Les démons babyloniens

La démonologie babylonienne est très compliquée, car elle est étroitement liée à la religion ancienne babylonienne qui croyait que les divinités pouvaient autant provoquer des maladies et des malheurs que provoquer des guérisons et de bonnes choses. Cette religion ancienne pratiquait déjà des exorcismes, ils étaient même nombreux. Ces exorcismes consistaient à délivrer une personne de l’emprise d’une divinité, de nettoyer des lieux ensorcelés… le tout agrémenté de rites magiques.

 

 

La religion babylonienne

Certaines civilisations anciennes, comme l’Égypte et Babylone, pensaient que certaines divinités (démons) pouvaient provoquer des maladies, la sécheresse, les inondations, les catastrophes climatiques, la mort… et c’est pour cela qu’on vouait un culte à ces divinités afin de se protéger de ces malheurs.

La religion babylonienne était un mélange de rites magiques qui consistaient à demander aux divinités de les protéger contre une autre divinité, ou contre les malheurs. Les rites d’exorcisme existaient déjà pour repousser une divinité qui avait possédé une personne et qui rendait malade cette personne.

La religion chrétienne a démonisé la plupart de ces divinités babyloniennes, et pour cause, car la plupart de ces divinités étaient des démons qui demandaient une dévotion complète, avec sacrifices, parfois même de sang, pour ne pas déclencher des malheurs. Ainsi, l’on croyait que si l’on sacrifiait à ces dieux, alors, la famine ou la sécheresse par exemple ne pouvait pas nous toucher. C’était assez pernicieux, car celui qui ne vouait pas le culte, ou qui ne sacrifiait pas, alors, la divinité se déchaînait contre lui et l’affligeait de différents maux.

Les divinités (donc les démons) babyloniennes étaient considérées comme des enfants de la terre et du ciel, possédant des pouvoirs parfois destructeurs, invisibles du commun des mortels, mais pouvant se montrer sous différentes apparences, souvent très laides et abominables. Ces divinités possédaient souvent des caractères sulfureux, mais pouvaient parfois épargner les adorateurs.

La religion assyro-babylonienne avait conçu une multitude de divinités, il y en avait au moins des milliers, toutes différentes, avec une hiérarchie établie, mais confuse. Les représentations de ces divinités sont nombreuses et certaines peuvent se voir dans les musées.

La divinité Shamash, assis sur sont trône, tablette datant du IXe siècle av.J.-C., exposée au British Muséum.

Il n’était pas rare, dans ce temps, de faire appel à une divinité pour repousser une autre divinité. Par exemple, on construisait des amulettes à l’effigie du démon Pazuzu que l’on donnait aux femmes enceintes et que l’on mettait dans les berceaux des nouveau-nés afin de repousser la démone Lamashtu qui était une dévoreuse d’enfants et qui s’attaquait aux femmes enceintes. Ces divinités avaient aussi un caractère ambivalent. À l’image de Pazuzu (je prends souvent ce démon en exemple, car c’est celui que la plupart des personnes connaissent et que le film culte « L’Exorciste » a rendu célèbre), qui autant pouvait apporter la bonne pluie des récoltes et protéger les nouveau-nés, autant il pouvait faire venir la sécheresse et les mauvais vents porteurs de maladies.

Babylone était une ville de Mésopotamie. Historiquement, les premiers indices babyloniens nous viennent de découvertes archéologiques qui situent la naissance de la ville aux environs de — 2500 av.J-C. Il existait d’autres civilisations, d’autres villes. Citons en exemple, l’Assyrie, la Ninive… Et chaque civilisation, chaque ville possédait ses propres divinités. Autant vous dire, chers lecteurs, que dresser une liste de toutes ces divinités serait un travail fort long et compliqué. Ici, nous en citerons quelques-unes pour ne pas surcharger l’article.

Par exemple, nous savons que le dieu Marduk était la divinité locale de Babylone, que le dieu Sita avait son culte dans la ville de Bit-Adar… Ailleurs, on adorait le dieu Serpent (Serah), dont l’image figure sur de nombreuses tablettes de l’époque. Parfois, il était représenté avec une tête humaine. Son culte était très répandu et l’on pense que cette mythologie a donné naissance à l’anecdote du dragon conté dans la Bible, au Livre de Daniel. Ce dieu Serpent rappelle aussi le Serpent Tentateur de la Genèse, donc Satan.

