Le terrible massacre de Villisca

Cette histoire vraie m’était parfaitement inconnue jusqu’à ce qu’une lectrice du blog, Alyssa, attire mon attention dessus et me demande d’en écrire un article. Je l’en remercie, car au fil de mes recherches je me suis plongée dans une histoire passionnante, intrigante, surnaturelle, une histoire de meurtres à la hache, suivi de hauts phénomènes de hantise. Je vais essayer de vous conter tout cela d’une manière la plus simple possible, car parfois, moi-même je m’y suis embrouillée. Vous comprendrez en lisant la suite de cet article.

 

 

L’histoire de Villisca

L’histoire que je vais vous raconter est une réelle histoire de meurtres perpétrés à la hache, sauvagement, par un homme ou deux, on ne sait toujours pas, sur une famille américaine normale et deux petites filles que la famille accueillait le temps d’une nuit. Au total, en l’espace de quelques heures, avec un acharnement diabolique, le meurtrier a mutilé, haché et blessé mortellement 8 personnes, dont 6 enfants, dans leur sommeil, une par une, sans qu’aucune de ces personnes ne se réveille dans cette petite maison de style américain construite dans les années 1900 et située au 323 E 4 th Street.

Rien ne semblait différencier cette maison des autres maisons, tout semblait tranquille, jusqu’à cette soirée. Jusqu’à ces massacres… Cela ne vous rappelle pas une autre histoire du même genre ? Non ? Celle d’Amityville et de la famille Defeo. Ronald Jr Defeo avait assassiné froidement en une nuit toute sa famille, sans que personne se réveille, sans que personne soit réveillé par des coups de feu. Et les coïncidences ne vont pas s’arrêter là, comme vous allez pouvoir le constater au fil de cette lecture.

Revenons au sujet qui nous intéresse. Villisca est une petite ville de l’Iowa, aux États-Unis de 2000 âmes. Petit village tranquille jusqu’à la nuit du 9 au 10 juin 1912, un homme assassine froidement par hache toute une famille et leurs 2 invitées.

Cette famille c’est les Moore, le père Josiah 43 ans, la mère Sara 39 ans, l’aîné Herman 11 ans, Katherine 10 ans, Boyd 7 ans et Paul 5 ans. En plus des Moore, dans la maison, il y avait Lena Stillinger, 12 ans et sa sœur Ina 8 ans, que le tueur n’a pas épargnées.

Cette affaire est d’autant plus troublante que les enquêteurs ne trouveront jamais le tueur ni le motif des meurtres. Encore aujourd’hui, l’enquête est ouverte et reste en suspens, comme beaucoup d’autres questions : pourquoi cette famille ? Pourquoi à Villisca ? Pourquoi à la hache ?

Après ces terribles meurtres, la maison de Villisca va être vendue et plusieurs propriétaires vont y habiter. Tous seront dérangés par des évènements paranormaux et quitteront la maison précipitamment. Aujourd’hui, la maison est devenue un site touristique pour chasseurs de fantôme. Plusieurs d’entre eux ont rapporté des preuves, audio, vidéo, que la maison est hantée.

Juste pour la petite anecdote : la ville de Villisca a connu son apogée en 1900. Les entreprises se sont développées et la population a triplé. Les trains passaient par douzaine chaque jour dans la ville pour le transport de marchandises. En 1912, Villisca abrite le seul arsenal militaire de l’Iowa. Jusque là, rien d’étrange. Sauf que, lorsqu’il fallut trouver un nom pour cette petite bourgade devenue une petite ville, on trouva le nom de Villisca pour endroit magnifique ou vue magnifique. Mais, en réalité, on découvrit, après le terrible massacre, que Villisca s’appelait Wallisca, qui veut dire en indien, esprit mauvais. Encore une coïncidence ?

Autre phénomène étrange : pendant la guerre du Vietnam et la Seconde Guerre mondiale, le comté de Montgomery, où se trouve Villisca, a perdu plus d’hommes par habitant que n’importe quel autre comté des États-Unis. Cela me laisse pensive. Villisca serait-elle une ville maudite ? Ce sentiment n’a fait que se renforcer au fil de mes recherches.

 

 

La famille Moore et les deux filles Stillinger

Avant de plonger dans l’histoire macabre de cette famille ordinaire, j’aimerais vous en dresser le portrait.

Les Moore étaient des gens normaux, qui allaient à l’église et contribuaient à la société. Les Moore étaient respectés, aimés et n’avaient pas de problèmes d’argent, puisque Josiah était l’un des plus grands hommes d’affaires de la ville.

