Dossier Warren, affaire Snedeker

 

Cela n’est un secret pour personne : de nombreux films d’horreur sont inspirés d’histoires vraies, comme « L’Exorciste », « Délivre-nous du Mal », « Conjuring »… D’ailleurs, en parlant de Conjuring, qui est un film inspiré de la célèbre affaire Perron issue des dossiers Warren, l’histoire de ce billet est aussi issue d’une enquête des Warren et a aussi inspiré un film, « Le Dernier Rite ». Cette affaire nous fait voyager au cœur d’une ancienne morgue hantée par plusieurs présences maléfiques.

 

 

Le film Le Dernier Rite

 

L’affiche du film “Le Dernier Rite”.

 

Le Dernier Rite (The Haunting in Connecticut en anglais) est un film d’horreur américain réalisé par Peter Cornwell en 2009. Lors de sa sortie en salle, le film a été interdit aux moins de 12 ans dans sa version censurée de 92 minutes. Plus tard, une version non censurée sera proposée sur le grand écran, version toujours interdite en salle aux moins de 12 ans.

Pour la promotion du film, on a pu voir sur les affiches « tiré d’une histoire vraie », alors qu’il aurait été plus correct de dire « inspiré d’une histoire vraie ». En effet, le film s’inspire de la véritable histoire de la famille Snedeker, histoire qui fait partie des dossiers Warren les célèbres enquêteurs du paranormal américains et chasseurs de démons.

Le film a bien sûr le même synopsis que l’affaire qui nous concerne :

« Pour se rapprocher de la clinique où leur fils malade d’un cancer est hospitalisé, les Campbell décident d’emménager dans le Connecticut. Ils ne savent pas que la charmante maison victorienne dans laquelle ils vont loger est un ancien dépôt mortuaire. Jonah, le fils du propriétaire, va bientôt les mettre en contact avec des morts maléfiques… »

Mais, pour Lorraine Warren, qui participa avec son mari à l’enquête de la maison des Snedeker, le film n’est que très légèrement inspiré des faits qui ont eu lieu chez les Snedeker. Par exemple, dans le film, il est fait mention de griffures sur le mur. Dans la réalité, il n’y a jamais eu aucune trace de griffures sur les murs.

Il est certain que le scénariste a voulu enjoliver l’histoire, pour la rendre encore plus effrayante. Était-ce vraiment utile lorsqu’on connaît la véritable histoire de cette famille persécutée par des entités maléfiques ?

 

La famille Snedeker

L’histoire de cette famille débute en juin 1987.

Carmen et Allen Snedeker habitent New York avec leurs quatre enfants, trois garçons, Philip âgé de 13 ans, Bradley âgé de 11 ans, le petit dernier A.J âgé de 3 ans et une fille de 6 ans. À noter que les deux plus grands sont les enfants de Carmen issus d’un précédent mariage.

Philip est le garçon le plus âgé. Il est atteint d’un lymphome, une forme très sérieuse de cancer. À l’époque où se déroule l’histoire, il n’existe aucun centre de traitement pour les enfants atteints de lymphome près de New York. Le centre cancérologique le plus proche se situe à 480 kilomètres, dans le Connecticut, et les parents, avec leur enfant malade, doivent régulièrement parcourir cette distance pour les soins de Philip, qui a de plus en plus de mal à supporter ces voyages.

Depuis peu, les médecins ont mis en place un nouveau traitement pour Philip, traitement qui est encore plus difficile à supporter que le précédent. La radiothérapie est si intense que le pauvre enfant a la peau noircie et brûlée. Le trajet en voiture devient de plus en plus pénible pour lui, fatigant et ce désagrément vient s’ajouter à tous les autres, aux nausées, aux maux de tête, aux douleurs…

Carmen s’inquiète beaucoup pour son enfant, elle a peur que toute cette fatigue finisse par avoir raison de lui. Aussi, elle décide de chercher une maison près du centre de thérapie dans le Connecticut. Les annonces ne sont pas légion et il n’y a qu’une seule maison qui peut convenir à toute la famille. Sans même la visiter, elle accepte de louer cette demeure.

