Le loup-garou, un damné

Selon la croyance populaire, le loup-garou est un homme qui se transforme, lors des nuits de pleine lune, en un énorme loup sanguinaire qui ne se contrôle pas. Or, c’est plus complexe que cela. De tout temps, les loups-garous ont fait parler d’eux, procès, légendes, histoires vraies… Dans cet article, je vous propose de faire le tour de ce personnage damné et légendaire.

 

 

Le loup-garou

Tout d’abord, le loup-garou porte aussi le nom savant de lycanthrope. Certains textes datant du 5e siècle avant J.C évoquent déjà cet être fantastique. Hérode en fait mention dans ses récits. Cependant, on n’a pas réussi à dater exactement la naissance de ce mythe.

Ce dont on est sûr, c’est qu’il est principalement issu de la civilisation européenne.

L’Église en parle aussi. Jusqu’au XVIIe siècle, s’appuyant sur des savants, elle parlait d’une possible transformation de l’homme en loup. Elle ajoutait que ces êtres se transformant en loup étaient damnés, tout comme le vampire d’ailleurs.

Concrètement, un loup-garou c’est quoi ? D’après la croyance populaire, c’est un homme condamné à errer la nuit sous la forme d’un loup. On pensait que cela venait d’une malédiction qui frappait les criminels qui s’étaient livrés au diable ou avaient pactisé avec lui de leur plein gré. Pour les guérir, on les obligeait à avouer leur crime ou on les tuait d’une balle bénie, le plus souvent en argent.

Mais, les médecins ont découvert qu’il existait des personnes qui étaient atteintes d’une forme particulière de folie, que l’on a appelé la Lycanthropie ou Folie Louvière. En fait, les victimes ont des hallucinations le plus souvent provoquées par la faim. Ces personnes se prendraient donc pour des loups et sont en proie à des crises de furie dangereuse.

Ainsi, la réalité et la fiction se mélangèrent pour donner naissance à des légendes plus ou moins loufoques.

 

L’origine du loup-garou

Le débat sur l’origine des lycanthropes dure depuis des centaines d’années et voit s’affronter des théories très diverses impliquant des théologiens, des anthropologues, des enquêteurs, des médecins, des occultistes, des spécialistes du loup.

Bien que les attaques de loups, les symptômes de maladies, les troubles psychiatriques ou l’abus de drogues expliquent la plupart des légendes sur les lycanthropes, il reste une part de mystère dans leur universalité et dans le fait que la croyance dans la métamorphose physique et la possession demeure largement répandue.

L’homme a toujours été fasciné par le loup. Cet animal incarne symboliquement la face sombre de l’espèce humaine, la cruauté de l’homme livré à lui-même et de l’homme libre des contraintes de la civilisation.

Les loups mangeurs d’hommes sont attestés depuis l’Antiquité. Ainsi, jusqu’au XXe siècle, les attaques de loups sur l’homme étaient rares, mais généralisées. Les registres paroissiaux de France à cette époque donnent une longue liste d’attaques par des loups sur des femmes et des enfants. Il régnait une vraie peur du loup, cette bête carnassière qui pouvait tuer un homme. C’est même le prédateur le plus redouté d’Europe. Et donc, le loup devient une créature du mal dans les folklores locaux.

 

Les différentes formes de loup-garou

D’après les croyances, pour devenir un loup-garou, il faut soit le vouloir, c’est-à-dire le demander par un pacte diabolique. L’individu demande alors au diable de faire de sa vie diurne un désert et de sa vie nocturne une sublimation en se changeant en un loup puissant et cruel. Soit, on devient loup-garou d’une façon involontaire, c’est-à-dire en étant mordu par un loup-garou qui transmet alors, par la salive et le sang, les germes du mal. L’homme ainsi infecté devient alors une créature de la nuit incapable de contrôler ses pulsions et semant la terreur et la mort sur son passage jusqu’à ce que cesse la malédiction.

Souvent, on pense qu’il n’existe qu’une forme de loup-garou. Et c’est une erreur. Car, il faut distinguer deux catégories de loups-garous : les infectés lucides (ceux qui ont pactisé avec le diable) et les infectés involontaires (ceux qui ont survécu à une attaque par un loup-garou).

Pour les premiers, la transformation de l’homme en loup est jubilatoire, comme une espèce d’extase. La transformation peut être stoppée à différents stades. Ces derniers ne sont pas soumis à la contrainte de la pleine lune et peuvent muter quand ils le souhaitent et garder leur lucidité.