 

  • Josiah B. Moore

Comme je viens de le dire, il était l’un des hommes d’affaires les plus importants de Villisca. Né à Hanovre dans l’Illinois, il était venu s’installer dans l’Iowa enfant. Il épousa Sarah Montgomery le 6 décembre 1889. Avant d’être un homme d’affaires prospère, il avait travaillé pendant 9 ans dans le magasin des Jones, une épicerie-quincaillerie comme il s’en faisait beaucoup à l’époque ; puis, en 1908, il ouvrit son propre magasin et racheta celui des Jones illégalement. Du moins, c’est ce que l’on raconta après les meurtres. On peut penser que ce détail pourrait être le motif du drame. Josiah s’investissait beaucoup pour la ville, puisqu’il était membre des parents d’élève de l’école et membre de l’église presbytérienne.

Après son assassinat, beaucoup de rumeurs ont circulé à son sujet, dont celle qui parle d’une liaison avec Mme Jones, ce qui place encore une fois Mr Jones comme l’un des suspects. Mais rien n’a jamais été prouvé.

 

  • Sara Montgomery Moore

Elle est née dans le comté de Knox, dans l’Illinois vers 1873. Vers 1874, sa famille s’installe dans l’Iowa. Sara était une membre active de l’église presbytérienne et avait fait une journée spectacle avec les enfants à l’école le jour avant le drame, c’est-à-dire le 9 juin 1912.

Son père, après le drame, dépensa une fortune pour que les autorités retrouvent le ou les coupables. Sara avait 39 ans au moment du drame et était mère de 4 enfants.

 

  • Hermann Moore

Est l’aîné de la fratrie. Est né en 1901. Hermann ressemblait beaucoup à son père, tant physiquement que moralement. Il suivait son père partout. Il était âgé de 11 ans au moment du drame.

 

  • Katherine Moore

Est née en 1903, soit deux ans après Hermann. Lena et Ina Stillinger étaient ses meilleures amies. Elle avait 10 ans au moment du drame.

 

  • Boyd et Paul Moore

Les deux petits derniers de la famille Moore. Ils étaient âgés, respectivement, de 7 et 5 ans au moment du drame.

 

  • Lena et Ina Stillinger

Elles étaient les filles de Joseph et Sarah Stillinger, des amis du couple Moore. Elles dormaient souvent chez les Moore, car elles étaient les meilleures amies de Katherine. On pense que les petites n’étaient pas en cause dans cette affaire. Elles se trouvaient au mauvais endroit au mauvais moment, car l’on pense que le tueur ne les visait pas particulièrement.

Le soir du drame, Lena  a été la seule à avoir essayé de résister contre le meurtrier. Les deux petites étaient âgées de 12 et 8 ans au moment du drame.

 

 

La nuit des meurtres

Nous sommes le dimanche 9 juin 1912 dans la petite ville de Villisca. Comme tous les dimanches, la famille Moore se rend à l’église presbytérienne du village et participe à la messe de 20 heures.

À la fin de la messe, vers 21 h 30, toute cette petite famille rentre chez elle. Katherine insiste pour que ses copines, Léna et Ina Stillinger, passent la nuit à la maison. Sara Moore accepte de bon cœur.

En chemin, Sara et Josiah croisent des voisins, des amis et ils les saluent. L’atmosphère est joyeuse, détendue.

Lorsque tout ce beau monde arrive à la maison du 323 E 4 th Street, il est 22 h. Il est déjà tard. Sara s’empresse de mettre les enfants au lit, puis se couche. Le lendemain, elle doit se lever à 5 h pour s’affairer aux tâches ménagères ainsi que Josiah qui doit travailler ses terres avant de partir au magasin.

Sauf que le lendemain, le lundi, personne ne se lève. Une voisine Mary Pockhan est intriguée, car la maison semble encore dormir, alors que le soleil est déjà bien levé. D’habitude, elle voit Sara s’affairer avec les lessives, Josiah travailler les terres, elle entend les enfants jouer… Là, les rideaux sont tirés, il semble n’y avoir aucune activité provenant de la maison.

Elle appelle Ross Moore, le frère de Josiah. Ce dernier possède les clés de la maison. Après avoir tambouriné sur la porte d’entrée, il décide de se servir de ses clés. Et lorsqu’il pénètre dans la maison, il découvre l’horreur.