 

L’emménagement et le début des ennuis

Le 19 juin 1987, Carmen, Allen et leurs quatre enfants quittent New York et s’installent dans une vieille maison du Connecticut, une demeure poussiéreuse surnommée la Hallahan House, au 208 Meriden Avenue, dans la ville de Southington.

Dès leur arrivée devant la maison, Carmen angoisse, elle a l’impression que quelque chose ne va pas avec la maison. Lorsqu’elle entre dans le hall, elle remarque quelque chose d’étonnant : devant chaque cadre de porte est cloué un crucifix.

Allen regarde les papiers de la location et s’aperçoit que la maison qu’il vient de louer est un ancien salon funéraire, ce qui explique les crucifix.

Au sous-sol se trouve une ancienne salle d’embaumement avec une table en métal, des lavabos, du matériel, des poignées de cercueils, des étiquettes, des photos jaunies et un ascenseur à cercueil. Carmen est bouleversée. Elle ne veut pas vivre dans une maison qui a accueilli la mort, elle qui se bat pour la vie de son fils. Elle ne veut pas confronter la maladie de Philip avec cet endroit de mort. Allen lui répond qu’ils n’ont pas le choix, ils ont loué cette maison avec leurs économies et n’ont plus d’argent. Le couple décide de ne pas révéler aux enfants que cet endroit était un ancien salon funéraire.

Les enfants sont enchantés de leur nouvelle maison, elle est grande, spacieuse. Sitôt les cartons posés, Allen doit retourner à New York pour son travail et laisse à sa famille le soin de défaire les cartons.

Carmen choisit d’installer Philip au sous-sol, car une des pièces du bas possède une salle de bains attenante, ce qui sera plus facile pour l’enfant lorsqu’il sera pris de nausées. Et pour lui tenir compagnie et veiller sur lui la nuit, elle installe Bradley, son jeune frère, avec lui. Les deux enfants vont donc dormir dans la salle d’exposition juste à côté de la chambre d’embaumement que Carmen a pris soin de bloquer la porte.

Le premier soir, Phillip descend se coucher tôt, car il est épuisé par le voyage. Carmen téléphone à son mari qui est arrivé à New York, parle un petit moment avec lui et, alors qu’elle est sur le point de raccrocher le combiné, une silhouette apparaît qui la fait sursauter. C’est Philip ! Il dit qu’il a entendu quelqu’un l’appeler et qu’il ne peut dormir. Carmen le rassure, mais l’enfant est persuadé qu’ils doivent quitter la maison, qu’il y a quelque chose de maléfique dans la maison. Carmen ne veut rien entendre et le renvoie au lit.

Philip descend au sous-sol, mais au lieu de regagner son lit, il farfouille dans tous les recoins. Il découvre rapidement que l’endroit qui lui sert de chambre est un ancien salon funéraire où étaient entreposés les cercueils. Il explique sa découverte à son jeune frère Bradley. Ce dernier n’en croit pas un mot. Pour prouver ses dires, Philip pousse une bibliothèque que sa mère avait placée devant une porte et entre dans l’ancienne salle d’embaumement.

Une fois dans la pièce avec son frère, il désigne la table en métal et lui demande s’il veut l’essayer. Bradley commence à avoir peur, il ne veut pas grimper sur cette table, mais son grand-frère le défie et pour lui prouver qu’il n’est pas un trouillard, il s’allonge sur la table. Philip commence à le faire tourner. Bradley lui crie d’arrêter, il a peur, il veut sortir de là. Philip s’arrête et le regarde en souriant.

