Le Serment des Limbes, avis

D’habitude, je vous parle de films d’horreur. J’ai décidé d’étendre cette rubrique, en vous parlant de livres, des thrillers, des romans… car je lis beaucoup. Et parfois, il m’arrive de trouver de petites perles que je veux vous partager. Ce premier roman, écrit par Jean-Christophe Grangé, intitulé Le Serment des Limbes, m’a beaucoup plu, pas seulement parce qu’on l’y parle du Diable, mais aussi pour son intrigue bien ficelée.

 

 

Généralités

Le Serment des limbes est le 6e roman de l’écrivain et journaliste Jean-Christophe Grangé, roman sorti aux éditions Albin Michel le 1er mars 2007.

Ce livre n’est pas une surprise lorsque l’on connaît les œuvres de l’auteur, puisque Jean-Christophe Grangé avait déjà parlé du Serment des Limbes dans son précédent roman sorti en mai 2004, La Ligne Noire. D’ailleurs, dans ce roman, il avait été évoqué une partie de l’intrigue du Serment des Limbes, lorsque Khadidja lit les journaux italiens et découvre dans les faits divers l’histoire d’une infirmière de Catane qui passait pour une sainte et qui avait assassiné son mari à l’acide. Dans le Serment des Limbes, on retrouve cette infirmière de Sicile, Agostina Gedda, une soi-disant miraculée de Lourdes, qui a assassiné son mari et que l’on soupçonne possédée par le diable.

Ce roman s’inscrit dans une trilogie informelle que le romancier a qualifiée de « remontée vers le Mal », initié avec la Ligne Noire. Ce second volet, qui est un polar religieux, constitue une remontée vers le Diable.

Paru aux éditions Albin Michel en février 2007, ce roman comporte 652 pages pour un format de 15 cm X 23 cm.

 

 

 

Résumé

Je vous livre le résumé que l’on trouve à la 4e couverture du roman :

« Quand on traque le Diable en personne, jusqu’où faut-il aller ?

Quand Matthieu Durey, fil à la brigade criminelle de Paris, apprend que Luc, son meilleur ami, flic lui aussi, a tenté de se suicider, il n’a de cesse de comprendre ce geste. Il découvre que Luc travaillait en secret sur une série de meurtres aux quatre coins de l’Europe dont les auteurs orchestrent la décomposition des corps des victimes et s’appuient sur la symbolique satanique. Les meurtriers ont un point en commun : ils ont tous, des années plus tôt, frôlé la mort et vécu une expérience de mort imminente (Near Death Experience). Peu à peu, une vérité stupéfiante se révèle : ces tueurs sont des “miraculés du Diable” et agissent comme lui.

Matthieu saura-t-il préserver sa vie, ses choix, dans cette enquête qui le confronte à la réalité du Diable ?… »

 

 

 

Qui est Jean-Christophe Grangé

Jean-Christophe Grangé est né en 1961. Grand reporter indépendant, il a collaboré à différentes agences de presse avant de cofonder sa propre agence, L and G. Auteur de plusieurs romans, Jean-Christophe Grangé est aussi scénariste pour le cinéma.

Parmi ses œuvres, on peut citer, Lontano, Congo Requiem, La Ligne noire, les Rivières pourpres…

 

 

 

Mon analyse et mon avis

Grangé, par ce roman, nous plonge au cœur du satanisme et nous fait voir ses ravages. Le roman est d’une noirceur absolue.

L’écriture est fluide. Du pur Grangé.

L’auteur nous fait voyager, de la communauté africaine de Paris, jusqu’au Vatican, en passant par la Sicile, l’Italie ou encore à Lourdes, dans le Jura et en Pologne à la poursuite de plusieurs tueurs aux rites sataniques, plusieurs ou un seul, on ne le saura qu’à la fin du roman.

Grangé mène son roman sur un fil tendu entre le rationnel et le fantastique et parvient à nous donner des frissons. Il malmène son lecteur jusqu’aux portes d’un surnaturel insoutenable. Un roman policier ambitieux, religieux et mystique.

Grangé a réussi à me faire peur, et cela faisait bien longtemps que ça ne m’était pas arrivé. C’est un polar biblique, cruel, violent, que j’ai pris plaisir à lire.

Ce que j’ai le plus apprécié, c’est lorsque Grangé m’a fait réfléchir avec sa théorie des Sans-Lumières, ces hommes qui ont vécu une NDE négative et qui sont revenus de la mort possédés. C’est une théorie intéressante qui demande à être développée. On sait, on a des témoignages sur des personnes qui ont vécu une telle expérience, mais en positif. C’est-à-dire des personnes qui ont été mortes cliniquement, qui ont vu le Paradis, ou des anges, ou leur famille, et qui sont revenues à la vie. On sait que ces personnes ont été changées par une telle expérience. Est-ce qu’une expérience similaire inversée, c’est-à-dire qu’au lieu de voir le paradis, on voit l’enfer, peut exister ? Est-ce possible que l’on se retrouve possédé après une telle expérience ? C’est un beau sujet de réflexion, que j’ai vais exploité.

Dans ce livre, j’ai aussi appris tout un tas de choses sur la décomposition des corps, sur le Vatican, sur le satanisme. C’est ce que j’ai le plus apprécié. Le Serment des Limbes est l’un des romans les plus aboutis qu’il m’est été donné de lire. Et des plus complexes. Pourtant, tout n’est pas bon dans ce roman et je me permets d’émettre quelques bémols.