Pour les deuxièmes, les involontaires, la transformation est douloureuse et ils perdent totalement le contrôle de leur corps et de leurs pensées. La plupart du temps, ils ne souviennent de rien lorsqu’ils retournent à leur état d’humain. Ils se réveillent nus au milieu des bois avec le goût du sang dans la bouche.

 

Les étapes de la transformation

 

Gravure de Charles Lebrun réalisé en 1806 et montrant les différentes étapes de la transformation.

Là aussi, il existe plusieurs formes de transformation, cinq au total, qui s’effectuent à chaque nouvelle pleine lune et pendant un cycle de trois jours (cycle lunaire). Attention, chers lecteurs, cela n’a jamais été prouvé. Je vous livre simplement les croyances entourant ce mythe.

 

  • La première forme : l’hommidé

Ici, la personne est à l’état normal, mais étant infectée, reste un loup-garou, même le jour. Les caractéristiques sont physiques : les sourcils se rejoignent au-dessus du nez, les canines sont plus développées, les cheveux deviennent plus épais et durs. Par ailleurs, l’odorat et l’ouïe se développent. Et les animaux sont effrayés lorsqu’elle passe devant eux.

 

  • La deuxième forme : le galbro

Il s’agit de la première étape de la mutation. Alors le poids de l’homme infecté augmente de 25 %, la taille de 10 %. Le corps se couvre de poils, les mains s’allongent et deviennent griffues, les oreilles se mettent en pointe, les dents poussent, la barbe s’allonge et la musculature devient plus massive. L’ouïe et l’odorat sont extrêmement développés. Dans cette forme, le loup-garou peut encore parler et maîtrise encore ses réactions. Il peut choisir ses victimes. C’est dans cette forme que l’on voit le loup-garou du film WOLF.

 

  • La troisième forme : le crinos

C’est la forme la plus connue et la plus bestiale. Le poids et la taille augmentent encore. Le corps se couvre entièrement de poils et devient très musclé, les mains et les pieds s’allongent et se munissent de longues griffes, une queue touffue pousse, la mâchoire s’allonge et devient un museau, les dents deviennent des crocs, les oreilles pointues. L’homme ainsi transformé n’a plus rien d’humain. Il est un énorme loup.

Sous cette forme, le loup-garou est incontrôlable. Il est rapide et se déplace debout ou à quatre pattes. C’est un véritable prédateur. Cet aspect est visible dans le film Hurlements de Joe Dante.

 

  • La quatrième forme : l’hispo

Ici, l’homme transformé est quasiment un loup. La taille et le poids sont inchangés par rapport au crinos, sauf que l’individu se déplace à quatre pattes. Son aspect est celui d’un loup normal, en beaucoup plus grand. Là, on est en face à une véritable machine à tuer. C’est cette forme que l’on voit dans le film Le Loup Garou de Londres de John Landis.

 

  • La cinquième forme : le lupus

C’est la forme finale de la transformation. L’individu devient un vrai loup, en poids et en taille. Il possède tous les attributs physiques et toutes les capacités du loup. Il peut se fondre dans une meute et en devenir le chef, car son raisonnement reste supérieur aux animaux. Sous cette forme, le loup-garou est calme. En général, il choisit cette forme lorsqu’il veut se faire oublier et se cacher. Il chassera le gibier avec la meute, mais ne s’accouplera jamais avec une loupe. Cet aspect est visible dans le film Ladyhawke de Richard Donner.

 

 

Peut-on tuer un loup-garou

Pour tuer un loup-garou, il faut lui tirer dessus, avec une arme contenant des balles en argent. C’est même plus efficace si ces balles sont bénies nous dit-on. Ce détail rejoint la croyance à la damnation du loup-garou. Il faut aussi toucher une partie vitale du lycanthrope.

Signalons qu’un loup-garou sous sa forme humaine tué par une balle simple peut revenir à la vie et se transformer.

Il existe aussi deux autres méthodes très efficaces pour tuer un loup-garou : la décapitation et le feu.

Décapiter un loup-garou est une méthode très sûre, pour peu que l’on soit assez fort pour le faire. Quant à brûler un lycanthrope, il faut le prendre dans sa forme humaine, sinon impossible de l’immobiliser.

Je sais, chers lecteurs, ces méthodes sont barbares.

Notons que le loup-garou, une fois mort, reprend son apparence humaine. De même, un membre sectionné redevient humain au bout de quelques secondes.

L’Église avait instauré le fait que si un individu était reconnu coupable de lycanthropie, il devait subir plusieurs supplices avant d’être conduit au bûcher. Cela valait particulièrement pour ceux qui avaient pactisé avec le diable.