Le lendemain, Philip fait une nouvelle trouvaille qu’il s’empresse de partager avec son petit-frère. Dans la salle d’embaumement, il avait remarqué une grille en fer forgé amovible qui dissimule un sombre couloir. Il veut en savoir plus sur ce couloir. Il défait la grille et entre dans le couloir muni d’une lampe torche, suivi de Bradley qui n’est pas très rassuré.

Soudain, Bradley remarque une tache foncée sur le sol. Il la touche avec son doigt. C’est épais et visqueux. Il le fait remarquer à son grand-frère, qui fait pivoter la lampe torche vers le mur. Un liquide rouge sang en dégouline.

Terrifiés, les deux jeunes garçons se mettent à crier et sortent du couloir. Ils tombent nez à nez avec Carmen qui est descendue en trombe avec A.J lorsqu’elle a entendu les cris. Elle les voit sortir du couloir. Elle est en colère. Les deux adolescents lui expliquent qu’il y a du sang qui coule du mur. Carmen ne veut rien entendre et les punit, car elle leur avait interdit d’entrer dans cette pièce.

Quelques jours plus tard, Carmen, faisant une inspection dans la salle d’embaumement pour se rendre compte si ses fils y avaient encore joué, remarque que le crucifix accroché au-dessus de la porte a disparu. Elle pense que ce sont les garçons qui lui ont joué un tour. Elle décide de ne pas en parler, car elle s’inquiète pour Philip et veut le ménager. Depuis le changement de traitement, le jeune garçon n’est pas bien et depuis le déménagement, il est stressé. Elle pense que Philip traverse une période difficile et que c’est pour cela qu’il dit entendre des voix toutes les nuits. Cela doit être encore un effet secondaire de la radiothérapie ou le stress dû au déménagement.

 

Les choses empirent

Cela fait six mois que les Snedeker ont emménagé dans leur nouvelle demeure ou plutôt dans un ancien salon funéraire.

Un soir, Philip voit clairement quatre hommes assis dans un coin de sa chambre qui lui parlent. Il est terrifié. Doucement, il réveille son frère, qui les voit aussi. Les hommes se mettent à se mouvoir et lorsqu’ils se rapprochent du lit, le petit robot électronique de Bradley se met en route. Le petit est terrifié. Il a conscience que son frère l’agrippe et le force à déguerpir de la chambre. Les deux garçons partent en courant, montent les escaliers à toute vitesse et se précipitent dans la cuisine où se trouve Carmen. Ils sont tellement terrifiés qu’ils ont du mal à s’exprimer. Carmen comprend vaguement qu’il y a quatre hommes encapuchonnés au sous-sol.

Carmen n’y croit pas un mot et se met en colère. Elle va au sous-sol, fouille la chambre des garçons, la salle d’embaumement, les autres pièces, sans trouver aucun visiteur nocturne. Cependant, elle est inquiète. Son mari est à New York et des cambrioleurs auraient pu s’introduire dans la maison.

Elle remonte à la cuisine pour téléphoner à la police et lorsqu’elle lève les yeux, elle aperçoit que le crucifix placé au-dessus de la porte a lui aussi disparu. Sur l’instant, elle n’y prend pas garde et téléphone à la police, qui vient inspecter les lieux sans rien y trouver de suspect.

Peu à peu, tous les crucifix placés devant chaque porte que compte la grande demeure se volatilisent. Carmen pense que les enfants veulent lui jouer un tour. Pour en avoir le cœur net, elle réunit tous ses enfants dans la salle à manger et leur annonce qu’elle veut faire un conseil de famille. Elle leur explique, alors, que la maison est un ancien salon funéraire, mais qu’il n’y a aucun fantôme. Puis, elle réprimande Philip et lui demande de se comporter comme un grand-frère responsable et d’arrêter de faire peur aux plus jeunes. Elle ne veut plus jamais entendre parler de fantômes dans cette maison.

Philip ne dit rien, il se lève lorsque sa mère finit son discours et descend dans sa chambre. Carmen est prise de remords. Elle sait que son fils souffre déjà beaucoup de sa maladie. Il lui est difficile d’être sévère avec lui en sachant cela.