Au rez-de-chaussée, Ross découvre Lena et Ina Stillinger baignant dans une mare de sang, des blessures profondes au niveau de la tête. L’homme est bouleversé. Il redoute ce qu’il va découvrir à l’étage de la maison et n’ose l’affronter seul. Il court donc appeler le shérif de la ville, le Marshall Hank Horton.

Ce dernier arrive sur les lieux du drame et découvre les corps inanimés de tous les membres de la famille Moore. Lorsqu’il ressort de la maison, il est livide. Il n’avait jamais vu une pareille boucherie.

Cette terrible nouvelle fait rapidement le tour de la petite ville. Les voisins curieux ne cessent de vouloir voir l’intérieur de la maison. Tous sont horrifiés. La police, qui essaye de garder la scène de crime intacte pour l’enquête, est débordée et ne peut empêcher les gens de s’introduire dans la maison, effaçant ainsi peut-être des indices primordiaux. On appelle la garde nationale qui délimite un périmètre de sécurité. Ainsi, plus personne ne peut entrer dans la maison des crimes.

 

 

La scène du crime et l’enquête

Pour bien comprendre l’histoire, je suis obligée de vous décrire comment ont été tués les Moore et les deux petites Stillinger. Âme sensible s’abstenir de lire, car même dans le plus gore des films d’horreur, on ne retrouve pas une telle boucherie.

Voici les faits connus concernant la scène de crime :

  • Huit personnes avaient été matraquées à mort à l’aide d’une hache.
  • Cette hache fut retrouvée dans la chambre des filles Stillinger. Elle était couverte de sang et l’on voyait bien qu’on l’avait essuyé avec un tissu. Cette hache appartenait à Josiah Moore.
  • Le médecin légiste estima que ces crimes avaient eu lieu peu après minuit.
  • Tous les rideaux des fenêtres avaient été tirés, sauf deux où le tueur cacha les fenêtres à l’aide des habits ensanglantés des Moore.
  • Tous les visages ont été recouverts d’un drap, comme si le tueur connaissait les victimes ou était superstitieux. En effet, on croyait que si au moment de la mort, la victime regardait son meurtrier, son image restait gravée dans sa rétine.
  • Une lampe de kérosène a été retrouvée au pied du lit de Josiah et de Sara.
  • Une autre lampe a été retrouvée au pied du lit des filles Stillinger.
  • Une casserole contenant de l’eau et du sang mélangés a été découverte sur la table de la cuisine.
  • Il y avait aussi, sur cette table, une assiette contenant de la nourriture. Or on sait que jamais Sara n’aurait laissé une telle assiette sur la table avant de se mettre au lit.
  • Toutes les portes de la maison avaient été fermées à clé de l’intérieur. Or, le couple Moore ne fermait jamais à clé les portes lorsqu’ils étaient chez eux.
  • Les corps de Lena et Ina ont été retrouvés dans la chambre du rez-de-chaussée. Lena avait le visage recouvert par un manteau gris, sa chemise de nuit avait été remontée sur son torse et elle ne portait aucun sous-vêtement. Le médecin légiste qui l’examina ne découvrit aucun signe de violence sexuelle.
  • À côté de la hache, les enquêteurs trouvèrent une plaque de lard posée à terre. On retrouva une autre tranche de lard dans la glacière.
  • Les coussins étaient couverts de sang et de bouts de cerveau éparpillés qui témoignaient de la violence des attaques. Le sang avait déjà coagulé ce qui signifiait que les meurtres avaient été commis dans la nuit.
  • À l’étage, les policiers ont découvert les 6 corps de la famille Moore, les 4 enfants d’un côté, et en face d’eux, les corps des parents, comme si le tueur a pris soin de ritualiser son crime.
  • Tous les miroirs ont été recouverts d’un drap blanc, là encore certainement par superstition, car l’on croyait que les morts pouvaient être emprisonnés dans les miroirs et revenir pour se venger.
  • Dans la chambre parentale, les enquêteurs ont découvert l’une des chaussures de Sara remplie de sang et renversée.
  • Dans la grange, les enquêteurs remarquèrent une dépression dans le foin de la taille d’un homme, comme si quelqu’un s’était couché à cet endroit. D’ailleurs, ils ont découvert un trou dans l’une des planches, trou que le meurtrier avait certainement utilisé pour espionner ses victimes. Ce qui veut dire que les meurtres avaient bien été prémédités.
  • Les 8 corps ont été frappés, matraqués à mort avec une hache durant leur sommeil.
  • Les faits ont eu lieu après minuit.
  • Le meurtrier avait apparemment utilisé le côté plat de la hache pour assommer ses victimes, puis il s’était servi de la lame pour les défigurer avec un acharnement terrible, donnant plus de 20 coups à chacun au niveau du visage.
  • Le tueur s’était particulièrement acharné sur Josiah, le frappant avec tant de violence que ses yeux avaient jailli de leurs orbites.
  • La chaussure découverte dans la chambre parentale était remplie du sang de Josiah. Le médecin légiste en conclut que le tueur, après avoir frappé le couple, était revenu dans la chambre pour asséner sur Josiah déjà mort d’autres coups et qu’il avait renversé par inadvertance la chaussure.

