Le démoniaque de Yatton

 

En 1778, un tailleur anglais du nom de George Lukins a prétendu être possédé par un démon. Ce pauvre homme parlait souvent d’une voix qui n’était pas la sienne, ce qui a effrayé les voisins qui ont demandé l’aide de l’Église. Des exorcismes ont été pratiqués sur George Lukins et ce dernier a obtenu la délivrance. Mais, des années plus tard, on parle de supercherie. Qu’en est-il réellement de cette affaire George Lukins, un cas documenté de possession démoniaque qui a été dénoncé comme un faux cas ?

George Lukins

George Lukins, aussi connu sous le nom de Yatton Daemoniac était un tailleur anglais tout ce qui a de plus normal, bien inséré dans la société. Il vivait à Yatton, un petit village anglais, d’où son surnom du « démoniaque de Yatton ». Mais cet homme à l’apparence tranquille se disait possédé par un démon. Il disait même être le Diable lui-même.

Les voisins racontaient que George Lukins était victime d’un mal étrange qui le forçait à chanter et crier de différentes manières, avec des voix différentes qui n’étaient pas humaines. George Lukins a été vu par de nombreux médecins. Il a même fait un séjour de plus de vingt mois dans un hôpital psychiatrique sans que l’on puisse le guérir de son mal. Les soignants étaient tous convaincus que ce qui rongeait George Lukins était de nature démoniaque. Parfois, lorsqu’il entrait en crise, il devenait très violent, poussait des cris d’animaux et chantait des hymnes anciens. Il disait aussi être le Diable.

Les voisins avaient peur de George Lukins et l’évitaient.

En 1778, alors que cela faisait dix-huit ans que George Lukins souffrait de ce mal étrange, Sarah Barber, qui connaissait le démoniaque de Yatton, rencontre le révérend Joseph Easterbrook, vicaire anglican de Temple Church en visite à Yatton. Sarah Barber lui demande de venir en aide à George Lukins que les médecins tentaient en vain de soigner.

Sarah Barber connaissait bien George Lukins. Ce dernier s’était confié à elle, et avait avoué que ce mal avait commencé alors qu’il jouait dans un spectacle de Noël à l’église de son village. Durant ce spectacle, il avait reçu « une gifle surnaturelle » qui l’avait assommé. Depuis, il était tourmenté par des démons au point d’être déclaré incurable par la communauté médicale. Pourtant, George Lukins était croyant et assistait aux messes dominicales. Il priait beaucoup aussi. Les membres de la communauté chrétienne à laquelle appartenait le pauvre homme pensaient qu’il était victime d’un sort, qu’il était ensorcelé. Un jour, George Lukins, en état de crise, avait déclaré être possédé par sept démons que seuls pouvaient chasser sept membres du clergé.

En entendant cette histoire, le révérend Joseph Easterbook a aussitôt contacté des membres du clergé. Il fallait sept exorcistes pour chasser les sept démons qui possédaient le Yatton Daemoniac.

 

L’exorcisme

L’exorcisme se déroula en 1788 à l’église du Temple (Temple Church en anglais), alors que George Lukins avait quarante-quatre ans. Sept prêtres pratiquèrent cet exorcisme. Et à la fin du sacrement, George Lukins fut délivré des sept démons qui le possédaient. Il se serait écrié « Béni sois Jésus » et aurait récité la prière du Seigneur.

Mais, cet exorcisme a été sujet à de nombreuses controverses. Il existe, dans les archives de l’Église, des comptes-rendus de cet exorcisme. L’église du Temple (Temple Church), lieu où s’est déroulé l’exorcisme, est une église très connue de Londres. L’un des comptes-rendus de l’exorcisme a été publié par le journal Bristol Gazette. On peut alors penser que des journalistes ont été témoins de cet exorcisme. Le journal a rapporté que George Lukins est devenu très violent, qu’il a prétendu être le Diable, qu’il avait aboyé, puis chanté un psaume inversé. Donc, le journal Bristol Gazette affirmait de la véritable possession démoniaque de George Lukins et de sa guérison par les prêtres-exorcistes.

