Les miracles de Noël

À l’origine, Noël était une fête païenne qui existait sous différentes formes pour marquer le solstice d’hiver avant d’être modifiée par les chrétiens pour célébrer la naissance de Jésus et unifier les peuples sous une même fête. De nos jours, Noël est surtout une fête profane, avec la venue du père Noël et le sapin de Noël. Elle est même devenue une fête commerciale caractérisée par l’échange de cadeaux et un dîner familial aux mets fins. Mais, de nombreuses croyances et miracles entourent cette fête spéciale chère à tous les croyants et chère (dans le sens onéreux) à tous les non-croyants.

 

 

Des pierres qui se déplacent seules

Il existe, en Franche-Comté, la légende de la roche pyramidale dominant la crête d’une montagne qui tourne trois fois sur elle-même pendant la Messe de minuit au moment où le prêtre lit la généalogie du Christ. Et après avoir fait ses trois tours, le sol s’entrouvre laissant apparaître tous les trésors enfouis dans les profondeurs de la terre.

Toujours en Franche-Comté, il existe la légende de la pierre qui vire. C’est une pierre pointue qui est dressée en équilibre sur un rocher. On la trouve entre les villages de Scey-en-Varais et de Cler et il semblerait qu’elle fasse un tour complet sur elle-même au douzième coup de minuit.

Toujours dans le même esprit de ces pierres qui se déplacent seules, il existerait, près de Remiremont dans les Vosges, une pierre appelée la pierre tournerose qui se mettrait en mouvement dès l’appel des fidèles à la Messe de minuit.

Au pays de Caux, il existe aussi une légende des pierres tournantes. Ces pierres feraient trois fois le tour sur elles-mêmes (on remarquera que le chiffre 3 apparaît souvent dans ces légendes) lors de la messe de minuit et que des montres exécuteraient autour d’elles des danses folles. On dit qu’il ne faut surtout pas les troubler.

Dans la ville de Minières, dans le Cotentin, au carrefour des Mariettes, il existe un bloc de pierre très lourd qui sauterait trois fois, à minuit pile le jour de Noël.

C’est en Bretagne que l’on trouve le plus de légendes concernant des pierres qui se meuvent seules lors de la Messe de minuit. Par exemple, on trouve dans le bois de Couardes, un bloc de granit haut de trois mètres qui descend pour aller boire au ruisseau voisin avant de remonter à sa place. Il existe aussi la légende des pierres de Plouhinec qui viennent boire à la rivière d’Intel et bien d’autres encore.

Ces légendes parlant de pierres qui se meuvent seules sont tellement nombreuses que je ne peux toutes les citer dans ce billet de blogue.

 

 

Des animaux qui conversent

Il existe en France une croyance populaire qui mentionne des animaux conversant entre eux pendant la Messe de minuit et surtout lors du chant de la Généalogie.

Cette croyance est très répandue et il existe de nombreuses variantes, comme celle du paysan qui, ayant oublié d’offrir à son bétail de la nourriture pour le réveillon, entend ses deux grands bœufs discuter dans l’étable et dire qu’ils vont enterrer leur maître. Ce dernier, furieux en entendant cette sombre prédiction, saisit sa fourche pour frapper les bœufs. Mais dans la précipitation, il tombe et se blesse à la tête. Et effectivement, le lendemain, les bœufs le portent en terre comme ils l’avaient prédit.

Aujourd’hui encore, dans les Vosges, on a coutume de donner abondamment à manger aux animaux avant d’aller à la Messe de minuit.

On raconte qu’à Cornimon, au Val d’Ajol, un habitant du village réputé pour être très intelligent, voulut percer le mystère de ces animaux qui conversent à Noël. Il se cacha dans son étable et attendit minuit. Dès l’appel à la Messe, il vit un bœuf se réveiller puis se lever et demander, en bâillant, à un autre bœuf, ce qu’ils feraient tous deux le lendemain. Celui-ci lui répondit qu’ils conduiraient leur maître au cimetière. Et la prédiction se réalisa puisque le maître en question, en entendant converser ses bœufs, tomba raide mort de frayeur.

Les paysans landais racontent, pendant les veillées d’hiver, une légende terrifiante sur la nuit de Noël. Ils prétendent que le jour de Noël, à minuit, l’âne et le bœuf se mettent à converser. Ils parlent du temps où l’Enfant Jésus n’avait pour se réchauffer que leur haleine. Il est dit que ce don miraculeux de la parole est le cadeau envoyé par Jésus à ces deux animaux en particulier, en souvenir des bons offices rendus alors qu’il était bébé dans l’étable de Bethléem. Mais malheur à celui qui tente de suspendre leur mystérieuse conversation. Sa témérité sera punie de mort.

On raconte qu’un paysan de Gaillères l’éprouva à ses dépens. Trop curieux, l’homme alla écouter à l’étable et voilà, pile à minuit, le bœuf conversa avec l’âne en patois local. Le paysan mourut sur le coup.

Il y a de nombreuses histoires similaires que l’on se raconte lors de la veillée. Encore une fois, cela serait trop long de toutes vous les narrer dans ce billet de blogue.

 

 

Les démons et autres croyances superstitieuses

La nuit de Noël est assurément la nuit la plus mystérieuse de toutes. C’est la nuit où le démon est en rage de la venue du Messie. C’est la nuit où Satan repense à son échec que ce divin anniversaire lui remet en mémoire et donc redouble de haine et de rage envers l’humanité. On raconte qu’il mettrait des embûches sur le chemin de ceux qui se rendent à la Messe de minuit.

