Les démons familiers

Les démons familiers sont des esprits élémentaires que l’on classe parmi les elfes et autres lutins et nymphes. Dans la croyance populaire, ils apparaissent pour nous aider. Dans la littérature, ces démons familiers accompagnent les rois ou des hommes d’art pour les aider dans leur quête de reconnaissance et de pouvoir. Faisons le tour de ces démons que l’on nomme familiers, mais qui n’en restent pas pour le moins dangereux.

 

 

Les génies assistants

Certains démons invoqués par rituels magiques sont bienveillants (c’est ce que l’on dit, mais je n’y crois pas) et sont prêts à se mettre au service des humains sans chercher à voler leurs âmes. Sauf qu’il y a toujours un prix à payer. Cette fois-ci, ce n’est pas l’âme, mais il y aura forcément un retour.

On raconte qu’il y avait un moine de l’abbaye de Cîteaux qui aurait eu, pour le servir, un démon familier jusqu’à son exclusion du monastère sur décision du père abbé.

Dans la même lignée, Collin de Plancy raconte dans son « Dictionnaire Infernal » que le baron de Regensberg s’était retiré dans une tour de son château de Bâle pour étudier les Écritures Saintes et les belles-lettres. Or, cette tour était habitée par un démon qui n’avait jamais permis à quiconque d’y entrer. Mais le baron n’eut pas peur de ce démon et entra dans la tour.

Le démon le laissa tranquille et lorsque le baron fut au milieu de ses recherches, il lui apparut en habit séculier, s’assied à ses côtés et l’aide dans ses recherches en l’éclairant sur divers sujets.

Ces bons diables, comme on les nomme, comprennent les elfes, les lutins, les génies, les fées… toutes ces créatures que l’on trouve dans les contes. Ce sont ces êtres élémentaires qui sont qualifiés de démons par l’Église.

Mais pas seulement, puisque certains récits nous font part de sorciers qui auraient contacté des démons familiers via des rituels pour les mettre à leurs services. Ces derniers sont des démons qui obéissent aux humains. Or, aucun démon ne se soumet à un être humain.

Ces êtres invisibles, lutins, génies, elfes, bons diables, nymphes… sont invisibles et hantent les maisons. Ils ne font pas de mal aux humains, mais plutôt des farces, comme cacher des clefs par exemple ou rendaient des services.

On dit que Pythagore avait un démon familier qui l’aurait aidé à trouver son théorème et que Socrate avait aussi son démon familier qui l’avertissait des dangers à venir. Certains poètes parlent de nymphes pour les inspirer.

Étrangement, ces démons familiers ressemblent aux anges des abîmes du Livre d’Hénoch, ces anges qui se sont mêlés aux êtres humains et qui leur ont apporté toutes sortes de connaissances, comme l’art de forger, la botanique, l’astrologie… 

 

Les démons familiers dans les annales historiques

L’histoire regorge d’histoires mettant en scène des génies familiers qui se sont mis au service de personnages célèbres. On citera le pape Benoît IX élu en 1033 ainsi que le pape Alexandre VI élu en 1492.

Jean Bodin (1530-1596), démonologue français, évoque dans ses écrits un homme dont l’esprit familier avait coutume de lui asséner un coup sur l’oreille gauche pour le prévenir des personnes malintentionnées.

On parle aussi de nombreux alchimistes ou médecins du Moyen Âge et de la Renaissance qui avaient leur esprit familier. Pour l’exemple, Cecco d’Ascoli (1269-1327), médecin et astrologue, Cornelius Agrippa (1486-1535), alchimiste et philosophe allemand avaient un démon familier. Paracelse (1493-1541), médecin et alchimiste, avait un démon familier qu’il utilisait comme son valet et qu’il gardait dans le pommeau de son épée. Le comte de Saint-Germain, célèbre alchimiste du XVIIIe siècle, avait un génie familier qui lui fournissait des conseils avisés en parlant d’une voix caverneuse.

 

Les démons familiers en politique

De nombreux hommes politiques ont eu ou ont encore (rien n’est prouvé, mais vu comment le monde tourne, c’est fort possible) des démons familiers qui donnaient ou donnent des conseils concernant la politique d’un pays.

