession dont a été victime Regan. Il ne fait que dévoiler l’origine du mal nous faisant oublier totalement la statuette, le visage démoniaque subliminal et les silhouettes infernales que l’on entrevoit lors de l’exorcisme de Regan. Pazuzu devient une entité palpable, capable de communiquer via l’hypnose de Regan, se déplaçant sous la forme de sauterelles. On comprend que Pazuzu est alors le « Roi des nuées » originaire d’Éthiopie, décidé à s’en prendre aux incarnations du bien, à des guérisseurs, donc à Regan et Kokumo. Ce qui va à l’encontre à la véritable origine de Pazuzu (voir l’article sur le démon).

Le réalisateur nous livre un film sur la lutte du bien et du mal répétée à divers stades symboliques – foi/non-croyance, guérisseur/démons- et non un film d’épouvante. Même la musique est plus angoissante que le film. Le réalisateur ne sait pas où il va. Il zappe complètement le père Karras. Il remplace la chambre de Regan, lugubre, par un décor de savane. Il passe d’un Kokumo enfant possédé, à un Kokumo « tribal » à un Kokumo « scientifique ». Trois personnages en un ! Fabuleux ! Sauf qu’on s’y perd.

Aucun véritable thème ne se dégage du film. Même la source originelle de Pazuzu est fausse.

 

Pour résumé, l’Exorciste 2 : l’Hérétique est un film brouillon, quasiment incompréhensible qui mêle un conte à la fois fantastique, poétique, scientifique, mystique et religieux. Le film pose de nombreuses questions, mais n’y répond jamais. On a l’impression d’être en plein dans un délire mystique à cause des nombreuses séquences d’hypnose où les protagonistes entrent en transe. Rien n’est réellement exploité. Et en tant que démonologue, ce film n’apporte rien.

 

Marie d’Ange

 

Pour aller plus loin

 

Tweet

Étiqueté ,

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

CommentLuv badge

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.

error: Halte au plagiat
%d blogueurs aiment cette page :