Six autres mois passent, cela fait maintenant un an que les Snedeker habitent dans l’ancien salon funéraire de Southington. Un jour, Bradley revient de l’école et découvre que son grand-frère a installé son lit dans la salle d’embaumement. Il en parle de suite à sa mère, qui va aussitôt voir Philip au sous-sol. Ce dernier est occupé à accrocher des posters au mur. Elle lui demande pourquoi il a déménagé dans cette pièce alors qu’il en a si peur. Philip hausse les épaules. Carmen laisse tomber l’affaire et préfère le laisser faire.

Pour elle, Philip est perturbé. Il entre dans l’adolescence, il n’a aucun ami, il ne peut aller à l’école, il a un cancer, il entend des voix… tous ces éléments lui font penser que son fils a besoin de parler à un psychologue. Depuis leur installation dans la maison, Philip semble se replier sur lui-même, il est devenu taciturne, renfermé, soupe au lait et ne sourit plus que très rarement. Il ne joue plus avec son frère. Carmen ne sait plus comment communiquer avec lui.

Philip a pris l’habitude d’écrire dans un carnet, il en a fait son journal intime. Et lorsqu’on lui demande ce qu’il écrit, il ferme le carnet et ne répond pas, préférant se murer dans le silence. Son frère Bradley ne comprend plus son attitude, il a peur de son frère, tellement qu’il ne dort plus avec lui et préfère l’éviter.

Au début de l’été, Tym et Kam, des cousines, viennent passer quelques jours à la maison de Meriden Avenue. Tym est une petite fille, mais Kam est une adolescente de 17 ans, très proche de Philip. Or, lorsqu’elle arrive, ce dernier ne daigne pas l’accueillir, préférant rester seul dans sa chambre. Kam ne comprend pas l’attitude de son cousin et descend dans son antre pour lui parler. En la voyant, Philip se montre agressif et la jeune fille préfère battre en retraite.

Un jour, Carmen demande à Kam de l’aider à faire le ménage et d’aller ranger la chambre de Philip pendant qu’il est à l’hôpital, car ce dernier ne semble pas vouloir le faire. Kam obéit à sa tante et descend à la salle d’embaumement. Alors qu’elle fait le lit de son cousin, elle découvre un petit carnet noir sous le matelas. Elle l’ouvre et bien qu’elle se sente coupable de pénétrer dans l’intimité de Philip, elle le lit espérant ainsi comprendre pourquoi le jeune garçon est aussi renfermé. Mais plus elle tourne les pages du journal intime de son cousin, plus elle est terrifiée par ce qu’elle y découvre. Philip ne parle que de mort, il parle de son désir de tuer tous les membres de sa famille.

De suite, elle remonte à la cuisine et montre le carnet à Carmen qui le lit et le relit. Malgré toute l’horreur qu’elle y découvre, elle ne pense pas que Philip ait pu écrire cela. Le jeune garçon est dyslexique et a le plus grand mal à écrire une phrase correcte. Alors que là, des mots complexes s’enchaînent sans difficulté. Philip est incapable d’orthographier correctement la plupart des mots, alors que les écrits de ce carnet ne contiennent aucune faute. De plus, l’écriture diffère à certains passages, comme si deux personnes différentes avaient écrit dans ce carnet.  

Lorsque Philip rentre de l’hôpital, elle lui montre le carnet noir et lui demande qui a écrit dans ce carnet. Philip répond nonchalamment que c’est lui, mais qu’il a été aidé par un homme. Carmen en a marre de son attitude, elle se met en colère, lui confisque le carnet et l’envoie réfléchir dans sa chambre.