 

 

Les conclusions du médecin légiste

Tous ces points sont bizarres et intriguent les enquêteurs. Le tueur savait ce qu’il faisait, il avait pris soin de recouvrir les miroirs et les fenêtres de la maison, de s’éclairer avec des lampes à pétrole. Il avait même pris le temps de manger. Cependant, cinq questions restent en suspens : qui est ce tueur à la hache ? Pourquoi s’est-il autant acharné sur les victimes ? Pourquoi avoir commis de tels actes ? Pourquoi s’en être pris à la famille Moore ? Et comment se fait-il qu’aucune des victimes ne se soit réveillée ?

Que sait-on : le meurtrier connaissait certainement la famille Moore et à voir comment il s’était acharné sur Josiah, c’était peut-être lui qui était visé dans cette affaire. Ce tueur avait pris le temps de recouvrir les fenêtres et les miroirs, de manger, sans qu’il ait peur d’être dérangé. Il connaissait les lieux, il s’agissait vraisemblablement d’une tuerie préméditée. Mais pourquoi tant de violence ?

À 22 h, le procureur du comté donne la permission d’emporter les corps à la caserne des pompiers où l’on installe une morgue provisoire.

Le lendemain, le mardi 11 juin 1912, 14 témoins sont appelés devant le juge dans cette affaire. Au cours de l’audience, Charles Moore, un autre frère de Josiah, admet que ce dernier gardait une hache dans son hangar, mais ne sut dire si celle trouvée sur les lieux du drame appartenait bien à son frère. Il précise que Josiah et Sara fermaient les portes à clé tous les soirs avant de dormir, alors que Ross, l’autre frère qui avait découvert les corps, avait dit le contraire.

Les témoins interrogés sont unanimes : ils ne connaissent aucun ennemi à la famille Moore. Mais Ed Selley, un employé de Josiah, révèle que ce dernier lui avait raconté qu’un de ses beaux-frères ne l’aimait pas et l’avait même menacé. Cette piste fut abandonnée.

Le mercredi, le service funéraire qui se déroule sur la place de la ville de Villisca rassemble plus d’un millier de personnes. Les cercueils sont transportés jusqu’au cimetière et suivis par un long cortège.

Très vite, les enquêteurs, de plus en plus nombreux tant l’affaire est ardue, trouvent plusieurs pistes et arrêtent plusieurs suspects. Mais les médias, qui s’emparent de l’affaire, vont leur compliquer la tâche.

Pour les enquêteurs, le déroulement des faits est plutôt limpide, même s’ils ne comprennent pas les motivations du tueur. Par contre, les morceaux de lard laissés par ce dernier rendent les policiers perplexes. On pense que le tueur les aurait utilisés à des fins sexuelles, se serait masturbé avec.

On sait que le meurtrier avait espionné les Moore depuis la grange, donc qu’il n’avait pas agi sous le coup d’une impulsion. Tout était calculé. Et seule la famille Moore était visée. Les petites Stillinger n’avaient pas eu de chance. D’ailleurs, la malchance allait s’acharner sur cette pauvre famille qui vient de perdre deux enfants : La mère Stillinger accouche peu de temps après ce drame d’un enfant mort-né. Quelques jours après, c’est leur maison qui disparaît dans un immense incendie. Coïncidence ?

 

 

Les suspects

Toute la police est en émoi devant ce crime affreux, et veut absolument arrêter le ou les coupables. Les investigations sur la scène de crime sont difficiles, car souillée par les nombreux visiteurs.

Mais, plusieurs individus furent suspectés.