Jean-Christophe Grangé parle beaucoup du Diable, du satanisme, de la religion chrétienne et l’on voit qu’il a fait des recherches. Il connaît son sujet. Pourtant, j’ai pu lire quelques erreurs.

La première erreur c’est lorsqu’il parle de Satan et de Lucifer comme deux entités distinctes. Or, Satan et Lucifer sont une même entité.

Ensuite, Grangé fait allusion plusieurs fois au démon Pazuzu. Pourquoi ? Je n’ai pas compris. Pourquoi Pazuzu ? Que vient-il faire dans ce roman ?

Et pour finir, je peux dire que j’ai été déçue par la fin du roman. Là, plus rien de surnaturel, que du rationnel. La fin est bâclée. Je ne vais pas la spoiler, mais je m’attendais à mieux ou à pire… tout dépend où l’on se place. La fin est trop facile, trop évidente.

Pour conclure, le cadre mystique du roman, les thèmes abordés, le style… tout cela m’a plu et je mettrai la note de 4,5/5 à ce roman.

 

 

 

Quelques citations

 

« Le diable ne donne rien pour rien. Au moment où le sujet meurt, Satan propose son marché. La vie sauve contre une totale soumission. La promesse de faire le mal. On appelle cette “transaction” le Serment des Limbes… “Lex est quod facimus”. Le possédé écrira la loi nouvelle par ses crimes.

Brrr ça fait froid dans le dos. Voici l’explication des Sans-Lumières.

 

Ne pleure pas sur les morts. Ils ne sont plus que des cages dont les oiseaux sont partis.

Citation qui donne à réfléchir. Est-ce que la mort libère ?

 

“À l’aune de sa légende, Lourdes faisait pâle figure.

Cernée de collines, construite autour de roches saillantes, la cité mariale était minuscule. Tout y était serré près d’un fleuve qui avait plutôt l’air d’une rivière.

Malgré la basilique supérieure, qui pointait son haut clocher, malgré les églises et les chapelles, modernes et massives, le costume paraissait trop étroit pour le rôle. On avait accumulé ici les lieux de prière sans étendre la surface de construction. Lourdes, c’était la grenouille qui avait avalé un bœuf.”

Et c’est tellement vrai. Lourdes a été dépassée par son succès. Cette cité n’a jamais été pensée pour devenir un lieu de pèlerinage.

 

“Le vrai secret de la foi, ce n’est pas de pardonner, mais de demander pardon — au monde tel qu’il est, parce que nous n’avons pas su le changer.”

C’est exact. La foi ce n’est pas pardonner, mais demander pardon. La foi, c’est demander pardon de ne pouvoir pardonner. La foi c’est demander pardon ne pouvoir rien faire pour sauver l’humanité.

“Dieu n’intervenait pas sur terre. Il nous avait laissés avec les moyens du bord. Il avait livré Son message, ainsi que la liberté de cheminer jusqu’à Lui. À nous de résister aux tentations, de nous arracher à la nuit. En un mot, de nous démerder.”

Là, je ne suis pas d’accord. Dieu intervient aussi sur terre, à travers des miracles, à travers des actes bons… mais on ne le voit plus. On ne veut plus le voir. Il est plus facile de se tourner vers le mal que vers le bien. Maintenant, Dieu nous a laissé le libre arbitre. Et c’est avec cela que nous devons nous démerder.

 

Une intuition. La plante luminescente jouait un rôle précis. Elle devait faire la clarté sur l’œuvre du tueur. C’était un projecteur naturel sur la cage thoracique soulevée de larves, rongée de pourriture… Une lumière venue des profondeurs. Un autre nom du diable était ‘Lucifer’, en latin ‘le porteur de lumière.

À cet instant j’eus un flash.

Le corps de Sylvie Simonis était, symboliquement, constellé de noms.

Les noms du diable.

Belzébuth, le Seigneur des mouches.

Satan, le Maître du mensonge.

Lucifer, le Prince de la lumière.

Une sorte de trinité marquait le cadavre.

Une trinité inversée — celle du Malin.

Le symbole grossier du crucifix n’était qu’un indice pour déchiffrer les signes plus sophistiqués du corps lui-même. Mon tueur ne se prenait pas seulement pour un serviteur du diable. Il représentait, à lui seul, toutes les figures consacrées de la Bête.’

Grangé nous dit qu’il y a plusieurs noms du Malin, que le Malin est une trinité. C’est un peu simpliste comme image. Dans cette trinité, il met Satan, Belzébuth et Lucifer. C’est faux. Satan et Lucifer sont une même entité. Le Malin, le Diable, n’a pas qu’un seul nom, mais plusieurs, là je suis d’accord. Satan, Baphomet, Belzébuth, Méphistophélès, Bélial… et j’en passe. Mais il ne s’agit pas de Trinité.

 

 

Jean-Christophe Grangé est maître du roman polar noir. Il est même une source intarissable pour le cinéma, car certains de ses romans ont été adaptés pour le grand écran (Les Rivières Pourpres, le Concile de Pierre…), dont celui qui nous intéresse, Le Serment des Limbes. Enfin, pour conclure, je vous invite à découvrir ce livre. Il est tordu, certes, mais vous en apprendrez beaucoup sur la noirceur de l’homme.

 

 

Marie d’Ange

 

 

Pour aller plus loin


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