Un soir, alors que toute la famille est à table et que l’ambiance est joyeuse malgré la présence de Philip qui n’ouvre pas la bouche, ce dernier étire le bras pour prendre l’eau à l’autre bout de la table et sa mère aperçoit des cicatrices sur son poignet qui dépassent de la manche de sa chemise. Elle lui prend le bras, soulève sa chemise et là, elle découvre que tout son bras est strié par d’étranges signes ésotériques gravés à même la peau par un objet tranchant. L’autre bras est dans le même état. Certaines marques sont fraîches, d’autres moins. Carmen est horrifiée et lorsqu’elle lui demande pourquoi il se mutile, Philip répond qu’il ne sait pas, que quelqu’un l’oblige à le faire. La maman ne sait plus quoi penser de l’attitude de son fils, mais elle sait qu’il a changé et qu’il a besoin d’aide.

Puis, Philip se met à suivre sa mère, sa cousine, ses frères et sœurs dans la maison, comme s’il est en transe, comme un somnambule. Et lorsqu’on le « réveille », il devient violent et agressif. Tous commencent à avoir peur de lui. Plus les jours passent, plus Philip devient incontrôlable.

Un jour, il s’attaque sans raison à Bradley. Il lui saute dessus et commence à le battre. Kam se précipite pour séparer les deux garçons. Philip s’arrête, la fixe un moment, puis court dans la chambre où dort Kam et se met à détruire toutes ses affaires. L’adolescente se précipite derrière lui et tente de l’arrêter. Mais, Philip semble animer d’une force surhumaine et pousse sa cousine à travers la pièce comme une vulgaire poupée de chiffon. Sonnée, Kam reste un moment au sol sans bouger. Elle regarde son cousin. Son visage s’est transformé en un masque de haine. Philip a un cancer, il est affaibli physiquement, jamais il n’aurait dû avoir la force de la soulever comme il l’a fait et de la projeter contre le mur.

Après cette altercation musclée, la situation a vite dégénéré à l’ancien salon funéraire. Kam est dérangée toutes les nuits par quelqu’un ou quelque chose qui tire sur ses draps, ses couvertures sont régulièrement jetées à terre et son chandail se soulève de lui-même. Parfois, l’adolescente a l’impression de sentir quelqu’un qui l’agrippe ou une présence invisible autour d’elle.

Elle en parle à Carmen, mais sa tante trouve une conclusion logique à tout cela : tout d’abord, Kam est une adolescente très influençable, qui est terrifiée par Philip et donc qui a l’imagination très fertile. En même temps, elle se dit que Philip a vraiment un comportement étrange et elle sent qu’elle est en danger, que sa famille est en danger dans cette maison. Elle ne sait pas comment l’expliquer, mais elle n’est pas tranquille. Son mari étant à New York, elle doit trouver une solution pour résoudre ce problème avant qu’il n’arrive une catastrophe.

 

Philip est enfermé dans un asile

Perdue, elle téléphone à un médecin, lui explique ses craintes et décrit le comportement de son fils… bref tout ce qu’il se passe dans la maison. Elle-même n’a jamais assisté à un phénomène paranormal, mais Philip l’a souvent appelé en lui disant qu’il voyait des hommes. Catégorique, le médecin lui répond que Philip est schizophrène et qu’il doit être interné. Carmen s’effondre en sanglots. Philip est dyslexique, cancéreux et maintenant schizophrène. C’en est trop pour elle. Le médecin lui dit qu’il enverra des infirmiers de l’hôpital psychiatrique venir le chercher dans la soirée (arrêtons nous un instant chers lecteurs : ne trouvez vous pas suspect qu’un médecin, sans même avoir vu Philip, décide de l’interner ? Surtout dans son état ? Cela me semble illogique, et me pousse à émettre quelques réserves quant à cette histoire).