 

  • Andrew Sawyer

Un vagabond. Il est arrêté le 18 juin 1912. Ce dernier dormait avec sa hache et, quelques jours après la tuerie, il avait parlé d’une manière confuse des meurtres à son patron. Cependant, Sawyer avait un alibi : la nuit des meurtres, il se trouvait dans la ville d’Osceola où il fut arrêté par le shérif pour vagabondage. De plus, ce n’était pas sa hache qui était l’arme du crime. Andrew Sawyer fut relâché.

Il faut dire que Sawyer avait un lourd passé : neuf mois plus tôt, il avait été accusé dans une série de meurtres à Colorado Springs. Le premier avait eu lieu dans la soirée du dimanche 17 septembre 1911, dans la demeure de HC Wayne. Le meurtrier y était entré et avait tué toute la famille, 3 personnes au total, à la hache, puis s’était rendu chez les voisins où il avait massacré AJ Burns et ses deux enfants, toujours à la hache.

Deux semaines plus tard, toujours un dimanche soir, un inconnu avait trucidé William, sa femme et sa fille avec une hache. Rebelote dans le Kansas, le 15 octobre et le 5 juin, quelques jours avant l’affaire Villisca.

Trois mois après le massacre de Villisca, Charles Pfanschmidt, sa femme, sa fille et leur invité furent assassinés avec le même mode opératoire.

Il n’y avait plus aucun doute : il y avait un tueur en série qui se baladait tranquillement aux États-Unis.

 

  • Le révérend George Kelly

Un curieux personnage, un voyeur. Ce dernier signa des aveux en 1917, mais se rétracta par la suite. Il fut acquitté à l’issue de son procès.

Mais attardons-nous quelques instants sur ce curieux personnage. La nuit des meurtres, il avait été vu, montant dans le train n° 5. Il était 5 h 19 du matin. Certains l’avaient entendu parler de huit personnes avaient trouvé la mort dans la nuit à Villisca. Il disait avoir eu une vision divine qui lui avait ordonné de tuer, de détruire.

George Kelly était arrivé à Villisca le 8 juin 1912, donc quelques jours avant la tuerie. Le soir des meurtres, il avait assisté au spectacle que les enfants avaient donné à l’église, ce qui était surprenant, car l’on savait que le révérend détestait les enfants. Puis, il avait quitté la ville le matin des meurtres, pour y revenir deux semaines plus tard. Il s’était alors fait passer pour un détective et s’était mêlé à l’enquête.

On sait que Kelly souffrait d’une dépression chronique.

En 1894, il avait immigré en Amérique avec sa femme et depuis, il prêchait dans les églises méthodistes du Dakota, du Minnesota, du Kansas et de l’Iowa sans jamais parvenir à s’établir à un endroit. Il avait la réputation d’être un homme étrange et était connu comme voyeurisme. On savait aussi qu’il avait envoyé du matériel obscène par la poste et qu’il avait fait un court séjour dans un hôpital psychiatrique.

Le Révérend fut arrêté et emprisonné au début de l’été 1917. Après deux moins d’interrogatoires éreintants, il avait signé une confession dans laquelle il avouait avoir voulu travaillé sur un sermon dont le titre était « Tue, détruis », et que n’y arrivant pas, il était sorti de chez lui pour se promener. À 2 h 54, il s’était rendu à l’église de Villisca. Il était seul et avait entendu une voix lui ordonner d’aller plus loin. Alors, il avait marché dans la rue, où il avait vu une ombre lui faire signe de la suivre. L’ombre l’avait conduit jusqu’à la maison des Moore et lui avait fait signe d’entrer. Une fois à l’intérieur de la maison, une voix lui avait ordonné de tuer, de détruire, de faire souffrir les petits enfants. Kelly croyait que cette voix était celle de Dieu, alors il s’est exécuté.

Il avait pris le bout du manche de la hache et avait massacré les enfants Moore, puis avait mis un drap sur leurs visages. Il avait ajouté que les enfants l’avaient dérangé toute sa vie, et qu’il était normal qu’il les tue.

Puis, la voix qu’il croyait toujours être celle de Dieu lui a ordonné de continuer les sacrifices de sang. Alors, il avait suivi l’ombre jusqu’à la chambre parentale où il avait tué les parents. Puis, fatigué, il s’était rendu au rez-de-chaussée pour se reposer un peu au salon. En passant dans le couloir, il avait aperçu les deux petites filles Stillinger. Alors la voix lui avait ordonné de continuer. Et il les avait tuées.

Ensuite, il ne se souvenait de rien, sauf que quelqu’un criait constamment à ses oreilles de tuer, de détruire. Il avoua que cet aveu était un réel soulagement pour lui.