Pour compliquer encore plus la situation, la religion assyro-babylonienne admettait que les grands dieux s’incarnaient dans les astres. Et donc, chaque étoile, chaque constellation avait sa propre divinité veillant du haut du ciel sur l’humanité. Toutes les étoiles sont des divinités d’un ordre inférieur, parfois bienveillantes (les anges) parfois malveillantes (les démons). Elles étaient regroupées entre elles suivant des calculs astronomiques très savants, on leur donnait des noms divins, à l’exemple des « lu-lim », expression suméro-akkadiene désignant les étoiles formant un « bélier de tête ». Donc, on peut facilement imaginer la multitude de divinités mésopotamiennes qui nourrissaient la mythologie.

 

 

Les divinités babyloniennes

Alors, bien sûr, on ne peut pas toutes les citer, tellement elles sont nombreuses. C’est pourquoi je citerai en priorité les divinités qui ont été démonisées par la religion chrétienne.

Marduk : l’un des plus grands dieux et des plus importants dieux sumériens et mésopotamiens où il est considéré comme le créateur du monde.

Pazuzu : divinité mésopotamienne très ancienne commandant les esprits de l’Air et président au vent du Sud-ouest. Pazuzu fait partie des 7 Mazzikins, c’est-à-dire des 7 démons qui apportent les maladies.

Lamastu : épouse de Pazuzu, déesse stérile qui provoquait les fausses couches et qui dévorait les nouveau-nés.

Sarru-idku : divinité qui possède le pouvoir de se transformer en « oiseau de la tempête ».

Nirba : divinité des moissons et de la fertilité.

Dibarra : dieu de la peste et du choléra.

Isdubar : dieu du Feu des textes suméro-akkadiens.

Nergal : divinité adorée dans toute la Mésopotamie. Le siège principal de son culte se trouvait dans la ville de Cuthan. Dieu de la guerre, de la peste, de la mort et de la maladie.

Anamelech : démon obscur adoré par les Assyriens, démon porteur des mauvaises nouvelles. Les Assyriens l’associaient à la lune.

Adramelech : divinité assyrienne adorée dans la ville de Sépharvaïm, où on lui sacrifiait des enfants. Adramelech était associé au soleil.

Adar : aussi appelée Surgat, cette divinité mésopotamienne était priée en tant que Maître de la Nuit.

Thamuz : divinité sumérienne.

Agaku : démon mésopotamien qui avait le pouvoir de ressusciter les morts pour un court instant.

Agilma : démon mésopotamien prié pour apporter la pluie pour les récoltes, mais qui demandait des sacrifices humains et s’ils n’étaient pas effectués, apportait de violents orages et des tempêtes terribles.

Allatou : épouse de Nergal, démone des basses besognes.

Lilith : la plus importante des démones et la plus dangereuse, que l’on retrouve aussi en démonologie rabbinique, arabe et occidentale. Lilith est mentionnée dans la prophétie contre Edom. Dans la littérature magique assyro-babylonienne, Lilith est un démon d’impureté, mère des Hengê et des Séirim.

Mutu : démon de la mort et de la maladie.

Idpa : démon de la fièvre.

Namtar : démon de la peste.

Alû : démon qui n’a pas de bouche, pas de membres, pas d’oreilles, pas de visage. Ce démon frappe la nuit et empêche sa proie de dormir, en lui liant les bras, les jambes, la langue et l’âme. Ce démon est à l’origine de la maladie que l’on appelait « la maladie d’Alû », dont les symptômes étaient la somnolence et des bourdonnements d’oreilles. Ce démon provoque des insomnies.

Namtar « saisit l’homme par les cheveux ». Serviteur d’Allat, la déesse des Enfers, il est le démon de la peste.

Je vais arrêter la liste ici, il y en a encore tellement !

 

 

La mythologie mésopotamienne

Là encore, il est très difficile de cerner cette mythologie, tellement les croyances et les mythes sont diverses et variés.

