Le château hanté de Trécesson

Direction la Bretagne et ses légendes surnaturelles. Plus précisément à Paimpont au château de Trécesson, où séviraient plusieurs fantômes. Plusieurs légendes entourent ce château, la plus connue étant celle de la Dame Blanche. Découvrons ces légendes.

 

 

Un peu d’histoire

Le château de Trécesson est un des rares châteaux qui a conservé son aspect médiéval. C’est aussi un château impressionnant, sinon le plus impressionnant de Bretagne.

Situé sur la commune de Campénéac, dans le Morbihan, le château borde la forêt de Paimpont-Brocéliance. Depuis septembre 2012, le domaine du château est classé au titre des monuments historiques. Seul le château lui-même était inscrit à ce titre en juin 1922.

Le château de Trécesson était, au VIIIe siècle, la demeure des seigneurs de Ploërmel et Campénéac.

La famille de Trécesson en est devenue propriétaire au XIIIe siècle. Le premier propriétaire connu était le chevalier Jean de Trécesson.

Il est dit que le château fut construit à la fin du XIVe siècle, mais dans son état actuel on pense qu’il a été construit à la fin du XIVe siècle au début du XIVe siècle.

Il aurait été bâti par Jean de Trécesson, chambellan du duc Jean IV de Bretagne.

En 1440, la dernière héritière de la famille Trécesson se marie avec Éon de Carné. Ce dernier, puis son fils François prendra la relève dans cette entreprise, entreprend la reconstruction du château. Le château restera la propriété de la famille Carné-Trécesson jusqu’en 1773. À cette date, la dernière héritière, Agathe de Trécesson, se marie avec René-Joseph Le Preste de Châteaugiron. C’est lui qui en devient le propriétaire.

En 1793, René-Joseph vend le château à Nicolas Bourelle de Sivry, payeur général des guerres. Celui-ci le cédera en héritage aux Perrien et aux Crenan, puis aux Montesquieu et enfin aux Prenulé.

Aujourd’hui, la famille Prunelé habite toujours le château.

Comme la plupart des châteaux médiévaux, Trécesson est réputé hanté. Trois légendes circulent sur son compte et pas des moindres.

 

La Dame Blanche

Pour comprendre cette légende, il faut remonter le temps jusqu’au XVIIIe siècle. D’ailleurs, cette légende a été racontée dans le volume 4 de la revue nantaise Le Lycée Armoricain publiée en 1824. L’auteur avait signé sous le pseudonyme A.

Ce dernier avait déclaré avoir collecté cette histoire auprès du concierge du château. Et voici ce que l’on a pu y lire :

« … cet antique manoir est moins célèbre aujourd’hui par les tournois et les faits d’armes dont, sans doute, il a été le théâtre, que par le souvenir d’un évènement extraordinaire dont la tradition subsiste encore parmi les habitants du pays. Le voici tel qu’un vieux concierge me l’a raconté. »

Pour la suite de l’histoire, je préfère prendre ma plume.

Entre 1740 et 1760, le château de Trécesson appartenait au Seigneur de Trécesson, un homme bon et bienveillant envers ses vassaux, mais qui pouvait se montrer dur et inflexible si l’on venait braconner sur ses terres, braconniers qui prenaient quand même le risque de venir sur ses terres la nuit.

Et une nuit, en embuscade dans le parc du château, un braconnier guettait sa proie. Lorsqu’il entendit du bruit, il grimpa sur un arbre et s’y cacha. De son perchoir, il vit une voiture attelée de deux chevaux noirs s’avancer lentement. Devant l’attelage marchaient quelques hommes, certainement des servants, pelles et pioches à la main.

L’attelage s’arrêta non loin du braconnier. Les hommes munis de pelles et de pioches se mirent à creuser une fosse, au pied justement de l’arbre où il s’était caché. Au même moment, deux gentilshommes richement habillés sortirent de la voiture et firent descendre avec violence une jeune femme. Celle-ci était habillée d’une robe de soie blanche et était richement parée. Sur la tête, elle portait une couronne de fleurs. Dans ses mains, elle tenait un bouquet. Le braconnier comprit qu’il s’agissait d’une jeune fiancée.

La femme suppliait les hommes (le braconnier comprit qu’il s’agissait de ses frères) de lui laisser la vie sauve, en vain. Ces derniers lui répondirent qu’elle avait déshonoré la famille et que désormais, elle n’en faisait plus partie.