Ce journal raconte exactement comment c’est passé la cérémonie : le vendredi 13 juin 1778, six pasteurs et le révérend Joseph Easterbrook accompagnèrent George Lukins à la sacristie de l’église du Temple. Là, ils récitèrent le Rituel de l’exorcisme, rituel qui comprend des prières, des psaumes et des injonctions. Sept démons furent chassés du corps du pauvre tailleur qui fut délivré. Les sept exorcistes ont ordonné aux démons de retourner en enfer et George Lukins s’est alors écrié : « Béni soit Jésus ! »

Déjà, le révérend Easterbrook, lorsqu’il a écrit son compte-rendu de cette histoire, avait déclaré que son récit serait mis en doute à cause « de cette ère moderne de scepticisme ». Donc, déjà à l’époque, on commençait à ne plus croire aux forces du mal, car, déjà à l’époque, les francs-maçons avaient commencé leur travail de sape de la foi chrétienne. Pour le révérend Easterbrook, il s’agissait d’un véritable cas de possession démoniaque.

Mais, un article paru dans le magazine Gentleman’s et intitulé « Historical Chronicle » est venu critiquer le récit du révérend. Le journaliste qui a écrit cet article a rapporté que George Lukins souffrait en réalité d’épilepsie. Pour preuve de ses dires, il avait interviewé le docteur Feriar, un démonologue médical (oui cela existait dans le temps, mais cette profession a disparu !), qui a indiqué que George Lukins était un imposteur qui se faisait passer pour un démoniaque.

Cependant, et cela il faut le souligner aussi, George Lukins a complètement été guéri de ses maux après l’exorcisme. Il retrouva sa sérénité et le bonheur.

Après la parution de l’article du Gentleman’s, plusieurs ouvrages ont été publiés sur notre tailleur. Tous ces ouvrages ont eu pour but de décrédibiliser l’histoire de ce pauvre homme et, en même temps, de décrédibiliser l’Église. Et George Lukins essuya de lourdes moqueries, qui furent pour lui, peut-être, aussi dures que la possession démoniaque.

 

Simulation ou véritable possession démoniaque

Il est très compliqué de démêler le vrai du faux dans une histoire très ancienne. Cependant, examinons les faits. Il existe de nombreux témoignages de personnes qui ont côtoyé George Lukins. Tous parlent de phénomènes étranges, surnaturels. George Lukins aurait été vu par plusieurs personnes lors d’état de crise, épisodes très intenses durant lesquels le pauvre homme devenait subitement violent, griffait, mordait et faisait preuve d’une force surhumaine. Crises aussi durant lesquelles il se mettait à parler plusieurs langues dans une voix qui n’était pas la sienne. Lors de ces crises, il montrait une aversion très prononcée pour tous les objets saints. George Lukins a été vu par plusieurs médecins, il a même été hospitalisé, sans que l’on puisse diagnostiquer son mal. Alors, oui, les villageois effrayés ont pensé qu’il était possédé, ce que George Lukins avait plusieurs fois avoué lors de ses crises.

Au moment où eut lieu l’exorcisme, Lukins était épuisé, amaigri. Il ne tenait quasiment plus sur ses jambes. Mais plus il était amoindri physiquement, plus ses crises étaient intenses et violentes. Et lors de ces crises, tout son visage se déformait, s’étirant dans un masque monstrueux.

Ces crises nuisaient gravement à sa santé et les villageois s’inquiétaient pour lui. L’histoire de cet homme étrange rongé par une maladie bizarre s’était vide répandue dans tout le village, au point qu’on lui avait donné un surnom : Yatton Daemoniac. Le vicaire de l’église du Temple, Joseph Easerbrook, avait décidé d’aider Lukins et lorsqu’il a informé d’autres membres du clergé et demandé de l’aide, beaucoup ont refusé de s’en mêler. Peut-être la peur qui régnait déjà à cette époque et qui ridiculisait déjà l’Église. Le travail de fond des francs-maçons pour faire disparaître l’Église avait déjà commencé. Mais, Joseph Easerbook avait réussi à réunir six autres pasteurs membres d’un mouvement religieux appelé Wesleyanism. 

Selon le récit de Joseph Easterbrook, l’exorcisme a commencé lorsque Lukins s’est mis à chanter d’une voix très aiguë qui est tombée dans le timbre d’une voix grave avant d’injurier tous les exorcistes présents et de les ridiculiser en disant qu’ils échoueraient, qu’ils n’arriveraient pas à le vaincre. Ensuite, il a parlé avec une voix d’homme, puis une voix de femme, il a crié, blasphémer, menacer, puis a chanté une chanson très imagée sur l’acte sexuel. À travers sa bouche, les démons se sont révélés et ont clairement fait entendre qu’ils étaient furieux.