Lorsque Philip s’attable pour le dîner, Carmen ne lui dit rien. Elle lui a préparé son repas favori. Elle est au bord des larmes, mais se force à sourire. Toute la famille se met à table et commence à dîner, lorsque des infirmiers en blouse blanche déboulent dans la cuisine, sans même frapper à la porte. Tout le monde est surpris. Sans un mot, ils s’approchent de Philip, le saisissent et l’entraînent vers la porte. Alors, le jeune homme se tourne vers sa mère et la supplie de ne pas les laisser l’emporter. Carmen baisse la tête, laisse couler ses larmes et lui demande de lui pardonner. Elle n’a pas le choix (là encore, cette scène est digne d’un film dramatique ! A-t-on déjà vu des infirmiers se comporter comme des agents secrets ou des policiers, entrer dans une maison et arrêter un malade ? Car toute cette scène me fait penser à une arrestation. Encore une fois, je pense que l’on a beaucoup exagéré certains passages).

Soudain, Philip commence à se débattre, il est animé d’une rage telle qu’il envoie valdinguer un des infirmiers qui le tient. Un autre le tient fermement pendant  qu’on lui injecte un calmant. Dans l’ambulance, les infirmiers lui passent la camisole de force, mais Philip est inerte. Il regarde fixement le plafonnier, sans bouger. Carmen veut grimper dans l’ambulance et accompagner son fils à l’hôpital, mais les infirmiers refusent. Soudain, Philip se met à hurler, il crie que maintenant qu’il est parti, ils vont s’en prendre à eux.

Sans l’écouter, un infirmier ferme les portes et l’ambulance démarre. Carmen regarde le véhicule s’éloigner. La mère de famille est en pleurs, elle a le cœur déchiré. Elle est en colère contre elle-même, et surtout elle pense à ce que son fils a dit avant qu’on l’emporte. Elle est prise d’un grand doute. À cet instant, elle pense que son fils n’est pas malade mentalement, mais qu’il se passe bien quelque chose dans la maison.

Carmen veut en avoir le cœur net. Elle descend au sous-sol, va dans l’ancienne salle d’embaumement et se met à insulter une prétendue entité. Elle demande qu’on laisse tranquille son enfant, et qu’en échange, qu’on s’en prenne à elle. Puis, elle s’assoit sur les marches des escaliers et attend. Comme rien ne se passe, elle monte se coucher, épuisée d’avoir tant pleuré.

Dans la nuit, alors que Carmen a réussi enfin à trouver le sommeil, Kam vient la réveiller. L’adolescente est terrifiée et tremble de tout son corps. Elle explique qu’elle dormait tranquillement quand elle a senti quelque chose tirer sur ses couvertures. Pourtant, Philip n’est plus à la maison, donc ça ne peut pas être lui qui s’amuse encore à faire peur à tout le monde. Carmen n’y comprend plus rien, elle a un terrible pressentiment. En sortant de sa chambre, elle se rend compte que le crucifix posé au-dessus de la porte a lui aussi disparu. C’est le dernier. Tous les crucifix posés devant toutes les portes de la maison se sont volatilisés. Carmen est saisie par un sentiment d’effroi. Elle a fait enfermer Philip pour rien. Il avait raison, la maison est bien hantée.

Carmen accompagne sa nièce dans son lit, la borde et avant qu’elle ne se rendorme et surtout pour se donner du courage, elle entreprend de lire quelques passages de la Bible. Kam commence à somnoler, lorsque soudain, elle ouvre grand les yeux et se met à hurler qu’il approche, qu’il vient. Kam sent qu’on lui caresse le corps, elle hurle d’arrêter, elle est en panique. Carmen voit très clairement une main fantomatique se glisser sous la chemise de nuit de l’adolescente, elle en distingue même les os et les jointures. Elle saisit Kam et l’entraîne dans la salle à manger.

Toutes deux sont terrifiées. Elles tentent de reprendre leur souffle, lorsque soudain Kam voit quelque chose approcher. Elle se remet à crier. Carmen sent aussi une présence invisible approcher. L’atmosphère est lourde, la pièce devient subitement glacée et une odeur pestilentielle l’empêche de respirer.