Là, je veux m’arrêter un peu pour faire le point sur ce personnage. Un schizophrène ? Un malade mental ? En tout cas, il avait entendu des voix lui parler, comme Ronald Jr dans l’affaire d’Amityville avait entendu le diable lui ordonner de tuer sa famille. C’est troublant.

Mais, ces aveux ne suffirent pas à prouver la culpabilité du révérend, car on le savait dérangé et il pouvait très bien avoir inventé toute cette histoire pour se mettre en avant. On savait que l’affaire Villisca l’avait troublé, voire obsédé. Il s’était fait passer pour un enquêteur, avait laissé tomber ses sermons pour se consacrer qu’aux meurtres. C’était quelque chose de vital pour lui.

Un peu avant le procès, Kelly nia ses aveux. Il les fit rejeter devant le tribunal expliquant qu’on les lui avait extirpés au bout d’une nuit complète d’un interrogatoire musclé.

Le procès du révérend Kelly commença en septembre 1917. Son avocat plaida la folie et développa le fait que son client était obsédé par l’affaire Villisca, au point que cela lui avait engendré des idées délirantes, dont celle d’être le tueur. Et cette lubie lui était venue en juin 1912, lorsque, se faisant passer pour un enquêteur, il avait visité la maison.

La femme de Kelly était venue témoigner. Elle avait expliqué que son mari avait un esprit faible et qu’il était mythomane. Il s’était déjà d’ailleurs rendu responsable d’un incendie criminel alors que le jour du drame, il se trouvait à la maison avec elle.

En définitive, le Révérend Kelly fut accusé, mais reconnu fou et placé dans un asile psychiatrique. Était-il le meurtrier ? On ne le saura jamais.

 

  • Franck Jones

Vu l’ampleur du massacre et l’acharnement dont le meurtrier avait fait preuve, la police enquêta du côté de Frank Jones. Souvenez-vous, Josiah Moore avait travaillé pour lui et lui avait volé de gros clients. De plus, certaines rumeurs disaient qu’il couchait avec sa femme. Et voilà Frank Jones, le mari trompé et bafoué, le coupable idéal dans cette affaire.

On sait que les deux hommes s’étaient séparés en très mauvais termes. Frank avait fondé la Banque Nationale de Villisca. Il était aussi Sénateur et possédait, par ce titre, un certain prestige auprès des concitoyens.

Alors, personne ne pouvait imaginer que Jones puisse faire une chose aussi horrible. Il était certes arrogant, mais pas violent. Mais il aurait pu engager un tueur. D’ailleurs, on l’accusa d’avoir engagé William Mansfield, mais on ne put rien prouver. Et donc, Jones ne fut pas inculpé.

 

  • William Mansfield

Un tueur en série qui avait commis des meurtres similaires dans d’autres états des États-Unis. Originaire de Blue Island, dans l’Illinois, il était le principal suspect dans cette affaire. On sait qu’il était accroc à la cocaïne. On le suspectait d’être un tueur en série et responsable d’une tuerie similaire à Paola dans le Kansas, 4 jours avant l’affaire Willisca, ainsi que du meurtre de Jennie Peterson et Jennie Miller à Aurora, ainsi que de l’assassinat de sa femme, de son enfant, de son beau-frère et de sa belle-mère le 5 juillet 1914 à Blue Island, toujours à l’aide d’une hache.

C’est sûr qu’avec tout cela, cet homme était tout désigné pour être le tueur de Willisca. Toujours le même mode opératoire : l’homme recouvre les miroirs, cache les fenêtres et s’acharne sur ses victimes. Il aurait donc assassiné la famille Moore sur ordre de Frank Jones.

Mansfield fut arrêté et amené à Kansas City. Cependant, ses bulletins de paie indiquaient qu’il se trouvait dans l’Illinois au moment des meurtres de Villisca et il fut relâché, faute de preuves aussi dans les autres affaires.

Et pour la petite anecdote, William Mansfield porta plainte pour acharnement à son sujet et obtint 2 225 000 dollars de dédommagements.

 

  • Henry Lee Moore

Encore un autre suspect dans cette macabre affaire. Henry Lee Moore fut arrêté en décembre 1912, soit six mois après les meurtres, à Comumbio, dans le Missouri. Il fut poursuivi et reconnu coupable des meurtres de son épouse et de sa grand-mère. Il s’était servi d’une hache.