Au fur et à mesure que les sept exorcistes récitaient le Rituel, d’autres voix se sont fait entendre sortant de la bouche de Lukins. Ces voix discutaient entre elles, de choses et d’autres, aboyaient, hurlaient, grognaient, disaient des bêtises, faisaient de l’humour, et une voix particulièrement basse se vantait de détenir d’énormes pouvoirs. C’était comme si plusieurs personnes s’exprimaient à travers Lukins. Parfois, les voix parlaient un latin parfait, langue que Lukins ne connaissait absolument pas. Lukins a aussi chanté une louange, « Te Deumau », louange qui proclame le diable comme le chef suprême et gouverneur de toutes choses. Il a fallu deux hommes pour maintenir Lukins sur sa chaise pendant que les exorcistes récitaient les prières. Lukins se contorsionnait, voulait mordre, voulait frapper les exorcistes. Lorsque l’un des exorcistes a demandé aux démons pourquoi ils torturaient cet homme, un démon a répondu : « Pour que je puisse montrer mon pouvoir parmi les hommes. »

Après deux heures de prières, Lukins est devenu calme. Il a loué le Seigneur et a déclaré que les démons étaient partis.

Tous ceux qui avaient assisté à cet exorcisme étaient convaincus que Lukins était possédé. Comment simuler les voix, les contorsions, les chants, la force ? Ce n’était pas possible. Mais, quelques personnes, qui pourtant n’avaient pas assisté à l’exorcisme, ont rapidement émis des doutes quant à la véracité de toute cette histoire. Certains ont affirmé que Lukins était connu pour être un habile ventriloque et un imitateur très doué. Ils ont ajouté qu’il était alcoolique et qu’il avait un caractère farceur. D’autres ont simplement soulevé le fait que Lukins souffrait d’une forme d’épilepsie ou que la possession démoniaque avait été inventée par Lukins pour éviter de travailler.

Alors que d’un côté, il y avait les témoignages des personnes qui avaient assisté à l’exorcisme et que de l’autre côté il y avait les personnes qui ne faisaient qu’émettre des hypothèses sans apporter de preuves, la presse se rangea vers l’explication naturelle : alcoolisme, épilepsie, farce, ventriloquie… Et l’exorcisme de Lukins devint l’un des exorcismes les plus controversés d’Angleterre.

Comment savoir si Lukins était vraiment possédé ou s’il simulait ? On ne peut pas répondre à cette question, mais connaissant l’influence déjà très présente de la franc-maçonnerie (qui ne voulait absolument pas ranimer la « flamme chrétienne » avec pareille histoire), je pencherai vers une véritable possession démoniaque. Ajoutons que Lukins, après cet exorcisme, est retourné chez lui, à une vie tranquille et qu’il n’a plus connu de maux. Lui qui souffrait depuis plus de dix-huit ans d’un « mal inconnu » non diagnostiqué, qui a été hospitalisé pendant vingt mois, il était complètement guéri. Mais, comme on l’avait décrédibilisé, moqué, il n’arriva pas à trouver un emploi stable et vivait de quelques petits jobs sporadiques, de la mendicité et de l’aide du gouvernement jusqu’à sa mort solitaire en 1805.

 

Histoire vraie ou canular

Essayons de démêler le vrai du faux de cette histoire. Est-ce que George Lukins était possédé par sept démons ? Est-ce qu’il a simulé sa possession démoniaque ?

J’ai trouvé quelques éléments de réponses dans la presse anglaise de l’époque.

Nous savons que des journalistes étaient présents lors de son exorcisme au sein de l’église du Temple de Londres. Ce reportage publié par la gazette de Bristol est passé inaperçu pendant un certain temps, mais bientôt, il a commencé à se répandre dans les journaux nationaux. C’est à ce moment qu’est née la polémique. Quelques années plus tard, vers le début de l’été 1794, cette polémique s’est transformée en un véritable scandale avec la publication d’un pamphlet le 23 juin 1794 suivie des premiers articles nationaux.

Voilà ce que disait ce pamphlet :

« Lo, Lukins arrive, et avec lui vient un train. Des personnes célèbres pour leur manque de cerveau ; avec leurs faces de hibou, leurs manteaux de corbeau, leurs pas solennels, leurs taches solennelles, ils vont chasser sept puissants démons de Lukins. »

Ce petit pamphlet, retrouvé sur un morceau de papier et provenant d’un anonyme, avait glissé dans une copie du livre qui racontait l’histoire de Lukins. Il décrit d’une manière très parodique, l’exorcisme de George Lukins.