Kam et Carmen, ne sachant plus quoi faire, se mettent à genoux et commencent à prier à haute voix. Elles sont en larmes, elles tremblent de peur, les mots sont difficiles à prononcer, mais elles se forcent à se concentrer sur les prières. Des grognements se font entendre. Soudain, le chapelet que porte Kam autour du cou lévite, se place entre ses deux yeux. Brusquement, il se brise, des dizaines de perles se répandent sur le sol, Kam hurle. Carmen lui prend la main et l’incite à prier encore plus, encore plus fort. Puis, tout se calme. La pièce retrouve sa chaleur, l’odeur disparaît, les grognements cessent. Carmen se précipite sur le téléphone et compose le numéro de l’église. Malgré l’heure tardive, elle arrive à joindre quelqu’un et lui explique ce qu’il se passe dans la maison. L’homme au bout du fil la rassure et promet d’envoyer un prêtre le lendemain afin de procéder à un exorcisme (là encore, c’est un peu gros, surtout lorsque l’on sait qu’avant de réaliser un exorcisme, le prêtre doit enquêter et en référer à sa hiérarchie. Comment celui qui est bout du fil peut-il promettre qu’un exorcisme sera réalisé dans la maison ?).

Soulagée, Carmen serre sa nièce contre elle. Elle lui demande d’aller dormir avec les enfants à l’étage. Trop tendue pour se coucher, la mère de famille décide de prendre un bain pour se détendre.

Dans la baignoire, elle sent à nouveau une présence. Soudain, le rideau de douche s’enroule autour d’elle. Carmen crie, veut se dégager, mais n’y arrive pas. Le plastique se resserre sur son visage, l’étouffant. Carmen commence à suffoquer, elle n’a plus d’air. La chose présente dans la salle de bains veut la tuer. Et plus elle se débat, plus elle resserre son emprise.

Kam, qui n’arrive pas à dormir, entend sa tante crier. Elle se précipite dans la salle de bains. Carmen gît nue sur le carrelage entourée du rideau de douche. Elle se débat, elle cherche à en sortir. Très vite, Kam part à la cuisine chercher un couteau, revient et déchire le plastique. Enfin Carmen peut respirer. Elle est en larmes. Les deux femmes décident de veiller toute la nuit dans la salle à manger, avec les enfants. Cette nuit, plus rien d’anormal n’arrivera.

Le lendemain, un prêtre-exorciste se présente à l’ancienne morgue de l’avenue Meriden. Il trouve Carmen et Kam complètement terrorisée. En attendant les évènements qui se sont produits dans la demeure, l’exorciste leur dit qu’il ne peut rien tenter sans recueillir de preuves sur l’existence d’une entité démoniaque dans cette demeure. Il leur conseille d’appeler Ed et Lorraine Warren qui travaillent beaucoup avec l’Église. Il se propose même de prendre rendez-vous avec les deux enquêteurs du paranormal. Carmen, désespérée, accepte la proposition de l’homme de Dieu.

 

Les Warren viennent aider les Snedeker

Depuis le départ de Philip pour l’hôpital psychiatrique où il est toujours enfermé malgré les tentatives de Carmen de l’en faire sortir, les manifestations paranormales deviennent très fréquentes. Souvent, des odeurs de chairs en décomposition se répandent dans la maison, les lumières s’allument et s’éteignent seules, cela même si l’on enlève les ampoules… Ces manifestations se produisent de jour comme de nuit.

Par exemple, en pleine journée, alors que Carmen nettoie les sols, l’eau du seau s’est brusquement teintée d’un rouge profond. Un autre jour, des assiettes se sont volatilisées. Carmen faisait la vaisselle, elle avait posé les assiettes sèches sur la table, elle s’est tournée et lorsqu’elle a voulu les ranger, elles n’étaient plus là, mais rangées à leur place.