Certaines divinités avaient un rôle très important dans l’astronomie assyro-babylonienne et cette étude des astres a été une ébauche de l’astrologie. Voilà pourquoi l’on dit que l’astrologie est une superstition attachée aux démons. D’après Diodore de Sicile, il y avait les douze signes du zodiaque divisés en trente-six parties. Chaque partie était présidée par des étoiles où résidaient des divinités nommées des dieux conseillers. Ces trente-six dieux personnalisent les décans. Tous les dix jours, l’un d’eux est envoyé sur terre en qualité de messager.

Les Chaldéens distinguaient douze étoiles ou constellations dans la partie boréale du ciel, et douze autres dans la partie australe. Les parties qui se voyaient étaient préposées aux vivants, les autres invisibles étaient préposées aux morts. Ces vingt-deux étoiles étaient les juges de l’univers.

De cette époque, il existe de nombreux talismans, amulettes, cylindres, inscriptions… conservés dans des musées qui attestent de ces croyances et qui nous montrent la richesse de cette démonologie. Ici, les esprits bienfaisants se mêlent aux esprits malfaisants et les divinités ont souvent un caractère ambivalent, dans le sens que tantôt elles font le mal, tantôt elles font le bien. Chacun de ces dieux avait une personnalité propre que la théologie de l’époque enseignait avec soin. Il existait même une véritable hiérarchie, avec un arbre généalogique de toutes ces divinités.

On peut aussi voir, dans cette mythologie mésopotamienne, des ressemblances troublantes avec la théologie chrétienne. Par exemple, les lions ailés ou taureaux ailés qui gardaient la porte des palais avaient pour maître Nergal. Ces créatures étaient appelées les kirubi. Or, on trouve, dans la Bible, le nom Kerubim qui signifie chérubins et dont la ressemblance avec les kirubi est frappante. En effet, les kerubim sont des quadrupèdes munis d’une ou plusieurs paires d’ailes. Sur une gravure assyrienne conservée au British Museum, nous avons une illustration de ces animaux qui ressemblent à s’y méprendre à la description faite par le prophète Ezéchiel.

Les fouilles modernes ont mis à jour de nombreuses images de taureaux et lions ailés datant de l’ère mésopotamienne. Nous avons découvert aussi des représentations de ces êtres sous la forme d’une bête à tête humaine et à griffes de lion, avec des bras. Là encore, ces créatures ressemblent à celles vues par le prophète Ezéchiel en vision.

La mythologie mésopotamienne fait aussi mention d’esprits moins puissants que les Kirubi, d’un ordre inférieur, mais essentiellement mauvais. Ce sont les génies du mal ou les démons. Et la religion mésopotamienne comptabilise de nombreuses légions de ces démons. Il y a d’innombrables groupes, chaque groupe comportant sept esprits. Ces démons revêtent des formes grotesques pour tromper l’homme. Ils s’acharnent à la perte de l’homme. Les plus puissants et les plus redoutables sont ceux qui possèdent un caractère cosmique, dont l’action s’exerce sur l’ordre général de la nature. Citons en exemple les groupes des « 7 fantômes de flammes », des « 7 sphères ignées », des « 7 mazzikin », ces démons qui ont terrorisé les Hébreux en hantant les plaines, les grottes, les vallées.

Ces démons habitent dans les lieux malsains, souillés, incultes ou arides, comme les déserts. Parfois, ils viennent rôder autour des habitations des hommes pour les tourmenter. Ils agissent surtout la nuit et sèment l’épouvante partout où ils passent. Beaucoup de textes magiques parlent de ces démons qui guettent les hommes au fond du désert. En Syrie, on croyait que l’habitation de ces démons était le désert et les prophètes d’Israël ont adopté cette opinion populaire. De nombreux exorcismes avaient pour objet de repousser ces démons dans les déserts afin de les éloigner des hommes. Ces démons sont très actifs.

Après ces démons, on trouve d’autres créatures, qui se manifestent par des apparitions effrayantes et qui ont surtout un rapport avec la mort. Ils ne sont pas en lien direct avec l’homme, mais appartiennent au royaume des morts. Les trois principaux êtres de cette classe sont le fantôme (labartu), le spectre (labassu) et le vampire (ahharu). Les deux premiers épouvantent les hommes, le vampire, quant à lui, l’attaque pour faire de lui un être des ténèbres et de mort. Citons aussi dans cette catégorie les lémures et les larves.

 

Marie d’Ange

 

Pour aller plus loin


 

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