Nous savons que George Lukins a souffert pendant dix-ans d’un mal inconnu et qu’il a été délivré de ce mal par sept exorcistes. Le révérend Easterbrook était persuadé que l’homme était possédé et il a prié pour sa délivrance, avec six autres exorcistes. Cet exorcisme a été suivi par de nombreux témoins, essentiellement des curieux qui se sont amassés dans l’église, mais aussi des journalistes de la presse locale. Toutes ces personnes ont donc assisté à la délivrance de George Lukins, ont assisté au combat spirituel qui s’est joué en ce lieu saint, ont vu le comportement de Lukins durant l’exorcisme, ont entendu les voix. Après la séance d’exorcisme, Lukins n’a plus souffert de ce mal inconnu, mais il a été rejeté par la société.

Tous les curieux qui ont assisté à l’exorcisme dans l’église du Temple ont répandu cette histoire dans les rues de Bristol. Bien sûr, l’histoire a été déformée, amplifiée. Des rumeurs ont commencé à courir dans la ville, des commérages, ce qui a attiré les médias nationaux qui n’ont vu dans cette histoire qu’une opportunité de décrédibiliser l’Église. Et ce sont les médias qui ont commencé à répandre la polémique, qui s’est rapidement transformée en scandale dirigé contre l’Eglise. Finalement, c’est toujours la foi au Christ que ces gens cherchent à détruire. 

Les rumeurs se sont répandues comme une traînée de poudre. Bientôt, on a fait croire que les sept démons pouvaient posséder quiconque entrait dans l’église du Temple. On a fait croire aussi que Lukins simulait et qu’il a tourné les prêtres en ridicule. Pour la presse, Lukins était un imposteur et le révérend Easterbrook un naïf.

Cette histoire a fait remonter d’autres histoires à la surface, celle du cas Cock Lane Ghost, une affaire de maison hantée du centre de Londres qui s’était terminée par un meurtre. L’enquête avait révélé que toute cette histoire avait été montée de toute pièce pour cacher une énorme fraude. Avec cette affaire, on voulait décrédibiliser celle de Lukins. Et Lukins passa pour un fraudeur dans l’opinion publique.

Quoi qu’il en soit, entre le 18e et 19e siècle, de nombreux articles furent publiés sur l’affaire Lukins et les débats faisaient rage. Parfois, lorsqu’un sujet était chaudement débattu, les journaux continuaient de publier les réponses des lecteurs, alimentant ainsi les débats. Cela pouvait durer des mois. Les théories les plus farfelues étaient publiées, et les lecteurs ne savaient plus quoi penser sur ce cas. On les avait embrouillés en les noyant dans les hypothèses et les théories. Tout le monde y allait de son commentaire, au point qu’on ne parla presque plus des véritables faits. Deux camps se disputaient, d’un côté ceux qui pensaient que Lukins était un charlatan qui avait simulé, pendant plus de dix-huit ans son « mal inconnu » et c’est pour cela que la médecine ne put le soulager, et de l’autre côté, ceux qui pensaient l’inverse, que Lukins était victime d’une réelle possession démoniaque. Le premier camp se concentrait sur les crises du tailleur et sur les rapports des médecins. Ils pensaient que Lukins était épileptique, que l’épilepsie était la cause de tous ses maux.

Comme l’on peut s’y attendre, le camp le plus virulent était celui des ceux qui rejettent le Christ. Les débats sont rapidement devenus âpres. Les antichrists se sont mis à insulter les croyants, les traitant de « pauvres hommes qui refusaient de voir la science ». Pour ces rationalistes, l’exorcisme était synonyme de Moyen Âge, d’obscurantisme. Tout pouvait s’expliquer par la science, et le surnaturel n’avait pas sa place en science. C’est bizarre comme aujourd’hui, les deux camps s’affrontent sur les mêmes discours et ceux qui ont la foi au Christ sont ridiculisés. Les choses ne changent pas. Pour les rationalistes, la science écartait la foi religieuse. En réalité, le fond de cette histoire était plus profond : si cet exorcisme était réel, si Lukins était vraiment possédé, alors la foi des évangiles remontait à la surface et les gens, naturellement, allaient se tourner vers cette foi. Cela, les francs-maçons ne le voulaient pas, donc ils ont lutté de toutes leurs forces pour décrédibiliser l’Église en manipulant le peuple. La foi ne devait pas vaincre et pour éviter cette victoire, ils ont opposé à la foi la science. Or, et nous le savons aujourd’hui, la foi ne s’oppose pas à la science, mais elle complète la science. Lentement, une bataille de croyances s’est mise en place entre l’Église d’Angleterre et les rationalistes. Là, les rationalistes ont fait appel à tous ceux qui avaient côtoyé « le démoniaque de Yatton ». Un témoignage a particulièrement fait grand bruit, celui de Samuel Norton, chirurgien, qui avait suivi pendant un certain temps Lukins et l’avait souvent examiné.