Kam voit souvent des apparitions qui la terrorisent et qui la menacent. Elle décrira à Ed que l’un des hommes est extrêmement puissant, qu’un autre est plus mince, avec de longs cheveux noirs, des pommettes hautes et des yeux d’airain, un autre encore a les yeux blancs, porte un smoking rayé et a toujours les pieds en mouvement.

Enfin, Ed et Lorraine Warren, accompagnés de leur petit-fils, de leur neveu et de John Zaffis arrivent au domicile des Snedeker et y restent plusieurs jours. Pour Ed, il faut déterminer la cause du mal. Plus tard, les deux enquêteurs du paranormal affirmeront avoir été témoins de plusieurs agressions physiques sur Carmen et Kam, des gifles, des coups, des griffures. Même Lorraine et Ed ont été agressés par une présence invisible. Un démon s’est aussi matérialisé devant les enquêteurs et Carmen avait dû partir de la maison pendant trois jours tant cette vision l’avait touchée.

Lorraine fait le tour de la maison et découvre, dans la chambre principale, une trappe. C’est par là où l’on montait les cercueils. Parfois, on peut encore y entendre le bruit des poulies et des chaînes.

En recherchant le passé de l’ancien salon funéraire, Ed découvre que d’anciens employés avaient été condamnés pour nécrophilie et nécromancie. Pour Ed, c’est cela qui a attiré le mal dans ce lieu. Et depuis, la bâtisse est hantée par plusieurs présences maléfiques qui retiennent prisonnières les âmes des défunts.

(Il est en effet connu qu’un lieu qui a servi à des actes de sorcellerie, à des messes noires, ou comme dans cette histoire à des incantations magiques visant à appeler les morts, est un lieu chargé en négativité, et les démons y sont attirés. Certains  peuvent même y élire domicile et retenir des âmes prisonnières à l’intérieur des murs.)

Ed donne ses conclusions ainsi que les enregistrements effectués dans la maison pour preuves à l’Église, qui donne la permission de pratiquer un exorcisme. Plusieurs rituels sont exécutés avec la participation d’Ed. Un exorcisme est pratiqué sur Philip qui peut rentrer chez lui. Mais, Carmen garda une grande culpabilité du fait d’avoir fait enfermer son fils. Son fils n’était pas schizophrène, mais possédé. D’ailleurs, il retrouva son caractère originel et sa bonne humeur. Il n’en voulut pas à sa mère de l’avoir enfermé.

Durant les séances d’exorcisme, la maison se mettait à trembler, des objets étaient projetés dans les airs, des cris se faisaient entendre. À plusieurs reprises, le prêtre fut frappé. Les tableaux se décrochaient du mur. Et tout un coup, tout s’arrêta, les démons étaient vaincus.

Les rituels d’exorcisme fonctionnèrent et la maison fut nettoyée. Cependant, la famille Snedeker ne put le vérifier, puisqu’elle déménagea rapidement. D’autres locataires leur ont succédé et aucun ne rapporta d’évènements suspects.

Quant à Philip, il est mort en 2012, à l’âge de 38 ans. Il a vaincu les démons, mais pas son cancer.

L’histoire de la famille Snedeker est terrifiante, tout comme celle de la famille Smurl ou la famille Perron. Encore une fois, il y a fallu des exorcismes pour que tous les évènements paranormaux cessent. Encore une fois, le travail d’Ed et Lorraine Warren a permis à l’Eglise d’ordonner un exorcisme. Encore une fois, que l’on croit ou pas  aux démons, cette histoire est difficilement explicable rationnellement et scientifiquement. Au-delà du réel, il existe l’irréel. Le combat est spirituel.

 

Marie d’Ange

 

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1 commentaire sur “Dossier Warren, affaire Snedeker

  1. […] L’affaire de la famille Snedeker a inspiré le film « A Haunting in Connecticut », film que Lorraine Warren aurait détesté pour sa prétendue inexactitude. […]

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