 

Mythe ou réalité

J’ai remarqué que souvent la réalité rejoint la fiction. Dans le cas qui nous intéresse, je pense que cela est le cas.

Regardons un peu l’histoire de l’humanité. Il y a eu des guerres, des famines, des épidémies. Et cela a provoqué des massacres. Il n’était pas rare de voir certaines personnes devenir cannibales pour survivre et même manger leurs propres enfants.

Mais… car il y a toujours un mais, il y a quelque chose de bizarre autour de ce mythe. En effet, on trouve dans de nombreux témoignages et dans les contes… de nombreuses histoires mettant en cause des lycanthropes. Il y a même eu des procès ! Et l’on a la trace de ces procès. Je les développerai dans un prochain billet.

Pour l’exemple, entre 1520 et 1630, pas moins de 30 000 cas de lycanthropie ont été signalés dans le centre de la France.

Comme pour son cousin le vampire, nous disposons d’un nombre impressionnant de témoignages qui attestent son existence. Il y a aussi de nombreux rapports provenant de Belgique, d’Allemagne, de Grande-Bretagne, de Hollande, de Hongrie, de Russie, d’Espagne… qui attestent de la réalité du loup-garou.

Il paraît donc difficile de réduire la croyance à l’existence du loup-garou à une simple superstition.

De plus, hormis avec l’aide de la chirurgie et l’utilisation de costumes, la transformation physique d’homme en loup est impossible. Cependant, beaucoup de personnes y ont cru et y croient encore.

Aujourd’hui, avec l’avancée de la médecine et de la psychiatrie, la lycanthropie a été reconnue comme un symptôme d’une maladie mentale dans laquelle la personne se croit changée en loup. On parle alors de lycanthropie clinique. Cela est bien gentil, mais que fait-on alors de l’histoire de l’affaire du loup-garou de Londres, issue des dossiers Warren. Là, il s’agissait d’un homme possédé par l’esprit d’un loup. C’est peut-être cela en fait le loup-garou, un homme possédé par un démon. 

Par ailleurs, l’hypertrichose, une maladie qui se manifeste par une pilosité envahissante sur tout le corps ou sur une partie du corps, a été longtemps confondue comme un symptôme de la lycanthropie. Or, on sait qu’il n’en est rien.

 

Les théories ésotériques

 

Loup-garou, par Luca Cranach l’Ancienn, gravure sur bois réalisée vers 1512.

D’après certaines théories ésotériques, notamment celles s’inspirant des croyances nordiques anciennes, la croyance aux lycanthropes est liée à celle des voyages de l’âme. C’est un état de transe pendant lequel l’esprit du chamane visite l’autre monde dans la peau d’un loup par exemple et entre en communication avec les esprits qu’il interroge.

De très anciens rites païens, notamment Amérindiennes et Celtes, montrent des hommes revêtus de peaux et coiffés de la tête d’un loup. Ici, il s’agit d’un chamane à la fois sorcier et guérisseur, capable de communiquer avec les esprits.

Au XIXe siècle, une autre théorie prend vie avec Éliphas Lévi qui explique la lycanthropie par l’existence d’un corps sidéral. Ainsi, chez un homme à l’instinct sauvage et sanguinaire, son corps éthérique errera sous la forme d’un loup alors qu’il dort paisiblement chez lui rêvant d’être un vrai loup. 

Au XXe siècle, la voyante Rose Gladden pensait aussi que le voyage astral pouvait expliquer l’activité des loups-garous.

De nombreux auteurs ont associé l’origine des légendes du vampire et du lycanthrope aux meurtres en série pour lesquels il faut trouver une explication à des époques peu rationnelles. Cette théorie est accréditée par le fait que les tueurs en série modernes s’adonnent parfois au cannibalisme, aux mutilations et aux attaques cycliques. Un tueur en série comme Gilles Garnier est l’un des rares cas de lycanthropie répertoriés comme tels dans les annales de la justice française. Ce cas, je le développerai dans un prochain billet et livre.

Toutes ces théories rejoignent celle de la possession démoniaque. Finalement, ces gens sont possédés par un esprit, un démon, car l’on sait que ces expériences de voyage astral et les communications avec les esprits entraînent des possessions démoniaques. 

 

On pourrait se poser la question d’où provient le premier loup-garou. Je n’ai pas la réponse à cette question. Le loup-garou reste un personnage mythique, issu de différentes légendes. Existe-t-il ? Probablement par une possession par un démon. Cette théorie reste à être vérifiée.

 

 

Marie d’Ange

 

Pour aller plus loin

 

 

 

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