Pour Samuel Norton, Lukins était un fraudeur. Ce chirurgien a écrit aux journaux pour exprimer son opinion. Voici son témoignage : « En juin 1770, je me suis installé à Yatton et j’ai été logé quelque temps chez cet homme, de sorte que j’ai souvent eu l’occasion de le voir dans ses crises. Dans chacun de ces domaines, il n’avait rien de plus que les autres, sauf en chant. Cet homme a un don pour le chant. […] La seule affirmation que je peux faire est qu’il gardait toujours les yeux vifs pendant ses crises. En réalité, il regardait toujours si on le regardait, il jetait des coups d’œil autour de lui pour savoir s’il disposait d’un bon public. Le regretté Monsieur Wake, notre vicaire, a remarqué cette supercherie et a rapidement considéré Lukins avec mépris. Et j’espère que ce simple récit du sujet empêchera les gens honnêtes et bien intentionnés de se laisser tromper par des prétextes sans fondement. »

Norton a aussi affirmé que les nombreuses contorsions de Lukins, même si elles restaient inhabituelles, n’étaient que de la « détermination » de Lukins. Pour Norton, Lukins avait un mental très fort et pouvait simuler ces crises, pouvait demander à son corps de se contorsionner, de se mettre dans des positions improbables.

Cette affirmation a été suivie par de nombreux débats et propos très acerbes de la part de plusieurs écrivains. Citons Jutitae Vindex, Anti-Fanatic et Amicus. Selon Norton, ces écrivains, qui signaient sous de faux noms, avaient pour but de renforcer le récit de la possession démoniaque. Les communications sont rapidement devenues amères. Cela me rappelle les débats qui ont lieu parfois sur Twitter, avec des personnes se cachant derrière un pseudo insultant ceux qui ne pensent pas comme eux. Cette manœuvre joue bien sûr contre eux, puisqu’ils sont rapidement démasqués. On pourrait même croire (mais là certains vont me dire que je suis complotiste) que tous ces comptes sont créés justement pour décrédibiliser les vrais arguments et pour nous faire gober des mensonges. Encore une fois, tout est question de manipulation.

Les échanges entre les deux camps sont rapidement devenus insultants, comme cela se passe encore de nos jours. Les lecteurs, embrouillés par ces nombreux échanges, ne savaient plus quoi penser.

Pendant ce temps, le révérend Easterbrook poursuivait sa quête de vérité sur le terrain. Il avait rédigé un certificat d’authenticité et l’avait transmis aux révérends Westcode et Hunt afin qu’ils fassent du porte-à-porte autour du village de Yatton, demandant aux gens de signer le document. Ce document attestait de la véracité des faits, de la véracité de l’exorcisme et de la délivrance de Lukins. Mais, il n’a pas rencontré le succès souhaité. Peu ont accepté de le signer. La campagne fut un échec pour Easterbrook.

Plus tard, le public a demandé la fin des querelles et a plaidé, majoritairement, en faveur des faits. Petit à petit, les journaux se sont détournés de cette histoire, la laissant aux satiristes. Ces derniers se sont donnés à cœur joie, ils se sont amusés avec cette histoire, poussant les gens à s’éloigner de Lukins. C’est pour cela que le pauvre homme tomba dans la pauvreté, qu’il ne trouva plus de travail et qu’il fut obligé de mendier pour manger. Puis, le cas de George Lukins s’est effacé progressivement sans qu’aucun journal ne donne une conclusion ou un fait établi. George Lukins a eu le droit à une nouvelle et dernière mention dans la presse lors de sa mort. Les journaux locaux ont titré : « Autrefois un sujet de popularité en tant que démoniaque. » Implacables médias qui ont vendu des journaux grâce à cette histoire, qui ont conduit ce pauvre homme à la misère.