Pour l’exemple, le roi Henri III, le troisième fils d’Henri II et de Catherine de Médicis, a eu un démon familier nommé Terragon. On a même supposé que Henri III couchait avec son démon familier et qu’il l’avait marié à la comtesse de Foix qui ne put endurer sa compagnie charnelle tant il était brûlant. On dit aussi que Henri III offrit une prostituée à Terragon, mais que cette dernière mourut de frayeur. On voit bien ici que ce démon n’avait rien de gentil et si l’on étudie un peu l’histoire, la vie de Henri III n’a pas été de tout repos. D’ailleurs, il a dû faire face à quatre guerres de religion, a perdu son autorité face à des partis complotistes et est mort poignardé par un moine, Jacques Clément, sans héritiers.

Il est dit aussi que le premier président des États-Unis, George Washington, aurait eu lui aussi un démon familier pour le conseiller.

Napoléon avait aussi son démon familier. À ce propos, on conte une bien étrange histoire, une rumeur qui a circulé durant plusieurs siècles autour d’un petit homme rouge qui hantait l’ancien château des Tuileries. Ce spectre aurait hanté le château des Tuileries et aurait terrorisé tous les hôtes des Tuileries en leur annonçant leur mort, jusqu’à l’avènement de Napoléon où il devint son protecteur et son génie familier. D’ailleurs, cette légende, que je raconterai avec plus de détails dans un autre post, inspira une chanson de Béranger en 1826.

Un autre exemple avec le général royaliste Prince-Rupert qui avait pour habitude de prendre son chien, un caniche nommé Large Boye, dans les batailles. Ce chien était redouté parmi les forces opposées et on lui avait même crédité des pouvoirs surnaturels. Le chien était considéré comme un démon familier. À la fin de la guerre, il fut abattu d’une balle d’argent.

 

Les brownies d’Écosse et les cluricaunes d’Irlande

Parmi les génies familiers, on trouve les brownies originaires d’Écosse et les cluricaunes qui nous viennent d’Irlande. À ne pas confondre avec les célèbres les gâteaux moelleux…

On dit de ceux d’Irlande qu’ils auraient donné la recette du whisky irlandais en échange du droit de vivre dans les caves des pubs et des auberges.

Aujourd’hui encore, en Écosse et en Irlande, on croit que ces démons familiers s’amusent à faire péter les plombs des bars les soirs d’orage ou s’amusent à tirer la Guinness.

Ces génies sont habitués à recevoir de la bière en échange de leur aide lors de l’opération de brassage. La croyance veut que lorsque l’on néglige de les honorer ou lorsque l’on préfère la religion chrétienne, ils finissent par partir.

Ces brownies sont aussi réputés pour inspirer les écrivains et les poètes. Par exemple, Robert Louis Stevenson, l’auteur de « L’île au trésor », avait un démon familier qui l’inspirait. Dans un article publié dans le Scribner’s Magazine de janvier 1888, l’auteur fait l’apologie de ces esprits familiers et dit qu’ils font la moitié de son travail d’écrivain. II ajoute même que la plupart de ses fictions publiées sont le fruit des brownies. De santé fragile et souvent atteint d’une sorte de langueur intellectuelle, Stevenson prétend n’avoir pu mener à bien ses œuvres qu’avec l’aide des brownies.

L’auteur a fini sa vie dans une cabane en bois au sommet d’une île de l’archipel du Samoas, dans l’océan Pacifique. Il fut enterré par les indigènes au sommet du Pic Vaca, où sa sépulture domine l’océan. On dit que les brownies d’Écosse y viennent en pèlerinage et dansent des nuits entières sur sa tombe.

 

 

Lorsque l’on connaît le Livre d’Hénoch, on peut se dire que ces démons familiers qui ont inspiré les “grands” de ce monde sont en fait des anges déchus. Ces démons ont pour fonction d’inspirer les hommes sur certaines disciplines. D’après le Livre d’Hénoch, certains anges, trouvant les femmes sur Terre très belles, sont descendus du ciel et se sont mêlés aux hommes pour les enseigner et aussi pour s’accoupler avec les femmes. De ces unions contre-nature sont nés les Néphilim.  Les sorciers ont souvent un démon familier qui les aide dans leurs travaux magiques. Ces démons prennent souvent l’apparence d’un chat noir, le fameux chat noir qui accompagne la sorcière. Attention, car l’enseignement que donne ces démons n’est jamais pour faire avancer l’humanité, mais toujours, au contraire, pour la perdre et l’éloigner de Dieu. Le combat est spirituel. Courage, bienveillance, persévérance. 

 

Marie d’Ange

 

 

Pour aller plus loin

 

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1 commentaire sur “Les démons familiers

  1. […] un précédent article, j’avais parlé des démons familiers. Que l’on se souvienne : un démon familier est un esprit élémentaire que l’on classe parmi […]

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