Henry était un vagabond agressif et sujet à de brusques accès de colère. Il pouvait être considéré comme un suspect dans l’affaire Villisca. Du coup, on commença à enquêter sur son sujet. On consulta les dossiers de tous les meurtres à la hache qui avaient eu lieu dans le Midwest au cours des deux dernières années et Henry Moore fut tenu responsable de 23 de ces meurtres.

L’inspecteur McClaughry, qui enquêtait sur l’affaire Villisca, annonça qu’il avait résolu le mystère du tueur à la hache. Mais pour des raisons obscures, personne ne prêta attention à ses dires et Henry Moore ne fut jamais poursuivi.

Là encore, cette histoire est très étrange. Un meurtrier à la hache particulièrement violent, reconnu coupable de beaucoup de tueries, qui passe à la trappe. Je m’interroge.

 

  • George Meyers

Encore un tueur en série.

Le 28 mars 1931, George Meyers, qui attendait d’être jugé pour cambriolage, reconnut avoir assassiné 6 personnes à la hache, à Villisca, 18 ans auparavant.

Encore une fois, cette confession survenait après 5 heures d’un interrogatoire musclé.

Meyers avoua avoir reçu l’ordre d’un commanditaire de tuer toute la famille Moore. Il avait reçu 2000 dollars pour accomplir cette besogne et devait recevoir la même somme une fois le travail terminé. Alors, il était entré dans la maison vers minuit, avait fait ce qu’on lui avait demandé, puis avait dormi à l’étable avant de se rendre chez son commanditaire qui lui avait dit d’attendre un peu avant de lui régler son dû, car il voulait être sûr sur toute la famille avait été tuée. Meyers avait pris peur et avait fui la ville avant l’aube sans jamais y revenir.

Meyrers avait avoué le meurtre de la famille Moore, mais avait nié obstinément avoir tué les deux petites Stillinger. Il fut condamné à 15 ans de prison et personne ne crut en ses aveux. Peut-être faudrait-il reprendre l’enquête en s’aidant de la technologie d’aujourd’hui.

 

 

Une maison hantée

La maison du massacre de Villisca va acquérir au fil du temps la réputation d’être hantée par les esprits des enfants, de Sara et du tueur.

Aux dires des nombreux chasseurs de fantômes qui y sont allés, au vu de leurs preuves (audio, vidéo), ces esprits se manifesteraient par des apparitions, des voix d’enfants, des rires, des orbes, des portes qui s’ouvrent…

Aujourd’hui, cette maison est inhabitée et des visites sont organisées pour les amateurs de sensations fortes. Pour ma part, j’ai fait une visite virtuelle de la demeure et j’en ai eu des frissons.

À l’étage, les lucarnes ressemblent à celles de la maison d’Amityville avant qu’on y pose des fenêtres standards. Ça fait froid dans le dos, comme si ces lucarnes appellent le mal.

À l’intérieur de la maison, la tension est permanente.

Certains témoins racontent avoir senti la présence d’une ombre noire malfaisante, qui interdirait aux enfants de s’amuser, qui les retiendrait prisonniers dans la maison. Serait-ce le meurtrier devenu un damné ?

Sur des enregistrements audio faits par une équipe d’enquêteurs du paranormal, on peut entendre une voix masculine très forte crier : kill’em. Encore un point commun avec la maison d’Amityville. C’est aussi ce mot que Jones disait entendre d’une voix démoniaque. Tout comme Ronald Defeo Jr qui disait entendre la même voix lui dire les mêmes choses et qui tua toute sa famille.

Personnellement, je trouve que l’affaire d’Amityville et l’affaire de Villisca comportent beaucoup de points communs. Dans les deux cas, on parle d’une voix démoniaque et l’on ne sait pas comment expliquer comment le tueur a pu agir sans réveiller les habitants de la maison.

Avant que la maison soit achetée et restaurée par un passionné de surnaturel qui y fait des visites guidées, la maison fut habitée par plusieurs propriétaires qui n’y restèrent pas longtemps.

Il y a eu Homer et Bonnie Ritner, de jeunes mariés, qui ont loué la maison pour un loyer très modeste et qui se sont vite sauvés. Bonnie était enceinte et comptait faire de cette belle demeure, leur petit nid d’amour. Cela me rappelle étrangement l’histoire de la famille Lutz. Encore une coïncidence avec la maison d’Amityville.