Voici encore un extrait que l’on peut lire dans la revue nantaise parue en 1824 :

« — Que me voulez-vous, disait-elle, et pourquoi m’avez-vous conduite ici ?

— Vous le saurez, Madame.

— La solitude et l’obscurité de ces lieux m’épouvantent.

— Nous y sommes avec vous.

— Pourquoi cet appareil lugubre ? Mes frères, mes amis, ne me faites point de mal.

— Vos frères ; non. Madame, nous ne le sommes plus ; vous avez cessé d’appartenir à une famille que vous déshonorez.

— Au nom de Dieu, ne me tuez pas. Faut-il mourir si jeune ! Au moment d’atteindre au bonheur, ah ! que la mort est affreuse !

— II faut pourtant vous y décider, Madame ; les pleurs sont inutiles, votre heure est venue : il ne vous reste plus qu’à mourir.

— Arrêtez, de grâce arrêtez ; un moment, un seul moment pour m’y préparer !

— Il n’est plus temps : cessez vos plaintes, nous n’avons pas le loisir de les écouter. »

La fosse achevée, la jeune fille y est jetée, non sans se débattre, et ensevelie… vivante.

Puis, tout le monde partit. Le braconnier, qui avait assisté à toute la scène, n’osa porter secours à la jeune femme tant il était effrayé et rentra chez lui pour raconter à son épouse ce dont il avait été témoin. Cette dernière le traita de lâche et lui demanda d’aller trouver le Seigneur et l’entraîna avec elle pour délivrer la pauvre jeune femme.

Mais, sur place, elle fut saisie par un gros doute : et si on les voyait ainsi, en train d’ouvrir la fosse, elle et son mari seraient imputés de ce crime affreux. Cette crainte la stoppa net et elle décida d’aller trouver le châtelain afin de lui raconter toute l’histoire.

Donc, le couple se rendit auprès de Monsieur de Trécesson. Arrivés au château, ils trouvèrent les portes fermées et il leur fallut beaucoup de patience pour qu’on les fasse entrer. Monsieur de Trécesson avait accepté de les recevoir et le braconnier raconta son histoire.

Inquiet, le châtelain ordonna à ses gens de courir à l’endroit que le braconnier lui avait indiqué, afin de sauver la jeune fiancée.

Cependant, toutes ses démarches prirent du temps et l’on commença à fouiller alors que le soleil pointait déjà à l’horizon. Et effectivement, on trouva la tombe de la jeune fiancée et lorsqu’on la sortit de la terre, elle n’était pas encore morte. Mais, épuisée, elle expira et rendit l’âme.

Monsieur de Trécesson fut profondément affligé de cet évènement, tellement affligé qu’il ne pensa pas à corriger le braconnier témoin du meurtre pour s’être rendu sur ses terres la nuit. Il fut attendri par la beauté de l’inconnue et par son malheur. Il fit rendre à la jeune fiancée les honneurs funèbres avec une pompe digne du rang qu’elle paraissait avoir occupé de son vivant, mais personne ne sut pourquoi cette femme avait subi un sort si cruel. Le châtelain fit rechercher les meurtriers, en vain, car il ne savait même pas le nom de cette pauvre jeune femme tuée cruellement et ni pourquoi elle avait subi un tel sort. Alors, il orna la chapelle du château de la robe nuptiale, du bouquet et de la couronne de fleurs de la jeune fiancée. Ces attributs seraient restés exposés jusqu’à la Révolution française.

Aujourd’hui encore, on ne sait pas qui était cette jeune personne. En Bretagne, on dit qu’elle hanterait le château et qu’elle apparaîtrait sur les toits les nuits de pleine lune. Par contre, on n’a jamais pu consigner un témoignage. Donc, comme l’on n’a aucune preuve de sa présence, on peut penser que l’auteur qui a écrit le texte, en 1824, a truffé son texte d’artifices littéraires pour donner à ce conte plus de vraisemblance afin d’en faire un roman de style gothique.

Cela, chers lecteurs, n’est qu’une supposition, mais il n’est pas rare que de telles envolées littéraires donnent naissance à une légende. 

 

Les joueurs fantômes

Cette légende est mentionnée par Charles Le Goffic en 1932. Elle met en scène des revenants jouant aux cartes dans une des chambres du château.

Cette chambre où jouent les revenants est appelée la chambre des revenants. Elle se trouve au premier étage, au bout d’un couloir donnant sur d’autres chambres.