Au fil du temps, cette affaire a quand même réussi à ressurgir de temps en temps. En 1820, par exemple, un magazine londonien a qualifié cette affaire de « farce abominable » qui avait amené la religion au mépris. En 1824, le journal Mirror a affirmé que  Lukins était épileptique et que c’étaient ces crises d’épilepsie qui ont déformé son corps. En 1832, le journal Christian Observer a affirmé que Lukins lui-même avait avoué sa « grande farce » sur son lit de mort.

Pourtant, aucun de ces faits n’a pu être prouvé.

Si Lukins avait vraiment simulé être démoniaque, quelle était alors sa motivation ? Pourquoi aurait-il inventé toute cette histoire ? Ses opposants ont simplement passé sous silence ces questions pourtant importantes. Pour eux, Lukins était un simulateur, point. Ils n’ont pas cherché plus loin.

Aujourd’hui, cela nous semble être une omission flagrante qui dégrade la force de leurs arguments. Pourquoi Lukins a-t-il joué aussi longtemps, plus de dix-huit ans, le rôle du malade ? Cela ne lui a rien rapporté ? Il n’avait rien à gagner en simulant « sa maladie ». Son seul bénéfice, si on peut l’appeler ainsi, ce sont ses visites médicales payées par l’Église. Ajoutons que le frère de Lukins, qui était considéré comme un homme de valeur dans la région, a souffert dans sa réputation de cette histoire. Donc, Lukins a aussi souffert de cette réputation « d’homme démoniaque ». Il a fini mendiant, alors qu’il avait un travail, qu’il était tailleur.

S’il souffrait véritablement d’épilepsie, comment expliquer le fait qu’il n’en ait plus souffert après l’exorcisme ? En effet, les crises d’épilepsie sont imprévisibles et spontanées. On ne peut pas les contrôler. Comment expliquer aussi le fait que Lukins a été décrit comme quelqu’un d’affaibli, émacié avant l’exorcisme et qu’il ait retrouvé des forces après l’exorcisme ? Et surtout, comment expliquer le fait que Lukins, apparemment, restait lucide au moment des crises, si celles-ci étaient bien des crises d’épilepsie ?

Autant d’interrogations qui décrédibilisent la thèse des opposants de ce pauvre homme.

L’histoire de ce pauvre homme montre comment les mentalités entre les premiers chrétiens et ceux du XVIIIe siècle ont changé : les premiers chrétiens auraient guéri cet homme et l’auraient aidé à retrouver une vie normale, une vie digne. Les chrétiens du XVIIIe siècle, pour la plupart, ont fermé la porte à cet homme qui avait pourtant besoin d’aide. Les médias se sont chargés de le ridiculiser, et la population a suivi. À présent guéri, et donc en bonne santé, il n’a plus retrouvé de travail et a dû vivre de la mendicité. C’est le monde que préparait déjà à l’époque la franc-maçonnerie, c’est le monde d’aujourd’hui, où de nombreuses personnes qui subissent des maux démoniaques ne trouvent plus aucune aide, sont marginalisées, enfermées dans des asiles psychiatriques, moquées ou dupées. La franc-maçonnerie a tué l’esprit d’entraide qui régnait au sein de la communauté chrétienne. La franc-maçonnerie veut faire disparaître la chrétienté. Or, sans le Christ, le Diable ne trouvera plus aucun obstacle devant lui et le Nouvel Ordre Mondial pourra apparaître, Nouvel Ordre Mondial qui sera dirigé par l’Antichrist. Il est temps de réagir, nous avons trop laissé faire, il est l’heure d’entrer dans le combat spirituel. Il est temps de remettre le Christ au centre de nos vies, d’aimer Dieu pour aimer les autres à travers Lui. Courage, persévérance et bienveillance. 

 

Marie d’Ange

 

Pour aller plus loin

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2 commentaires sur “Le démoniaque de Yatton

  1. Bien le bonjour à vous, Marie D’Ange.

    Je suis partie à la recherche du “Te Deumau”, et je ne l’ai pas trouvé, sur Internet.

    Ce chant de Louanges à la Gloire de Notre Maître existe-t’il rééllement ?

    1. Bonjour,
      Je ne connais pas ce chant, donc je ne peux vous aider.
      Cordialement,
      Marie d’Ange

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