Il y a une légende qui nous conte l’aventure fantastique d’un vieux domestique du collège de Saint Amand, aventure qui lui serait arrivée le 25 décembre 1783. Ce vieil homme avait tendu des collets dans un ancien cimetière de la région. Il savait que cela était interdit un tel jour, que cela lui vaudrait les foudres divines. Mais il insista et comble de sa folie, il alla courir dans ce cimetière pendant la Messe de minuit. On se doute qu’un malheur allait lui arriver. Et il arriva très vite, puisque le pauvre bougre trouva un lièvre pris au piège qui, le voyant arriver, se coupa la patte avec les dents pour s’enfuir. Le vieil homme lui courut derrière, le lièvre blessé se sauvait aussi vite que sa patte blessée le lui permettait.

Après une longue course, ils arrivèrent près des bords du Cher et au moment où le vieil homme allait mettre la main sur le lièvre, l’animal franchit la rivière d’un seul bond. Puis, de l’autre côté de la rive, il retrouva sa véritable forme et l’homme vit, avec horreur, que le lièvre était en fait un diable. Ce dernier lui dit : « Eh bien l’ami, est-ce bien sauté pour un boiteux ? »

Le vieil homme mourut d’effroi.

Dans les campagnes Limousines, il existe cette croyance que tous les maléfices, les sortilèges perdent leur puissance la nuit de Noël et que tous les possédés, l’espace d’un jour, sont délivrés.

Shakespeare connaissait cette tradition. On peut lire dans Hamlet, à l’acte I, scène 1, ce passage suivant : « Il y en a qui disent que toujours à l’époque

où est célébrée la naissance de notre Sauveur,

L’oiseau de l’aurore [le coq] chante tout le long de la nuit ;

Alors, dit-on, aucun esprit n’ose errer dans l’espace ;

Les nuits sont sans malignité, nulle planète ne peut nuire,

Nulle fée ne prend, et nulle sorcière n’a le pouvoir de jeter des sorts ;

Si bénit et si plein de grâce est ce moment de l’année ! »

Et en effet, dès le premier tintement du premier coup de minuit et pendant tout le jour de Noël, les démons n’ont plus d’emprise sur terre. Ils sont réduits à l’impuissance. C’est le jour propice à la prière, au pardon et au repenti, car le démon ne pourra pas nous en empêcher.

Dans le même esprit, une légende raconte l’aventure de Jean Scouarn habitant le village de Saint-Michel-en-Grève, dans les Côtes-d’Armor. Un jour, alors qu’il errait sur les grèves de Saint-Michel, il rencontra un chemineau à qui il donna un morceau de pain. Pour le remercier, ce dernier lui révéla un moyen de faire fortune et d’obtenir le bonheur. Il lui apprit qu’au milieu de la grève se dressait un château et que ce château était habité par une magnifique princesse retenue sous les eaux par des esprits maléfiques. À Noël, au premier coup de minuit, la mer s’ouvrait et laissait voir le château. Il fallait alors y entrer et aller chercher dans la salle du fond une baguette magique et avec cette baguette délivrer la princesse et l’épouser. Mais, et c’est cela toute la difficulté de la chose, il fallait se saisir de l’objet magique avant la fin des douze coups de minuit, sinon la mer reviendrait engloutir le château et l’aventurier serait changé en statue pour l’éternité.

Jean Scouarn voulut tenter l’aventure. Il attendit sur la berge et effectivement, au premier coup de minuit de Noël, la mer s’écarta et laissa voir un magnifique château resplendissant de lumières. Notre homme s’y précipita et entra dans une première salle remplie de coffres forts et d’argent. Tout autour de lui se tenaient des statues. Certainement de pauvres hommes qui ont été faits prisonniers. Devant lui, une seconde salle gardée par des lions, des dragons et des monstres. Scouarn ne devait pas hésiter s’il voulait réussir sa mission.

Alors que le sixième coup de minuit sonnait, il s’élança et réussit à passer au milieu des bêtes qui s’écartèrent sur son passage. Il pénétra dans un appartement encore plus somptueux que le premier, où se tenaient des sirènes. Ces dernières le charmèrent et notre aventurier se laissa entraîner dans leur ronde. Lorsque soudain, il vit la baguette et se souvint de sa mission. Il s’élança à nouveau et la saisit. Au même moment, le douzième coup de minuit retentit.

Mais Scouarn tenait la baguette, dont il n’avait rien à craindre. Et effectivement, la mer se retira et tous les esprits de l’enfer quittèrent le château. Ils étaient vaincus et poussaient des cris de détresse en s’enfuyant du château. La princesse, délivrée de son tourment infernal, apparut. Elle était belle comme le jour. Elle s’offrit en mariage au valeureux aventurier qui l’avait sauvée.

Le mariage fut heureux et pour remercier les saints qui l’avaient protégé, Scouarn offrit la moitié de sa fortune pour construire une chapelle à l’archange saint Michel.

 

Les contes et légendes entourant le jour de Noël sont nombreux, tellement nombreux qu’il faudrait en faire un livre, si cela n’existe pas déjà. Ce que j’en retiendrais c’est que Noël est une fête particulière, une fête magique, une fête magnifique qui est devenue malheureusement trop commerciale. Noël a perdu ce côté magique, ce côté divin et c’est bien dommage. Joyeux Noël à tous !

 

 

Marie d’Ange

 

Pour aller plus loin

 

 

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