On dit que cette chambre est hantée, donc on évite d’y passer la nuit.

Un jour, un invité qui ne croyait pas aux histoires de fantômes proposa d’y passer une nuit. Notre homme se met donc au lit, mais impossible pour lui de fermer l’œil. Dehors, la tempête faisait rage, ce qui peut expliquer son insomnie. Mais surtout, vers minuit, notre homme voit s’ouvrir une porte jusque-là invisible, donnant sur un escalier dérobé et y sortir deux valets suivis de deux gentilshommes. Les valets installent une table de jeu et les deux gentilshommes s’assoient et entament une partie de cartes.

Notre homme n’est pas affolé. Il prend son pistolet et vise les joueurs. Il tire. La balle traverse le corps d’un valet qui ne semble pas s’émouvoir plus que ça.

D’ailleurs notre homme n’est tellement pas affolé qu’il contemple ces fantômes jouant aux cartes et finit par s’endormir.

Le lendemain, à son réveil, tout avait disparu, les fantômes… sauf la table de jeu. Et sur cette table était posé l’enjeu, c’est-à-dire des louis d’or. L’homme s’empare de ces pièces. Sauf que le châtelain n’est pas d’accord. Un procès au Parlement de Bretagne s’en suivra pour récupérer cet or.

Et la tradition veut que les pièces, celles du procès et non celles de l’enjeu, soient encore aux Archives de Rennes, celles du Palais de justice.

Là, chers lecteurs, je vous rassure, le procès est imaginaire. Par contre la dispute qu’il y a eu entre le châtelain et son invité ne l’est pas.

 

La légende du pied d’Ânon

Le pied d’Ânon est le nom donné à un rocher des landes surplombant Trécesson. À côté de ce rocher se trouve le manoir du pied d’Ânon. C’est aussi une légende et l’aventure d’un seigneur de Trécesson. Ce seigneur devait sa fortune et son honneur et peut-être la vie, au petit rocher du Pied d’Anon, le plus élevé des rochers de la lande de Lambel.

Il est dit que ce seigneur était un joueur enragé. Une nuit, dans les salons de Versailles, il avait perdu successivement tous ses châteaux, toutes ses fermes, tous ses bois. Bref, il était ruiné. Il quitta, désespéré, la table des joueurs. Sur le point de se faire sauter la cervelle, il se souvint qu’il possédait encore en Bretagne, sur une lande dominant ses châteaux de Trécesson et Bernéan, le manoir du pied d’Ânon, cette misérable cabane de bois accrochée à un rocher.

Pourtant, il le pied d’Ânon. Et gagna. Et gagna encore. C’est ainsi qu’il sauva le château de Trécesson.

On dit que ce seigneur hanterait ce manoir.

 

La légende des abeilles

Le marquis de Bellevüe est le premier écrivain à mentionner cette légende. Sa première version a été orale et prononcée aux membres de la Revue de Bretagne et de Vendée le 10 septembre 1905.

Cette légende dit que, si le matin ou le soir, on ouvre les fenêtres du château donnant sur les douves, alors une nuée d’abeilles se précipitent dans les appartements. Ces abeilles semblent attirées par une odeur mystérieuse qui serait le parfum de toutes les châtelaines.

Et ce parfum, seules les abeilles peuvent les sentir. Comme si les fantômes de toutes ces châtelaines étaient encore dans les appartements du château.

Au bout d’un certain temps, les abeilles tombent mortes après avoir respiré ce parfum morbide.

On a trouvé l’explication de l’extinction des abeilles. Je plaisante, j’espère que vous l’avez compris.

 

La légende de l’Homme Rouge de Baraton

À Trécesson, il est dit que le spectre d’un homme rouge apparaîtrait la nuit à une fenêtre du château. Ce fantôme serait recouvert d’un pourpoint rouge, d’où son nom.

Cette légende a aussi été par le marquis de Bellevüe dans une jolie pièce en vers.

Mais, personne n’a jamais vu l’Homme Rouge de Baraton.

 

Avouez que ce château a de quoi faire parler de lui ! Toutes ces histoires de spectres qui circulent sur son compte attirent de nombreux curieux et autres chasseurs de fantômes à la recherche de sensationnel. Pour ma part, je pense que ce château n’abrite aucune entité, mais ses nombreuses légendes lui donnent ce côté mystérieux qui peut effrayer les âmes les plus sensibles.

 

Marie d’Ange

 

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