Bref, une nuit, Bonnie voit au pied de son lit un homme armé d’une hache. Elle hurle tellement que Homer ne sait plus quoi faire. La jeune femme est en panique, une peur panique, qui l’empêche de réagir. Le lendemain matin, Homer envoie sa femme chez le médecin qui recommande du calme et du repos si elle ne veut pas perdre l’enfant. Alors, les nuits suivantes, le pauvre homme passe ses nuits assis sur une chaise au chevet de sa femme. Ce n’était que comme cela que Bonnie pouvait s’endormir.

Une nuit, c’est Homer qui entendit des bruits de pas dans les escaliers, comme si quelqu’un montait à l’étage pour venir dans la chambre où il veillait. Il ouvrit la porte, mais il n’y avait personne.

Après cela, le pauvre homme alla récupérer sa caution chez le propriétaire, mais ce dernier refusa de la lui rendre. Homer était en colère. Au café, il parla de cette histoire au barman qui sortit une boîte contenant des fragments d’os du crâne de Josiah Moore. C’en était trop pour lui, qui rentra chez lui, fit ses valises, prit sa femme et partit loin de la ville.

La plupart des scientifiques ont remis ces faits en cause et ont clamé la démence de Homer pour manque de sommeil et l’hallucination de Bonnie, une femme jugée trop fragile psychologiquement. Homer Ritner mourut en 1988.

En 1994, Darwin et Martha Linn achètent la maison, non pas pour y habiter, mais pour la remettre dans le même état qu’en 1912. Ils veulent en faire un lieu de visites, un centre d’attraction.

Moyennant un droit d’entrée, le couple fait visiter la maison aux amateurs de paranormal et cela fonctionne. Il faut compter environ 300 dollars la nuit pour 5 personnes. Et c’est à partir de là que la maison de Villisca attira de plus en plus de curieux et que de nombreux enregistrements ont été faits. On y voit une ombre noire, on y entend des rires d’enfants, on y entend une voix masculine criant de tuer tout le monde.

Pour la petite histoire, le 7 novembre 2014, un homme de 37 ans qui participait à une enquête sur les manifestations paranormales de la maison, Moore (oui, encore un Moore !), se serait poignardé dans des circonstances qui restent confuses. Au moment des faits, l’homme, qui faisait partie d’un groupe de recherches comme il y en a tant aux États-Unis, se trouvait seul dans la chambre parentale lorsque la tragédie est survenue. Vers 0 h 45, heure supposée des crimes de 1912, ses hurlements ont retenti dans toute la maison. Ses amis ont immédiatement appelé les secours et très vite, il fut emmené à l’hôpital par hélicoptère. Il en serait sorti quelques jours plus tard, mais n’a voulu faire aucun commentaire sur cette affaire.

Martha Linn, qui s’occupe toute seule de la maison depuis le décès de son mari, avait expliqué aux journalistes, que les enquêteurs qui passaient une nuit dans la maison voulaient qu’il arrive quelque chose, voulait avoir la vidéo qui ferait le buzz et que certains n’hésitaient pas, pour se faire, de faire des incantations, de jeter des sorts ou de faire des rituels de magie.

Aujourd’hui, la maison est classée au patrimoine national des bâtiments historiques.

Et le meurtrier, qui n’a jamais été retrouvé, est certainement mort de vieillesse.

 

 

 

Une sacrée histoire ! Étrange à souhait, d’autant plus qu’on ne sait toujours pas qui est le meurtrier. Et s’il rôde vraiment dans la maison ? Peut-être est-il l’ombre noire aperçue par certains des enquêteurs du paranormal ? Moi, ce qui m’intrigue le plus, ce sont les similitudes avec l’affaire d’Amityville. Un tueur qui entend des voix, qui assassine plusieurs personnes dans leur sommeil, sans que personne se réveille… c’est troublant. Pour Amityville, Ronald Jr a toujours plaidé la possession démoniaque et avait dit qu’il avait entendu des voix lui ordonner de tuer sa famille. Dans l’affaire Villisca, c’est peut-être la même chose… un homme qui a entendu des voix. C’est peut-être cela qui expliquerait que personne ne se soit réveillé. Le surnaturel peut expliquer beaucoup de choses, le surnaturel et les pouvoirs des démons. Et j’oubliais, merci Alyssa pour cette passionnante histoire.

 

 

Marie d’Ange

 

Pour aller plus loin

 

 

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1 commentaire sur “Le terrible massacre de Villisca

  1. […] affaire de meurtres non élucidée me fait penser un peu à ce qu’il s’est passé à Villisca. Même mode opératoire, même arme du crime, une famille entière assassinée d’une façon […]

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